Forum
Debord(el) of ...
Les dialogues du forum ont été repris tels quels
sans aucune correction grammaticale. Seules ont été effectuées des corrections typographiques et de mise en page
afin d’en faciliter la lecture. (Karl von Nichts, 16 mai 2008)
C. Knife :
Foucault,
Veyne–Fragments
« on:
07. October 2006 at 16:20 »
Monsieur Cretino, questionneur impénitent,
nous parle de ses lectures :
« je suis tombé sur sa leçon du 10/1/79
(M. Foucault, au Collège de France, pas Kalhydre) qui traite à la fois de l’inexistence
de la folie, de l’économie (et de la raison d’État) et de René-Louis de
Voyer, Marquis d’Argenson (1694-1757) »
En 1977, M. Osorio pose la question suivante
à Foucault :
Osorio : — Vous avez dit que la folie n’était une folie jusqu’au moment où apparaît une société qui la crée…
Foucault : — Je ne veux pas dire que la
folie n’existait pas. Je crois que la catégorie de maladie mentale recouvrant
un nombre considérable d’individus et de conduites différentes est quelque
chose de relativement nouveau…
(Foucault, p. 379, Dits et écrits II,
1976-1988, Gallimard.)
Le même Foucault, lors d’une conférence
intitulée Les mailles du pouvoir, nous parle du pouvoir dans la
monarchie : « dans cette mesure, il opérait toujours une soustraction
économique et, par conséquent, loin de favoriser et de stimuler le flux
économique, il était perpétuellement son obstacle et son frein. D’où cette
seconde préoccupation, cette seconde nécessité : trouver un mécanisme de
pouvoir tel que, en même temps qu’il contrôle les choses et les personnes
jusqu’au moindre détail, il ne soit pas onéreux ni essentiellement prédateur
pour la société, qu’il s’exerce dans le sens du processus économique
lui-même. »
(Foucault, p. 1009, Dits et écrits II,
1976-1988,Gallimard.)
Avouons quand même que c’est un peu léger
comme preuves de l’inexistence de la folie ou de l’économie. Ne connaissant pas
le texte de la leçon du 10/1/79, je ne peux pas vraiment me faire une idée
complète, mais je ne pense pas que cela va considérablement faire avancer
l’affaire. Ce qui me surprend, c’est que l’on puisse parler de « forces
d’arraisonnement évoquées par Nemo », je suis stupéfait, et le mot est
faible.
Mais bon, passons. Nous allons en rester à
Foucault. Paul Veyne a dit récemment que « Michel Foucault n’avait pas son
pareil pour inventer des concepts, il est à ce titre le plus important des
historiens de l’Antiquité ». Ce même Veyne est l’auteur de Foucault
révolutionne l’histoire. On trouve un passage intéressant chez cet
historien très influencé par Foucault, ces quelques lignes vont directement au
cœur du sujet.
« Pline, donc, n’a pas méconnu le second
plateau de la balance des échanges par inadvertance ou par ignorance ; ce
n’est pas davantage par le progrès des lumières et de la science économique
qu’en 1623 Misselden a publié The circle of commerce on the balance of Trade
, où se trouve la première estimation jamais faite d’une balance nationale,
grâce aux chiffres des recettes douanières du port de Londres. Il n’existe
pas plus de Raison économique à travers l’histoire que d’objets économiques
naturels. Loin d’être une étape dans la découverte progressive de l’objet
de la science économique, l’idée de balance prouve seulement qu’au XVIIIeme
siècle, quelques penseurs objectivaient le groupe national comme groupe
commerçant, ce que Pline se refusait précisément à faire ; quel rapport y
a-t-il entre ces différentes pensées et la pratique effective de leurs époques
respectives ? C’est là de fait, à régler cas par cas, et il ne faut pas en
faire une métaphysique ; il n’est pas vraie que la “pensée”
reflète “la” pratique, ou l’inverse. »
(P. Veyne, La société romaine, Ch. 4,
Mythe et réalité de l’autarcie à Rome , 1979.)
« Protection économique ou répression
éthique ? Il est vain de les distinguer dans l’antiquité, Pline parle
davantage en moraliste qu’en économiste : l’économie n’était pas de son
temps une technique autonome comme on le verra »
(Idem, p.203)
Veyne laisse pourtant une petite place à
l’économique dans L’empire greco-romain :
« Ajoutons-y une puissance militaire
sans égale et une chance : entre les diverses régions de l’empire,
l’inégalité économique pouvait être comme d’un à deux, et non comme d’un à
trente dans le monde actuel, rempli de frustration et de jalousie » (p.
48).
« Le civisme militant évoque moins un
conflit social, une lutte des classes, qu’un enjeu de pouvoir (le clivage entre
groupes étant largement économico-social, mais il se pensait lui même comme
politique). » (p. 85).
Paul Veyne ne se défait pas si facilement de
l’économie ou de l’économique, comme on voudra. Il note en 1979 que
l’« autarcie économique et autarcie éthique sont la même chose » dans
la Rome antique. la notion d’économie est mélangée à d’autres concepts, cela
semble très emmêlé. Car d’un côté Veyne use des critères de l’économie
politique classique pour qualifier une situation, l’égalité économique des
différentes régions de l’empire et d’autre part le même fait preuve de
relativisme. La complexité, vous dis-je, la complexité… Je ne discuterai
pas plus profondément de la pensée de Veyne, j’aime les histoires sur
l’antiquité et je suis bon public. Mais là, en l’occurrence, on y trouve un peu
les défauts que lui trouve Bouveresse dans Le philosophe chez les autophages.
Je souligne quand même pour monsieur Cretino,
que Veyne pense qu’il n’existe pas d’objets économiques naturels, il n’a
sûrement pas plagié cette formule chez Debord. Monsieur Cretino pourrait quand
même nous citer la foule de penseurs qui ont mené des travaux sur l’inexistence
de l’économie bien avant lui. Le raisonnement de monsieur Cretino est simple,
puisqu’il y a selon lui une multitude de gens qui « s’appuyaient sur la
même proposition » que Voyer, pourquoi celui-ci serait-il plus grand que
les autres, c’est injuste. La question intéressante, serait selon moi :
Voyer a-t-il raison ? Si oui, alors, d’emblée Debord a tort devant les
« tant d’autres penseurs » de monsieur Cretino qui
soutiendraient la même proposition que Voyer. Je taquine monsieur Cretino avec
Debord, aucun intérêt me diriez-vous, mais la simple pensée d’imaginer Cretino
et Nemo trépignant du pied me remplit de joie. J’ai des joies simples.
Nemo :
Un (petit) coup de (second) couteau
« Reply #1 on: 08. October 2006 at
06:18 »
D’abord. Il est plaisant de voir le plaisir
gourmand avec lequel le second couteau sans lame qui raisonne comme un manche a
réagit au stimulus — la carotte foucaldienne que l’on a agité sous son nez dans
le désert intellectuel où il erre avec tOtO, tOntOn et l’âne kabOuli.
Ensuite, et avant de laisser le second
couteau à ses « joies simples », je ferais simplement remarqué
qu’il est assez naturel que Veyne « pense qu’il n’existe pas d’objets
économiques naturels » parce que Veyne sait comme Dumont que
l’économie est une idéologie qui applique ses catégories à un monde qui
effectivement n’a rien de naturel puisque aussi bien c’est « une seconde
nature ».
Quand à la question de savoir si Voyer a
raison ou tort, elle a été tranchée : le Monsieur a tort ; même
s’il préfère, et on le comprend, faire comme si, et essayer de faire croire que
la raison est de son côté — mais c’est raté.
C. Knife :
Veyne et la Raison économique
« Reply
#2 on: 08. October 2006 at 11:22 »
J’écrivais : « trépignant du
pied », il est assez dur de trépigner de la tête, mais quand je lis Nemo,
je me demande avec quoi il pense.
Pour lui Veyne sait : « que
l’économie est une idéologie qui applique ses catégories à un monde qui
effectivement n’a rien de naturel puisque aussi bien c’est “une seconde
nature” ».
Je me demande d’où il a pêcher cette
« seconde nature », pas chez Veyne en tout cas. Debord lui, parlait
« d’une économie naturelle » (thèse 40 de la SdS) comme allant de
soi, je suppose qu’il voulait parler des sociétés sans monnaie. Il n’aurait pas
parler de « seconde nature » comme Nemo en parlant de son
« monde de l’économie », mais d’une « pseudo nature ». Une
« seconde nature » reste naturelle même si elle est seconde, c’est
dans la définition de la « seconde nature ».
Maintenant ce qui m’a étonné chez Veyne, c’est
que d’un côté il déclare qu’« il n’existe pas plus de Raison économique à
travers l’histoire… » et d’un autre « [...] une chance :
entre les diverses régions de l’empire, l’inégalité économique pouvait
être comme d’un à deux ». Si Veyne savait « que l’économie est une
idéologie » comme nous l’affirme Nemo, alors on pourrait affirmer que
l’inégalité idéologique entre les Sarmates et les Triboques pouvaient
être d’un à deux, ce qui est un peu tiré par les cheveux. Pour Veyne, la
réussite de l’Empire romain tient pour une part à la chance d’avoir une
« inégalité économique » réduite à travers son territoire, ce n’est
peut être pas la « Raison économique » avec un grand « r »
que Veyne met à contribution ici, mais ça y ressemble fortement.
Nemo :
Y a pas de Raison…
« Reply
#3 on: 08. October 2006 at 13:02 »
La nature transformée par l’homme est une
« seconde nature » — la nature d’un chose lorsque cette chose est
transformée ne devient pas une pseudo-nature. L’économie qui est l’idéologie de
la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur
appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la
dite bourgeoisie — à cette « seconde nature », donc. Elle ne peut en
aucun cas universaliser ces catégories — si ce n’est de façon abusive et intéressée.
Mais en tout état de cause, l’application de ces catégories au monde marchand,
pour légitime qu’il puisse être, n’a pas le pouvoir de
« naturaliser » ce monde qui reste quoi qu’il arrive une
« seconde nature » ; et la seule réalité économique que l’on
puisse donc reconnaître dans ce monde est l’existence de ces catégories ad
hoc.
Que Veyne parle à un moment de l’inexistence
d’une « Raison économique à travers l’histoire » ; et
qu’à un autre il trouve « une inégalité économique » entre
« diverses régions de l’empire » montre simplement qu’il
emploie économique dans deux contextes différents avec des sens différents. La
présence de l’épithète économique dans le premier exemple est appelée par
le pastiche hégélien de la Raison dans l’histoire, à l’existence de
laquelle Veyne ne doit pas croire non plus. Dans le second cas, il s’agit
simplement du sens courant de richesses.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #4 on: 08. October 2006 at 17:31 »
Debord lui, parlait « d’une économie
naturelle » (thèse 40 de la SdS) (C. Knife)
la nature d’un chose lorsque cette chose est transformée ne devient pas une pseudo-nature (Nemo)
Carrramba ! Je comprends que Mme
Khalydre y perde son Latin. Mais sur le torche-cul
Confrontation.free.fr où sévit notre Cretino questionneur on peut
lire de belles notes de Debord sur la question des immigrés. « Tout est
faux dans la “question des immigrés” exactement comme dans toute
question ouvertement posée dans la société actuelle ; et pour les
mêmes motifs : l’économie — c’est-à-dire l’illusion pseudo-économique —
l’a apportée, et le spectacle l’a traitée. » Carrramba !… encore ouné
fois trop à droite. L’économie naturelle, lorsqu’elle est transformée devient
une illusion pseudo-économique. J’en pisse de rire.
C. Knife :
Les fraises blanches
« Reply
#5 on: 08. October 2006 at 20:22 »
Je viens de bêcher quelques mètres carrés à
côté d’un massif de fraises blanches, qui paraît-il, sont plus goûteuses que
les fraises bien rouges du supermarché. Je n’ai pas pu vérifier dans la mesure
où la saison était finie. Toute la difficulté de la fraise blanche est de
déterminer le moment de les cueillir ; à l’œil… c’est pas évident, on est
obligé de les goûter.
« L’économie transforme le monde, mais
le transforme seulement en monde de l’économie. La pseudo nature dans laquelle
le travail humain s’est aliéné exige de poursuivre à l’infini son service, et
ce service, n’étant jugé et absous que par lui-même, en fait obtient la totalité
des efforts et des projets socialement licites, comme ses serviteurs. »
(extrait de la thèse 40 de la SdS)
Je crois comprendre que quand Debord parle de
pseudo nature, il en parle en identifiant cette « pseudo nature » au
« monde de l’économie ». Je crois que c’est le sens à donner à la
citation, sinon qu’est ce que cette « pseudo nature » chez Debord.
Mais passons, les idées de Nemo ne sont pas celles de Debord.
Maintenant, je crois comprendre que Nemo
pense que le monde transformé par l’homme est une « seconde nature »,
et c’est seulement à cette partie transformée du monde que pourrait s’appliquer
les fameuses catégories de l’économie politique : « L’économie qui
est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne
peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé
à son profit par la dite bourgeoisie — à cette “seconde nature”,
donc. »
Il existe donc d’après Nemo une partie du
monde, celle transformée par ces féroces bourgeois qui viennent jusque dans nos
bras… où l’idéologie bourgeoise (ou l’économie politique) peut appliquer ces
catégories sur une « seconde nature » qui n’est pas naturelle. Reste
à savoir si Nemo pense que la bourgeoisie transforme la nature réellement pour
en faire une « seconde nature » irréelle afin d’y plaquer en toute
rigueur ces catégories irréelles, mais qui prennent de la réalité sachant que
le méchant bourgeois a tout transformé réellement selon ses plans.
Veyne encore…
Pour moi il est clair que lorsqu’on met en
avant des faits concernant la distribution des richesses comme élément de
réussite dans une nation ou dans un empire en utilisant le terme
d’« économique », on induit une relation de cause à effet, on rentre
parfaitement dans la sphère de l’économie politique. Pline ne parle pas en tant
qu’économiste, mais Veyne le peut, ou plutôt se sert du discours de l’économie
politique. Il dit en substance, cette empire dure, car il a la chance d’avoir
telle situation économique. Heureusement qu’on a Nemo et qui nous dit qu’« il
s’agit simplement du sens courant de richesses », merci Nemo, il a du
manquer un épisode, comme d’habitude. Bref, Veyne juge la richesse des latins
et autres ostrogoths en utilisant les mêmes critères que ceux qui sont censés
mesurer notre richesse supposée, et comme dit, la raison économique n’est pas
loin.
Pour mémoire : « Ajoutons-y une
puissance militaire sans égale et une chance : entre les diverses
régions de l’empire, l’inégalité économique pouvait être comme d’un à deux, et
non comme d’un à trente dans le monde actuel, rempli de frustration et de
jalousie ». Paul Veyne, p. 48, L’Empire greco-romain.
Nemo :
De secunda natura rerum
« Reply
#6 on: 09. October 2006 at 06:06 »
« Debord lui parlait d’une
“économie naturelle”. », piaille tOtO le double
zéro ; le second couteau qui n’est jamais loin du manche, quant à lui
« croit comprendre » ce qu’il ne peut pas comprendre puisque je ne
l’ai pas dit, a noté que Debord parle de « pseudo nature » à
propos du « monde de l’économie » là où je parle de « seconde
nature » ; et ça emmerdent nos voyéristes parce qu’ils voudraient que
je soit un debordien irréprochable.
Mais examinons ce que le second couteau
« croit comprendre ». Il « croit comprendre » que je pense
que « le monde transformé par l’homme est une “seconde
nature”, et [que] c’est seulement à cette partie transformée du monde que
pourrait s’appliquer les fameuses catégories de l’économie politique. »
Et bien, il a tort de croire ce que je n’ai pas dit : à savoir que seule une
partie du monde est transformé par la l’industrieuse bourgeoisie et que
c’est à cette seule partie que s’applique les catégories de
l’économie ; puisqu’il est patent que la bourgeoisie industrielle et
marchande à révolutionné la totalité du monde et, que de ce fait,
il n’existe plus rien de « naturel ». Cette « seconde
nature » n’a évidemment rien d’« irréel », malheureusement,
comme chacun peut le constater ; par contre les catégories qui s’y
appliquent n’ont d’autre réalité que celle d’une idéologie destinée à justifier
cette seconde nature réalisée, comme étant la nature éternelle
des choses.
En ce qui concerne, Veyne, je laisse ce
puissant exégète à son explication avec un texte qu’il essaie comme il peut de
faire servir à la juste cause de « l’inexistence de l’économie » — mais
si Veyne a vraiment voulu dire en se servant « du discours de
l’économie politique » : « en substance, cette empire
dure, car il a la chance d’avoir telle situation économique. », c’est
vraiment un homme perdu que je me garderai bien d’aller rechercher.
C. Knife :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#7 on: 09. October 2006 at 12:39 »
L’argent s’échange contre la totalité du
monde objectif du monde et de la nature, Marx dixit. Le monde s’est donc
transformé, il est devenu autre, il a revêtu, une nature d’emprunt, étrangère à
sa nature originelle, laquelle se trouve falsifiée et perdue. Dans un tel monde
transformé, les relations de la vie, entendons des individus vivants deviennent
des déterminations, des lois, des relations économiques. Voilà une définition
qui se rapproche de la critique de Marx. Je prend l’expression « seconde
nature » chez Nemo comme signifiant « pseudo nature » : une
« seconde nature » qui n’est pas naturelle. Nemo est bien un
debordien irréprochable, mais il pense qu’il a un gramme d’originalité par la
nébulosité de ses pensées.
« L’économie qui est l’idéologie de la
bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur
appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la
dite bourgeoisie — à cette “seconde nature”, donc », voilà du
Nemo dans le texte. Puisque la bourgeoisie a transformé la totalité du
monde, pourquoi l’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie selon Nemo
devrait se borner à appliquer uniquement ses catégories au monde transformé par
la bourgeoisie ? Pour faire simple, puisque selon Nemo «la bourgeoisie
industrielle et marchande à révolutionné la totalité du monde »,
l’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie peut en toute rigueur
appliquer ses catégories à la totalité du monde, suivant les critères de Nemo.
Monsieur Nemo qui pense que
« l’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et
marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au
monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie — à cette
“seconde nature”, donc ». Ce monsieur Nemo ne trouve rien à
redire quand on compare la répartition des richesses à l’intérieur de l’Empire
Romain à celle de notre monde. Et pourtant, L’Empire romain est antérieure à la
transformation du monde par la bourgeoisie ou alors Nemo voit déjà la
bourgeoisie à l’œuvre chez l’australopithèque ? « il s’agit
simplement du sens courant de richesses », c’est bien connu, l’homme
moderne est plus riche que le romain, qui lui même était plus riche que l’homme
du néolithique, mais on croit rêver. D’un côté Nemo a une vision historiciste
et de l’autre il a une notion toute simple de richesse qui s’emploie de toute
éternité et qui s’applique à n’importe quelle époque et qui est la même
qu’actuellement, d’ailleurs. Quand il s’agit de faire simple, Nemo met les
pieds dans le plat.
Maintenant, j’aimerais bien savoir comment
Nemo conçoit l’application des fameuses catégories de l’économie qu’il aime
tant à citer. On peut comprendre cela comme une mise en pratique d’une théorie,
car les conditions sont réunies, etc. Mais non, pas du tout : « par
contre les catégories qui s’y appliquent n’ont d’autre réalité que celle d’une
idéologie destinée à justifier cette seconde nature réalisée comme étant la
nature éternelle des choses », nous dit Nemo. Une question devrait
assaillir le lecteur qui a eu la patience de suivre jusqu’ici : mais
pourquoi l’économie ne peut en « toute rigueur appliquer ses catégories
qu’au monde qui a été transformé » ? Qu’est-ce que la rigueur a à
faire là-dedans.
L’autre question qui devrait assaillir le
lecteur est : « qu’est ce que je fais devant mon écran ? »
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#8 on: 09. October 2006 at 19:33 »
Carrramba !...
Je me suis encore pissé
dessus !
Nemo :
Limite de conversation
« Reply
#9 on: 10. October 2006 at 06:48 »
Le second couteau sans lame auquel il manque
le manche — donc plutôt inexistant jusque-là — s’est décidé à assumer le rôle
de « théoricien » de la petite ménagerie voyériste. Ce n’est
évidemment pas le perroquet aptère frappé d’aphasie — et à présent incontinent
— qui pouvait se charger de cette tâche. Entre : « Mais putain !
L’économie n’existe pas. » ; et : « Enculé ! »,
son registre est forcément limité. Seulement, pour pouvoir jouer ce rôle de
manière convaincante — mais ce n’est qu’un con vaincu —, il faudrait qu’il
affûte quelque peu sa « dialectique », ce qui est difficile
pour un second couteau qui manque de tranchant et qui raisonne comme un manche.
Ce dialectichien (couché !) sans mordant
ne peut que régurgiter une bouillie théorique mal digérée. Pourtant, cette
notable quantité d’importance nulle l’étale sans vergogne ; mais plus il
l’étale, plus il étale sa nescience. Qu’on en juge.
Pour commencer : la première phrase de
sa dernière intervention, attribuée à Marx, ne veut rien dire. Passons.
Puis : « Le monde s’est donc transformé […] » Non, le
monde ne s’est pas transformé : le monde a été transformé,
ce qui n’est pas la même chose ; la suite est un charabia incompréhensible
et ne saurait en aucun cas se « rapproche[r] de la critique de Marx ».
Vient ensuite une citation de ce que j’ai dit
et à laquelle je n’ai évidemment rien à redire. Ce qui n’est pas le cas du
commentaire qui l’accompagne et qui marque encore une fois une totale
incompréhension du critique critique. Que le monde ait été
« totalement » bouleversé par l’action de la bourgeoisie industrielle
et marchande est une évidence difficilement contestable ; cela n’implique
en rien que les catégories ad hoc de l’économie aient une valeur
universelle ; c’est-à-dire : puisse légitimement s’appliquer en tout
temps et en tous lieux. Parce que ces catégories, comme la classe qui les
énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur
légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification
— en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps.
Le second couteau ne comprend pas non plus —
mais il ne comprend rien — « comment Nemo conçoit l’application des
fameuses catégories de l’économie ». Des catégories, quelles qu’elles
soient, énoncent quelque chose du monde : nomment les choses
du monde ; mais elles ne se contentent pas d’inscrire des
noms : à travers ces noms, elles prescrivent une vison du
monde ; et cette vision du monde quand elle domine induit une pratique du
monde. La vision du monde induite par les catégories aristotéliciennes a été
dominante pendant des siècles avant d’être battue en brèche. L’économie — et
ses catégories — ne peut pas se flatter d’être aussi vénérable ; aussi
bien ne peut-elle être assurée d’une telle pérennité.
Le lecteur bénévole saura désormais ce qu’il
fait devant son écran : il assiste à la déconfiture (aujourd’hui !)
de la petite secte voyériste, dans la personne d’un de ses adeptes les plus
indigents.
Kalhydre :
Re: Limite de conversation
« Reply
#10 on: 10. October 2006 at 11:04 »
on 10. October 2006 at 06:48, nemo wrote:
Que le monde ait été
« totalement » bouleversé par l’action de la bourgeoisie industrielle
et marchande est une évidence difficilement contestable ; cela n’implique
en rien que les catégories ad hoc de l’économie aient une valeur
universelle ; c’est-à-dire : puisse légitimement s’appliquer en tout
temps et en tous lieux. Parce que ces catégories, comme la classe qui les
énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur
légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification
— en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps.
Le second couteau ne
comprend pas non plus — mais il ne comprend rien — « comment Nemo
conçoit l’application des fameuses catégories de l’économie ». Des
catégories, quelles qu’elles soient, énoncent quelque chose du
monde : nomment les choses du monde ; mais elles ne se
contentent pas d’inscrire des noms : à travers ces noms, elles prescrivent
une vison du monde ; et cette vision du monde quand elle domine induit une
pratique du monde. La vision du monde induite par les catégories
aristotéliciennes a été dominante pendant des siècles avant d’être battue en
brèche. L’économie — et ses catégories — ne peut pas se flatter d’être aussi
vénérable ; aussi bien ne peut-elle être assurée d’une telle pérennité.
Une remarque sur la question des catégories
bourgeoises appliquées au monde.
Tout dépend d’où on parle. Si on parle de
l’intérieur de l’idéologie bourgeoise, il est évident que ces catégories ont
valeur universelle. Si ce n’était pas le cas, nous ne serions pas devant une
idéologie mais devant une simple hypothèse spéculative.
De même, on n’imagine pas un païen de
l’Antiquité dire que ce qu’il croit est historiquement produit et que par
conséquent la valeur de sa croyance, de ses rites, etc., bref que tout cela n’a
que valeur relative.
Le problème me semble-t-il, est que l’on a
tendance à sous-estimer la prégnance de l’idéologie (bourgeoisie, économique,
ce que l’on voudra) sur notre façon de nous rapporter au monde. S’il s’agissait
simplement de dire « ah ! tous des épiciers ! » on se doute
que l’idéologie serait de tout temps battue en brêche et ne pourrait jamais
devenir une structure inconsciente de l’intellection collective.
Précisément parce que ce n’est pas le cas,
les catégories dominantes sont de fait également performatives. Ici je rejoins
entièrement Nemo quand il dit que ces catégories font bien plus que nommer la
réalité, car elles préscrivent une vision et surtout une pratique de
cette réalité.
Cette pratique à mon avis se caractérise
comme domination de la nature (l’homme y compris), et la vision du monde qui y
préside s’origine dans une volonté de domination totale.
L’idéologie économique n’est alors que le reflet
phénoménal, à la conscience historique des hommes, de l’effet de cette
domination. En d’autres mots, la domination du monde se dit dans la langue de
l’économie.
Heidegger disait que l’on passe commande
du monde, c’est-à-dire qu’on lui prescrit un certain mode d’existence à travers
la mobilisation technicienne.
De même, quand Heidegger disait que
« seul un Dieu peut nous sauver », il voulait exprimer sans doute
l’attente, ou la disponibilité à l’éclosion d’un autre rapport au monde qui ne
soit pas un rapport de domination. Mais comment cela se produit-il
historiquement ? Peut-être par un changement de mentalité. On voit bien,
ici, à quel niveau il faut placer l’idéologie. Loin d’être la chose bancale des
épiciers, elle est notre lot à tous. Tous les hommes de ce monde sont désormais
confrontés au désert qui s’étend, et il semble douteux qu’aucun d’entre eux ait
déjà trouvé le sentier qui mène ailleurs, vers un monde qui reposerait
tranquillement en lui-même, enchanté par la magie des hommes.
Nemo :
Défaire l’économie
« Reply #11 on: 11. October 2006 at 06:41 »
D’où parlez-vous ? Une question qui
généralement n’a pas lieu d’être : on sait par le discours qui est tenu
d’où celui qui le tien parle — par exemple, pour les voyéristes, le cul de
basse-fosse du château beauceron où ils croupissent entre deux représentations
de la petite ménagerie.
D’abord. En quoi le fait parler « de
l’intérieur de l’idéologie bourgeoise » implique-t-il l’universalité
de ses catégories ? Ensuite, si l’on n’a effectivement pas le choix de
vivre dans un « autre monde » — qui certainement est possible — que
celui qui a été transformé à son profit par la bourgeoisie industrielle et
marchande, on n’est pas obligé — Dieu merci ! — de penser avec ses
catégories ; on peut même penser en dehors et contre ces catégories, parce
que ces catégories bien qu’elles prétendent à l’universalité et qu’elles aient
intérêt à y faire croire, ne sont justement pas universelles. L’acte de
résistance minimum est évidemment de penser contre ces catégories.
Je ne pense pas que l’on puisse « sous-estimer
la prégnance de l’idéologie » dominante, parce que si elle domine la
pensée par ses catégories, c’est qu’elle est l’instrument d’une classe qui
domine effectivement le monde. Et le renversement de cette domination passe par
le renversement de ses catégories : la dénonciation de leur prétention à
l’universalité et leur réduction à des catégories ad hoc signifie déjà
leur ruine — today your lies, tomorrow the world.
Si l’on peut dire que l’idéologie est « notre
lot à tous », il ne nous appartient pas moins de refuser que le monde
au nom de qui elle parle nous soit destiné. Cela commence par montrer
(malgré un matraquage permanent qui lui est véritablement universel) que l’on
peut penser en dehors et contre ces catégories et que, si l’on peut faire
l’économie de ces catégories, le monde qui les à produites n’est peut-être pas
aussi nécessaire que l’on veut bien nous le faire croire.
Anonymous :
Re: Défaire l’économie
« Reply
#12 on: 11. October 2006 at 10:06 »
on 11. October 2006 at 06:41, nemo wrote:
si l’on peut faire l’économie de ces catégories,
Celle qui n’existe pas... ou celle entendu
comme idéologie au sens de Marx ?
C. Knife :
Nemo catégorique
« Reply
#13 on: 11. October 2006 at 10:34 »
Nemo a raison, on doit lire : l’argent
s’échange contre la totalité du monde objectif de l’homme et de la nature et
non « du monde objectif du monde ». Il est vrai que dans ces
conditions, il est dur de comprendre quoi que se soit.
Après, j’essaye de démontrer que l’expression
« seconde nature » chez Nemo peut se traduire par « pseudo
nature ».
J’essaye de prendre appui sur la théorie de
Marx pour comprendre Nemo, et l’un dans l’autre, cela ne fait pas forcément un
mélange heureux et il se peut que je ne comprenne aucun des deux. Que
voulez-vous, je creuse comme je peux. « Non, le monde ne s’est pas
transformé : le monde a été transformé, ce qui n’est pas la même
chose » nous déclare Nemo Phillipulus, gong à la main. Pour lui la nuance
est de taille, soit le monde s’est transformé sous l’action de la bourgeoisie
ou soit il a été transformé par la bourgeoisie. Le monde est le monde de
l’homme et accessoirement du pingouin, généralement c’est l’homme qui
transforme son monde, les virus aussi, mais ce qui nous intéresse ici, ce sont
les rapports des hommes entre eux. C’est dans ce cadre que l’avis de Nemo
m’intéresse, car il semble avoir un avis sur la question.
Monsieur Nemo qui ne trouve rien à redire à
sa citation en remet une couche : « parce que ces catégories,
comme la classe qui les énonce et les met au monde ont été historiquement
produites ; et que leur légalité ne saurait excéder leur temps dont
elles constituent la justification — en même temps qu’elle justifie la classe
dominante de ce temps. »
Donc d’après Nemo, la bourgeoisie a été
historiquement produite, la bourgeoisie étant la classe dominante. Pour Marx,
les classes ne sont que l’instrument dans lequel s’incarne l’action des forces
productives. Je suppose que pour Nemo ce n’est pas le cas. On notera aussi que
pour Nemo, les catégories de l’économie politique ont une
« légalité » pendant un certain laps de temps, après elles seront
arrêtées et mises en prison, non mais ! Production, consommation,
distribution… au gniouf ! A limite ces catégories peuvent perdre leur
légitimité scientifique, mais pour notre Nemo Phillipulus qui aime régir, elles
perdent leur légalité. Dura lex, sed lex.
« Des catégories, quelles qu’elles
soient, énoncent quelque chose du monde : nomment les choses du
monde ; mais elles ne se contentent pas d’inscrire des noms : à
travers ces noms, elles prescrivent une vision du monde ; et cette vision
du monde quand elle domine induit une pratique du monde. La vision du monde
induite par les catégories aristotéliciennes a été dominante pendant des
siècles avant d’être battue en brèche. »
Alors nous avons notre petite distribution et
notre grande consommation qui sont des catégories de l’économie politique qui
prescrivent une vision du monde. Cela ne serait il pas plus logique de dire que
se sont les économistes qui prescrivent une vision du monde avec les catégories
qu’ils ont mis en place au sein de leur science ? Car si on commence à
voir le trio «production », « distribution » et
« consommation » qui prescrit une vision du monde, il faut changer de
marque de bière.
Mais bon si madame Kalhydre est du même avis
que Nemo : « Précisément parce que ce n’est pas le cas, les
catégories dominantes sont de fait également performatives. Ici je rejoins
entièrement Nemo quand il dit que ces catégories font bien plus que nommer la
réalité, car elles préscrivent une vision et surtout une pratique de cette
réalité ».
Les catégories de l’économie politique, non
contentes de prescrire sont en plus performatives, vous m’en direz tant. On
sait ce qu’est un énoncé performatif, mais une catégorie dominante
performative, là je sèche.
On peut concevoir quelle chose de prescrit
par une loi. Par exemple, la loi de l’offre et de la demande est une maxime
d’action, un précepte pratique déguisé plutôt qu’une « loi
scientifique ». Les catégories servent à classer les phénomènes dit
économiques, et c’est l’étude de ces phénomènes qui permettrait de dégager ce
qu’on appelle des lois. Ce sont ces « lois » qui peuvent
éventuellement prescrire une pratique.
Nemo :
Cultiver son jardin
« Reply
#14 on: 11. October 2006 at 12:17 »
« J’essaye de prendre appui sur la
théorie de Marx pour comprendre Nemo ». Que le second couteau se
contente d’appuyer sur sa bêche et qu’il s’occupe de ses fraises au lieu de la
ramener hors de son domaine de compétence — il peut essayer aussi les patates
qui sont d’un excellent rendement et ne devraient pas poser de problème à ce
virtuose de la bêche qui raisonne comme un manche de pioche.
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#15 on: 11. October 2006 at 18:14 »
on 09. October 2006 at 19:33, Toto wrote:
Carrramba !... Je me suis encore pissé dessus !
Méfiez-vous monsieur Toto. Ca commence
toujours par les urines, et puis c’est la bave, les propos incohérents, des
lectures insensées, les délires inexistenciels... et puis il est déja trop
tard...
Nemo :
Une dernière explication…
« Reply
#16 on: 11. October 2006 at 18:24 »
... de texte à l’usage de l’amateur de
fraises.
« Que le monde ait été
“totalement” bouleversé par l’action de la bourgeoisie industrielle
et marchande est une évidence difficilement contestable ; cela n’implique
en rien que les catégories ad hoc de l’économie aient une valeur
universelle ; c’est-à-dire : puisse légitimement s’appliquer en tout
temps et en tous lieux. Parce que ces catégories, comme la classe qui les
énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur
légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification
— en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps. »
Cela signifie — pour qui sait lire :
mais tout le monde ne peut pas lire — que les catégories de l’économie, comme
la classe qui les porte au monde, sont des produits de leur temps. Certes,
chacun est fils de ses œuvres mais les œuvres ont leur temps ; et de la
même manière que le monde n’a pas été transformé par l’opération du Saint
Esprit, la bourgeoisie ne tient pas son pouvoir d’un mandat du Ciel. Le moment
historique qui voit la bourgeoisie industrielle et marchande accéder à l’imperium
sur le monde est aussi celui qui lui permet d’asseoir la suprématie de sa
pensée : la pensée bourgeoise ne domine que parce que la bourgeoisie
domine le monde. La légalité de cette pensée — comme d’ailleurs toute légalité
— n’est que la conséquence d’une position de force ; et cette force qui
domine, pour absolu que soit sa domination, n’a pas toujours été dominante et,
un jour, ne le sera plus : sa légalité n’a qu’un temps qui passera — pour
autant que l’histoire prenne un autre sens qu’il nous appartient de lui
donner.
Toto :
Re:
Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #17
on: 11. October 2006 at 18:42 »
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #18 on: 11. October 2006 at 23:28 »
Les catégories de la critique de l’économie
politique sont aussi pourris que les catégories de l’économie politique
dominante. Elles constituent la garantie de la perpétuation de cette vision
dominante par sa propre contestation radicale et non moins légale. Une critque
du monde marchand, bourgeois, dominant qui se limite à la seule contestation
forcément partielle des activités dites économiques, de ses catégories, est une
démarche conservatrice qui refuse de questionner la totalité qui a produit ce
moment historique étrange ou toutes les facultés de l’humain sont anéanties par
une quête perpetuelle de gite et de nourriture. Sans plus. La contestation réve
de gite et de nourriture pour tous. Sans plus. Prévoyant d’atteindre ainsi le
Nirvana en supprimant la rareté et donc la quéte. Comme dans une immense
étable...
Nemo :
Un anonymous passe
« Reply
#19 on: 12. October 2006 at 11:47 »
Le debord(el) qui est un endroit fort
accueillant a vu passer de nombreux ânes dont l’« asinité négative »
ne faisait aucun doute. Celui-ci doit faire partie du troupeau, selon toute
apparence.
C.
Knife :
Legalize
It NOW
« Reply
#20 on: 12. October 2006 at
20:46 »
Voilà que monsieur Nemo semble tenter de m’expliquer un point de détail qui aurait échapper à ma compréhension. Je suppose que c’est une plaisanterie dont il a le secret, puisque d’après lui je ne comprend rien.
« […] Le moment historique
qui voit la bourgeoisie industrielle et marchande accéder à l’imperium sur le
monde est aussi celui qui lui permet d’asseoir la suprématie de sa pensée :
la pensée bourgeoise ne domine que parce que la bourgeoisie domine le monde. La
légalité de cette pensée — comme d’ailleurs toute légalité — n’est que la
conséquence d’une position de force ; et cette force qui domine, pour
absolu que soit sa domination, n’a pas toujours été dominante et, un jour, ne
le sera plus : sa légalité n’a qu’un temps qui passera — pour autant que
l’histoire prenne un autre sens qu’il nous appartient de lui donner. »
Personnellement, je réserve la
notion de légalité au domaine purement juridique. Les catégories de l’économie
politique n’ont pas à être légales, elles sont les « outils » des
économistes afin d’analyser ce qu’ils considèrent comme des phénomènes
économiques, et au premier chef, la création de richesse d’après leurs critères.
Que ces richesses soient produite légalement ou illégalement n’est pas le
problème, l’économiste analyse les données qu’il extrait de la réalité sociale,
les interprète à travers sa grille de lecture, les catégories de l’économie
politique par exemple. Catégories dont Marx disait qu’elles étaient à double
fond.
Maintenant, il m’apparaît, mais
je ne suis pas juriste, que la notion de légalité s’applique plutôt a des actes
qu’a des pensées. A une certaine période, dans les républiques dites soviétiques,
toute manifestation pratique identifiée comme issue de la « pensée
bourgeoise » était sanctionnée. Il s’entend que ces manifestations
pratiques pouvaient se borner à de simples paroles.
« […] sa légalité n’a qu’un
temps qui passera… », dit comme ça, je ne peux m’empêcher de penser à un
roman de Soljenitsyne. Vers le début du livre, on se retrouve dans un
laboratoire d’acoustique dévolu à la traque des manifestations de la
« pensée bourgeoise » dans les communications téléphoniques. Mais pour
revenir à notre sujet, je n’ai aucune idée de la manière dont les sociétés qui
auront le bonheur de se passer de notre bon vieux système capitaliste vont
légiférer sur le sort de nos malheureuses catégories de l’économie politique,
si jamais elles légifèrent sur le sujet.
Elles seront peut être oubliées dans un coin… ainsi que la pensée bourgeoise… à côté des œuvres complètes de Nemo Phillipulus.
Nemo :
Non, rien de rien
« Reply
#21 on: 13. October 2006 at 05:26 »
Explication
de texte (suite)
Les
catégories de l’économie sont sensées refléter des lois qui comme ces
catégories prétendent à l’universalité. Mais ni ces catégories, ni ces lois ne
sont universelles. La légalité — conformité à la loi — des catégories de
l’économie, n’est que la légalité affirmée par ses « lois » ; et
ces « lois » ne sont des lois que pour autant que la domination de la
bourgeoisie industrielle et marchande les soutiennent. Cela ne durera pas
toujours.
Anonymous :
CONSERVERIE MARXISTE depuis 1843
« Reply
#22 on: 14. October 2006 at 03:06 »
Explication
de texte (suite)
Les catégories de l’économie sont sensées refléter des lois qui comme ces catégories
prétendent à l’universalité
Une loi est générale, abstraite, et obligatoire. Aucune loi ne prétend à l’universalité pour la simple raison qu’une loi universelle nécessite un législateur universel. Ce qui est une utopie... kantienne au demeurant. Une catégorie est une classification rationnelle d’un mode de pensée,un dispositif conceptuel, un instrument de raisonnement sur un objet d’analyse précis. Évoquer son universalité ou non est un non sens.
Mais ni ces catégories, ni ces lois ne sont universelles.
Quand
méme...
Code:
La légalité — conformité à la loi — des catégories de l’économie, n’est que la légalité
affirmée par ses « lois »
Une transaction illégale n’en est pas moins une opération économique selon les catégories de l’économie politique dominante. Et méme plus elle constitue le nec plus ultra de l’activité économique de par sa pureté totale.
et ces « lois » ne sont des lois que pour autant que la domination de la bourgeoisie industrielle
et marchande les soutiennent
Banalité marxiste.
Cela ne durera pas toujours.
Et le troupeau s’écria « Plutot l’abattoir que
l’étable ».
*Les âneries marxistes illégales ou pas n’en sont pas
moins des âneries universelles.
Nemo :
La logique de l’âne...
« Reply
#23 on: 14. October 2006 at 05:58 »
ou :
L’âne alogique repasse.
Les
catégories et les lois de l’économie prétendent à l’universalité nonobstant
l’absence du « législateur universelle » (sic) qui, comme
chacun sait, est mort.
Que
les catégories et les lois de l’économie soient dépendantes de la classe qui
les a portées au monde est sans doute « une banalité marxiste » ;
c’est avant tout une est une évidence que l’ânonymous n’est manifestement pas
en mesure de saisir avec ses gros sabots.
Qu’il
rejoigne donc ses congénères (creusez, s’il vous plait) de la petite ménagerie
pour retravailler son numéro.
Toto :
Banalités marxistes
« Reply #24 on: 14. October 2006 at 15:17 »
M.
Nemo apprécie les banalités marxistes, ce n’est pas étonnant. Voici un petit
florilège :
« Pour
éviter des malentendus possibles, encore un mot. Je n’ai pas peint en rose le
capitaliste et le propriétaire foncier. Mais il ne s’agit ici des personnes,
qu’autant qu’elles sont la personnification des catégories économiques,
les supports d’intérêts et de rapports de classe déterminés. Mon point
de vue, d’après lequel le développement de la formation économique de la
société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire,
peut moins que tout autre rendre l’individu responsable de rapports dont il
reste socialement la créature, quoiqu’il puisse faire pour s’en dégager. »
(Préface de la première édition allemande du Capital.)
« L’ordre
économique capitaliste est sorti des entrailles de l’ordre économique
féodal. La dissolution de l’un a dégagé les éléments constitutifs de
l’autre. »
(Le Capital, Livre I.)
« En
premier lieu, ces trois formes ne représentent pas des phases équivalentes de
l’évolution. L’économie dite de crédit n’est elle-même qu’une forme de l’économie
monétaire : les deux termes expriment des fonctions d’échange, ou
modes d’échange, entre les producteurs eux-mêmes. Dans la production
capitaliste développée, l’économie monétaire n’apparaît plus que comme
base de l’économie de crédit. L’économie monétaire et l’économie de
crédit correspondent donc simplement à des stades différents dans le
développement de la production capitaliste ; mais elles ne sont nullement,
en face de l’économie naturelle, des formes d’échange distinctes et
indépendantes l’une de l’autre. Il serait tout aussi juste de mettre en face de
ces deux types les formes très diverses de l’économie naturelle en les
tenant pour équivalentes.
En
deuxième lieu, dans les catégories économie monétaire et économie de
crédit, ce n’est pas l’économie, c’est à dire le procès de production
lui-même, que l’on souligne, que l’on détache comme trait distinctif :
c’est le mode d’échange établi en fonction de l’économie entre les
divers agents de la production, les divers producteurs ; il faudrait donc
agir de même pour la première catégorie. Parler d’économie de troc au lieu
d’économie naturelle. Une économie naturelle complètement fermée,
par exemple l’État des Incas au Pérou, n’entrerait dans aucune de ces
catégories. »
(Le Capital, Livre II.)
« Dans
la mesure où le système esclavagiste, dans l’agriculture, dans les
manufactures, la navigation, etc., est la forme dominante du travail productif
(comme c’était le cas dans les États développés de la Grèce et à Rome), il
conserve un élément de l’économie naturelle. »
(Le Capital, Livre II.)
« Bien
que des vestiges de cette rente-produit pure puissent subsister dans des modes
et des rapports de production plus développés, elle est toujours fondée sur l’économie
naturelle. »
(Le Capital, Livre III.)
« La
société bourgeoise est l’organisation historique de la production la plus
développée et la plus variée qui soit. De ce fait, les catégories qui expriment
les rapports de cette société et qui permettent d’en comprendre la structure
permettent en même temps de se rendre compte de la structure et des rapports de
production de toutes les formes de société disparues avec les débris et les
éléments desquelles elle s’est édifiée, dont certains vestiges, partiellement
non encore dépassés, continuent à subsister en elle, et dont certains simples
signes, en se développant, ont pris toute leur signification, etc. L’anatomie
de l’homme est la clef de l’anatomie du singe. Dans les espèces animales
inférieures, on ne peut comprendre les signes annonciateurs d’une forme
supérieure que lorsque la forme supérieure est elle-même déjà connue. Ainsi l’économie
bourgeoise nous donne la clef de l’économie antique, etc. Mais
nullement à la manière des économistes qui effacent toutes les différences
historiques et voient dans toutes les formes de société celles de la société
bourgeoise. On peut comprendre le tribut, la dîme, etc., quand on connaît la
rente foncière. Mais il ne faut pas les identifier. Comme, de plus, la société
bourgeoise n’est elle-même qu’une forme antithétique du développement
historique, il est des rapports appartenant à des formes de société antérieures
que l’on pourra ne rencontrer en elle que tout à fait étiolés, ou même
travestis. Par exemple, la propriété communale. Si donc il est vrai que les
catégories de l’économie bourgeoise possèdent une certaine vérité valable pour
toutes les autres formes de société, cela ne peut être admis que cum grano,
salis [avec un grain de sel]. Elles peuvent receler ces formes développées,
étiolées, caricaturées, etc., mais toujours avec une différence essentielle. Ce
que l’on appelle développement historique repose somme toute sur le fait que la
dernière forme considère les formes passées comme des étapes menant à son
propre degré de développement, et, comme elle est rarement capable, et ceci
seulement dans des conditions bien déterminées, de faire sa propre critique -
il n’est naturellement pas question ici des périodes historiques qui se
considèrent elles-mêmes comme des époques de décadence - elle les conçoit
toujours sous un aspect unilatéral. La religion chrétienne n’a été capable
d’aider à comprendre objectivement les mythologies antérieures qu’après avoir
achevé jusqu’à un certain degré, pour ainsi dire [...] [virtuellement], sa
propre critique. De même l’économie politique bourgeoise ne parvint à
comprendre les sociétés féodales, antiques, orientales que du jour où eut
commencé l’autocritique de la société bourgeoise. Pour autant que l’économie
politique bourgeoise, créant une nouvelle mythologie, ne s’est pas purement
et simplement identifiée au passé, sa critique des sociétés antérieures, en
particulier de la société féodale, contre laquelle elle avait encore à lutter
directement, a ressemblé à la critique du paganisme par le christianisme, ou
encore à celle du catholicisme par le protestantisme. »
(Karl Marx, Introduction à la critique de
l’économie politique, 1857.)
(...)
Toto :
Banalités marxistes (suite et fin)
« Reply
#25 on: 14. October 2006 at 15:23 »
(...)
Économie
naturelle, économie antique, économie bourgeoise, pour Marx et contrairement au
marxiste Nemo il y a bien une économie (economy) avant l’économie bourgeoise.
C’est son cher procès de production. Je signalerais d’ailleurs à ce crétin qui
confond découverte scientifique et esbroufe à l’épate-gauchiste que la
traduction de l’Introduction… par Husson et Badia aux éditions
socialiniennes (1957), reproduite ci-dessus, contient une grossière erreur. MM
Rubel chez Gallimard (1965) et Dangeville chez 10/18 (1968) font d’ailleurs
exactement la même erreur. Ils ont du pomper les éditions sociales tout
simplement.
Quand
MM. Husson et Badia disent « De même l’économie politique bourgeoise ne
parvint à comprendre les sociétés féodales, antiques, orientales que du jour où
eut commencé l’autocritique de la société bourgeoise. » ils traduisent la
phrase de Marx « So kam die bürgerliche Ökonomie erst zum Verständnis der
feudalen, antiken, orientalen, sobald die Selbstkritik der bürgerlichen Gesellschaft
begonnen. » Nulle part dans cette phrase en allemand il n’est question de
« sociétés » féodales, antique, orientales, mais bien
d’« économies » féodales, antique, orientales.
« C’est
avec une fraîcheur juvénile, toujours intacte, qu’il continuait à confondre
accusatif et datif. » dirait Karl Krauss. C’est bien « L’économie
bourgeoise ne peut arriver à la compréhension des économies féodales,
antiques, orientales que du jour où eut commencé l’autocritique de la société
(Gesellschaft) bourgeoise. » qu’il faut lire. De même quand Marx dit :
« Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend sich rein
identifiziert mit dem Vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der
Feudalen, mit der sie noch direkt zu kämpfen hatte, der Kritik die das
Christentum am Heidentum, oder auch der Protestantismus am Katholizismus
ausübte. », il n’est absolument pas question de « sociétés »
antérieures mais bien d’« économies » antérieures. « Ihre Kritik
der frühern » se rapporte bien à « bürgerliche Ökonomie » tout
comme « der feudalen, antiken, orientalen » se rapporte également à
« bürgerliche Ökonomie ».
Pour
s’en convaincre il suffit de comparer avec la traduction anglaise. « Similarly,
only when the self-criticism of bourgeois society had begun, was bourgeois
political economy able to understand the feudal, ancient and oriental economies. »
« In so far as bourgeois political economy did not simply identify itself
with the past in a mythological manner, its criticism of earlier economies
— especially of the feudal system against which it still had to wage a direct
struggle — resembled the criticism that Christianity directed against
heathenism, or which Protestantism directed against Catholicism. » Le traducteur anglais semble mieux maîtriser la
syntaxe allemande que nos trouducs ès-traduc nationaux. Il s’agit bien de
« feudal, ancient and oriental economies » et de « earlier
economies ». Je ne ferai pas l’injure à M. Nemo de lui signaler que
economies, en anglais, c’est le pluriel de economy. Il appréciera donc le
political economy (=economics) et l’economy tout court à leur juste valeur et à
leur juste place.
Anonymous :
Capit’ANE nemo
« Reply #26 on: 15. October 2006 at 00:34 »
Le
législateur universel au sens kantien n’est pas mort puisqu’il n’a jamais vu le
jour.
Une
loi juridique ne saurait donner un caractère universel qu’elle ne possède pas à
une catégorie qu’elle impose quand bien méme celle-ci prétendrait à
l’universalité. C’est à dire à sa nécessité (présumé par elle) tout bêtement au
sens du Capit’Ane. Ouf tout ça pour ça ! La conserverie c’est infect et
fastidieux.
La
confusion de loi au sens juridique et de « loi » économique ou
la première justifie la seconde qui s’exprime dans la première et inversement
ne fait pas avancer l’épave. Le capit’Ane nemo a avalé sa boussole juste avant
le naufrage.
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#27 on: 15. October 2006 at 09:01 »
Nemo :
Marx Attack
« Reply
#28 on: 15. October 2006 at
13:53 »
Non
seulement le perroquet aime bien répéter, puisque telle est sa nature ;
mais le perrroquet tOtO adore aussi recopier ce qu’il est incapable de saisir
avec ses petites ailes atrophiées et qui de toute façon ne rentre pas dans sa
petite tête de piaf acéphale. Il a donc recopié bêtement des citations de Marx
où son Maître lui a bien fait souligner en gras — en gras,
hein ! tOtO, en gras ! — le vilain mot d’économie,
qu’il ne faut pas, tu as bien compris tOtO, qu’il ne faut pas prononcer :
c’est un très vilain mot. Et voilà cette petite fiente de perroquet voyériste
qui, non content de recopier bêtement ce qu’on lui dit de recopier, se prend la
grosse tête (de piaf) et se met lui aussi à faire la leçon à Marx comme un
petit fion merdeux qu’il est. Mais le malheur du perroquet qui ne sait que répéter
et recopier, c’est qu’il ne peut pas lire. Parce que s’il savait lire, il se
serait déjà avisé qu’on ne peut pas reprocher à Marx de faire ce qu’il s’est
précisément donné pour but de faire : à savoir une critique de l’économie
politique. Marx écrit, dans l’Avant-propos à la Deuxième partie, Le monde
aliéné, de sa Critique de l’économie politique : « Nous
sommes partis des prémisses de l’économie politique. Nous avons admis son
langage et ses lois. […] En partant de l’économie politique elle-même, en
parlant son propre langage, nous avons montré que l’ouvrier est ravalé au rang
de marchandise, et la marchandise la plus misérable [etc.] » On ne
saurait être plus clair. Marx a voulu battre les économistes bourgeois sur leur
propre terrain en parlant leur propre langage. Ce qui était évidemment
périlleux, puisqu’il courait le risque d’être contaminé par ce langage — ce qui
n’a pas manqué d’arriver. Mais, il a rempli son contrat en battant en brèche leur
« science » dont il a montré les ressorts cachés.
Que
des petits fions voyéristes, des nains de la pensée, des morpions, viennent lui
chercher des poux dans la barbe et lui faire la leçon, en lui reprochant de
s’être servi du langage et des catégories de l’économie, est tout simplement
risible. On peut certainement lui reprocher beaucoup de choses : son
utilitarisme, par exemple ; on peut même l’accuser d’avoir, en voulant
battre les économistes bourgeois sur leur propre terrain, d’être devenu, d’une
certaine manière, plus économistes que les économistes — mais ce faisant il les
poussait dans leur derniers retranchements. Il n’en reste pas moins que sa Critique
de l’économie politique, toute entachée d’économisme qu’elle puisse être,
n’a en rien perdue de son actualité, ni de sa pertinence — n’en déplaise aux
petits branleurs voyéristes. Et ce n’est certainement pas eux, en répétant
bêtement que : « l’économie n’existe pas », qui risquent
d’apporter quoi que ce soit à cette critique — ni à quoi que ce soit d’autre
d’ailleurs.
P.-S.
Au
risque de peiner l’ânonymous qui passe et qui repasse (en vain), je lui
signale) que non seulement le « législateur universel kantien »
a bien « vu le jour » (1724) ; mais qu’il est également
mort (+ 1804).
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#29 on: 16. October
2006 at 21:27 »
« C’est
le même Marx qui déclare : “on ne part pas de ce que les hommes disent,
s’imaginent, se représentent” qui part, lui, d’une idée, d’une
représentation : l’économie, et veut en faire quelque chose
d’absolument réel, le réel par excellence, “le processus de vie réel”. (…)
La
bourgeoisie est une classe dominante honteuse, c’est une classe dominante qui
prétend ne pas dominer. Marx saisit très bien la ruse. Il part en guerre pour
montrer le caractère apologétique de l’économie. À quel résultat
parvient-il ? Il éternise, en théorie, la bourgeoisie, mieux que la
bourgeoisie n’avait jamais pu souhaiter le faire, au point que la théorie à
laquelle il aboutit permet de concevoir un monde bourgeois sans bourgeoisie, un
monde qui demeure bourgeois quoi qu’il arrive, un monde où l’économie est la
réalité du monde. (…)
Marx
fit donc une critique économique de l’économie, du type :
“l’économie est bien la réalité du monde. Seulement la conception
bourgeoise de l’économie est fausse.” Alors que l’économie n’est rien
d’autre que la conception bourgeoise du monde. Si l’économie existe, c’est
seulement comme conception bourgeoise du monde et comme domination bourgeoise
du monde, donc aussi comme domination du monde par la conception bourgeoise du
monde. Si l’économie est fausse comme pensée et comme action, c’est parce que
la bourgeoisie est fausse et nullement parce que la conception bourgeoise de
l’économie est fausse. L’économie qui est le mensonge de la bourgeoisie sur le
monde et sur la domination du monde par la bourgeoisie ne saurait être vraie.
L’économie ne constitue aucune catégorie réelle du monde. La marchandise,
l’argent, la valeur, le capital si. L’économie est seulement le mensonge d’une
classe particulière sur le monde. La marchandise, l’argent, la valeur, le
capital sont les propres mensonges du monde sur lui-même. La marchandise,
l’argent, la valeur, le capital ne sont pas des catégories économiques. (…)
Que prétend l’ennemi, que dit l’économie politique ? Elle prétend que le capital ne caractérise pas seulement l’époque moderne, mais a toujours existé. Elle a raison. Du moins l’existence du capital ne se distingue pas de l’existence de l’argent. Elle prétend que l’époque moderne est toujours caractérisée par le capital. Elle a tort, ou bien elle ne dit rien à force de généralité. Plutôt que le capital soit un mode particulier de l’argent (Marx) c’est le salariat qui est un mode particulier du capital. Que prétend Marx ? Que le capital est ce qui caractérise l’époque moderne. II a tort. Ce qui caractérise l’époque moderne est une nouvelle forme d’argent, qui contient en germe le déclin du capital. On comprend bien les motifs de Marx quand on comprend la ruse involontaire de l’ennemi. L’ennemi ne prétend pas seulement que le capital comme forme immédiate de l’argent a existé dès que l’argent a existé. I1 prétend que le capital est un mode de production et il prétend que ce mode de production a toujours existé. Or le capital ne saurait avoir toujours existé comme mode de production, car le capital n’est pas un mode de production. Le capital est un mode de publicité ou plutôt un mode d’absence de la publicité. Marx va où l’ennemi veut qu’il aille, il bataille une vie durant pour prouver que le capital n’a pas toujours existé comme mode de production, sans songer un seul instant que le capital n’est pas un mode de production et que l’analyse des modes de production, des gammes d’usinage, n’a aucune sorte d’importance pour ce qui est son propos réel et qui est aussi le nôtre. »
1976 ! et pas une ride...
Nemo :
Répète tOtO répète
« Reply #30 on: 17. October 2006 at 05:41 »
Le
perroquet tOtO répète la parole du Maître, le terroquet tOtO recopie la parole
du Maître ; et voilà que le perroquet tOtO se met à découper des images
dans les albums de Tintin qu’il lit par-dessus l’épaule du Maître, « perché
sur le dossier de la chaise ». Quelle brave petite bête ce tOtO —
dommage qu’elle ne soit pas propre et qu’il faille sans cesse nettoyer
ses déjections.
C. Knife :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#31 on: 17. October 2006 at 13:22 »
Même
en écrivant comme un sagouin, j’ai l’impression que monsieur Nemo me comprend.
Pour
Nemo, les catégories de l’économie politique ne seraient applicables qu’au
monde de l’économie bourgeoise. Il tient absolument à ce que l’économie soit
une réalité. Son insistance à se servir de ce qu’il appelle « les
catégories » comme d’un cheval de Troie pour faire rentrer l’économie une
réalité autre qu’idéologique est récurrente. C’est ce que l’on verra plus bas.
« Dans
son Rapport Voyer propose de traiter l’économie (politique) comme une idéologie
(au sens de Marx). Ce qui implique de nier la réalité économique. Je
traduit : si l’économie est une idéologie, il n’y a pas de réalité
économique et vice versa. Ce qui veut dire que quand l’économie (politique)
applique ses catégories à la réalité tout ce qu’il y a d’économique dans cette
réalité lui vient de ces catégories (Dumont). Or ces catégories sont le
produit de la vision utilitariste du monde que se fait la bourgeoisie (et que
partage dans une certaine mesure Marx) et ne peuvent s’appliquer, à la rigueur,
qu’à ce monde. Ce ne sont pas des catégories du monde ; ce ne sont pas
des catégories universelles ; ces catégories ne sont pas exportables comme
toutes la camelote produite massivement par le système de la marchandise. Il
est évident que le discours économique est un discours sur le seul monde que
reconnaît l’économie politique, celui qu’à produit le capitalisme industriel et
marchand ; parce que pour l’économie (politique) le système qu’elle défend
et promeut est le meilleur système à l’exclusion de tous les autres :
celui qui s’est imposé historiquement. Tout le reste n’est que
littérature. »
(Debord(el) 2002 / Le nouveau Debord(el) est ici !
/ Nemo: Les points sur les i — encore une fois on: 15.02.05 at 12:52:35)
Pour
Nemo, les catégories de l’économie politique s’appliquent à la rigueur à ce
monde. En quelques années, ce « à la rigueur » se transforme et
devient « L’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et
marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories
qu’au monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie à
cette “seconde nature”, donc », voilà du Nemo dans le texte.
On mesure le travail titanesque qui attend Nemo, celui qui consistera à donner
un tantinet de réalité à l’économie, une réalité autre que purement
idéologique. Pourquoi ressasse t-il sans cesse que les catégories de l’économie
politique peuvent s’appliquer à ce monde ? Il nous prend pour des
gongs ? En tant qu’idéologie, l’économie peut appliquer ses catégories où
elles veut et quand elle veut, qui l’en empêche, qui m’empêche de dire
n’importe quoi, à l’instar d’un Nemo Philippulus ? Maintenant, dire que
les catégories de l’économie politique s’appliquent à ce monde peut être
interprété de différentes manières, mais moi je n’en voit qu’une seule, comme
on pourra le voir avec Kalhydre.
« L’économie
existe parce que des hommes pensent le monde à travers ses catégories. »
(Debord(el) 2002 / Le nouveau Debord(el) est ici !
/ Kalhydre: Re: Ultime communiqué de la Sorbonne en exil on: 24.07.06 at 07:54:49)
Pour
moi, si les catégories de l’économie politique s’appliquent à ce monde c’est
qu’une réalité extérieure au discours idéologique existe, réalité qui
correspond à ces fameuses catégories, hors de cette définition point de salut.
voilà comment tout le monde comprend la formule de monsieur Nemo Philippulus.
Kalhydre a très bien compris monsieur Nemo, l’inverse est moins évident.
Pour
Nemo, « Debord définit effectivement le spectacle comme une vision du
monde qui s’est objectivée. Qu’est-ce à dire ? Ceci : que la vision
que l’on se fait du monde a le pouvoir de transformer le monde ; ou plus
exactement : quand une vision du monde devient la vision (dominante), elle
a les moyens de transformer le monde selon l’image qu’elle s’en fait. »
(PLAY IT AGAIN, SAM — sur ses fameuses texticules).
Voilà,
la messe est dite, Nemo Philippulus revient par la fenêtre avec « quand
une vision du monde devient la vision (dominante), elle a les moyens de
transformer le monde selon l’image qu’elle s’en fait », gong à la main.
Mais il évite soigneusement de parler du spectacle, trop risqué, il nous
revient pour parachever l’objectivation de la vision de la classe dominante
avec les catégories. Gong ! « Et cette vision du monde
quand elle domine induit une pratique du monde », Nemo Philippulus
dixit ! Et comment nommer ce monde où une pratique est induite par une
vision du monde, vision du monde elle même prescrite par les catégories de
l’économie politique ? Bon sang, mais c’est bien sûr… ! C’est… !
C’est… El espectáculo ! Gong ! El espectáculo ! Gong ! El
espectáculo…
Et
c’est ainsi que Debord est grand et Nemo Philippulus son prophète.
Gong !
Nemo :
… non, rien du trou
« Reply
#32 on: 17. October 2006 at 19:28 »
Encore
une explication de text(icul)e pour le (petit) trouduc
1.
Je tiens d’autant moins « à ce que l’économie soit une réalité »
que je pense que la seule réalité qui soit économique est celle de ses catégories.
2.
Je ne vois pas où le second couteau sans lame qui raisonne comme un manche de
pioche veut en venir avec les excellentes citations qu’il produit. Si c’est
pour me faire dire que j’essaie de « donner un tantinet de réalité à
l’économie », il se met le doigt dans le cul jusqu’à l’os à moelle. Je
ne « ressasse » pas « que les catégories de l’économie
politique peuvent s’appliquer à ce monde », je répète qu’elles ne
doivent s’appliquer qu’à lui ; alors qu’elles prétendent pouvoir
s’appliquer universellement — l’économie étant l’idéologie dominante se permet
d’appliquer ses catégories où et quand elle veut : elle n’en a pas pour
autant le droit.
3.
Qu’une « réalité » existe, c’est une évidence ; qu’elle
soit « extérieure », ne l’est pas : à quoi donc serait-elle
extérieure ? Et ce n’est évidemment pas la « réalité »
qui « correspond à ces fameuses catégories » ; ce sont
ces catégories qui prétendent correspondre à la réalité.
4.
Il me semble évident qu’une vision du monde techniquement équipée est en
mesure de s’inscrire dans le monde autrement qu’en parole.
Ite pissa est — fuck off screw
you.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #33 on: 21. October 2006 at 16:35 »
Cap’tain
Nullus je vais de découverte en découverte !!! Je m’aperçois maintenant que
la phrase en allemand extraite de l’Introduction à la critique de l’économie
politique de 1857, et que j’avais tirée de
MLWERKE , est
bourrée de fautes de scanner mal relues et mal corrigées.
Une
petite comparaison avec la mega originale édition MEGA (Berlin, Dietz Verlag,
1976) donne ceci :
Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend
sich rein identifiziert mit dem Vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der Feudalen, mit der sie noch direkt
zu kämpfen hatte, der Kritik die das Christentum am Heidentum, oder auch der
Protestantismus am Katholizismus ausübte. (mlwerke en ligne)
Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend
sich rein identifiziert mit den vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der feudalen, mit der sie noch direkt
zu kämpfen hatte, der Kritik, die das Christentum am Heidentum, oder auch der
Protestantismus am Katholizismus ausübte. (Édition
papier)
Ça
change tout ! Attention scanner en allemand danger grave !
Reprenons
la magnifique traduction de MM. Husson et Badia aux Éditions
staliniennes :
« Pour
autant que l’économie politique bourgeoise, créant une nouvelle mythologie, ne
s’est pas purement et simplement identifiée au passé, sa critique des sociétés
antérieures, en particulier de la société féodale, contre laquelle elle avait
encore à lutter directement, a ressemblé à la critique du paganisme par le
christianisme, ou encore à celle du catholicisme par le protestantisme. »
Non
seulement il n’est absolument pas question de sociétés antérieures dans cette
phrase mais bien d’économies antérieures, mais il n’est absolument pas question
de s’identifier au passé, mais bien de s’identifier aux économies
passées. « Mit dem Vergangnen » en allemand ne veut absolument
rien dire. Pour dire « avec le passé » en allemand il faut dire
« mit der Vergangenheit ». Par contre « mit den
vergangnen » devient lumineux. En allemand tous les substantifs, nom
communs comme noms propres, prennent une majuscule. Avec « mit den
vergangnen » (v minuscule) il s’agit d’un adjectif au datif pluriel. Il ne
s’agit donc pas de s’identifier au passé mais de s’identifier aux
passées (sous-entendu les économie passées). Pareillement le F majuscule
n’a aucun sens dans la première phrase. Pour dire « les antérieures »
(sous-entendu les économies antérieures) il faut utiliser l’adjectif
« früher », évidemment avec une minuscule comme tous les adjectifs,
et pour dire « particulièrement la féodale » il faut dire
« namentlich der feudalen » évidemment avec une minuscule aussi.
Les
Anglais avaient donné :
« In so far as bourgeois political
economy did not simply identify itself with the past in a mythological manner,
its criticism of earlier economies — especially of the feudal system against
which it still had to wage a direct struggle — resembled the criticism that
Christianity directed against heathenism, or which Protestantism directed
against Catholicism. »
Ils
avaient bien traduit, eux, les « économie antérieures » par
« earlier économies ». Par contre ils se plantent également en disant
« with the past » qui veut dire « avec le passé » alors
qu’ils auraient du dire « with the past ones » qui veut dire
« avec celles passées » (sous-entendu les économies).
Et
voilà ! Encore un broc d’eau dans la tronche ! Voilà trente-cinq ans
que vous lisez Marx en étant persuadé d’avoir tout compris, mais vous n’aviez
jamais imaginé que les traductions en français comportaient des fautes graves
qui changent du tout au tout le sens de ce que Marx dit. Traductions faites par
d’éminents agrégés de l’Université qui plus est. Quel âne vous faites !
Évidemment ça ne vous empêchera pas de trouver à y redire et de penser que vous
avez tout compris et que vous êtes le seul à avoir tout compris. Bien à vous.
Saluez Bartléby de ma part si vous le rencontrez dans les couloirs de
l’Université à Strasbourg.
Dernières
corrections : 23/10/06 00:06
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#34 on: 21. October 2006 at 16:37 »
Toto
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#35 on: 21. October 2006 at 17:01 »
Évidemment
il ne faut pas confondre non plus früher (avec une minuscule) et notre Führer
qui lui prend une majuscule.
Bartleby :
Soyons futils.... n’ayons l’air de rien
« Reply
#36 on: 22. October 2006 at 13:07 »
Cher
Toto,
Ce
serait plutôt dans les couloirs de la Sorbonne que vous auriez une chance de me
croiser :
Je
ne manque, quand même pas, de vous saluer amicalement, en espérant vous voir à
Strasbourg ; ce sera en février 2007. Je vous prépare aussi quelque chose
pour novembre, sur une chaîne nationale, une belle surprise. Mes chers
amis : Kalhydre et Kabouli me manquent, l’entrain, la santé, la bonne
humeur, la réinvention du langage et l’humour de Kabouli... la rage concentrée,
l’idéalisme méthodique jusqu’au lyrisme souverainiste de Kalhydre... et vous
mon cher Toto, véritable talmudiste du marxisme sous scanneur.... Mais je n’ai
que peu de temps, en ce moment... ne travaillez jamais... un travail à plein
temps. See
you soon.
Nemo :
Comment dit-on …
« Reply
#37 on: 23. October 2006 at 13:30 »
...
économie en chinois ?
Le
perroquet aptère est dans tous ses états : il vole « de découverte
en découverte ». Il avait déjà découvert qu’une traduction peut être
fautive — celle de Marx, ce qui l’arrangeait en l’occurrence. Et voilà qu’il
découvre — à ses dépends — qu’un scanner peut faire des fautes d’orthographe —
du coup il est emmerdé pour la traduction ; mais heureusement le Maître
est là qui veille — et le tOtO, malgré ses petites ailes atrophiées, est
capable de recopier aussi en allemand.
Cela
dit, il ne nous apprend rien de plus que ce qu’il répète de façon compulsive
chaque fois qu’il ouvre le bec sur le sujet ; à savoir : que Marx
n’est qu’un vilain économiste marxiste. Aussi, après la mise à l’épreuve de la
traduction française de Marx par l’original allemand, je suggérerais au
perroquet savant de confronter le texte allemand à sa traduction chinoise. En
effet, le chinois offre l’avantage d’être une langue très concrète, jusque dans
les notions abstraites (de plus son écriture la rend moins susceptible de
corruption). Par exemple, économie se traduit en chinois par : jingji
(guomín jingji, économie nationale), littéralement si l’on
décompose : jing, livre (canonique) et : ji, 1.
secourir, 2. traverser la rivière. Il n’est pas étonnant que dans la langue
chinoise, qui est une langue de lettrés, l’économie se résume à un livre de
recettes pour « traverser la rivière » de la vie, qui est souvent
difficile ; ou à un recueil des ressources disponibles pour
« secourir » des populations souvent dans le besoin. Il ne viendrait
pas à l’idée d’un chinois de chercher de l’économie ailleurs que dans un
livre ; ou de croire à une nature économique des choses.
Marx
qui n’était pourtant pas chinois, n’est pas tombé non plus dans ce travers,
n’en déplaise au perroquet — on peut certainement lui reprocher d’avoir abusé
des catégories de l’économie politique dans sa Critique ; mais
aussi, tenait-il à faire celle-ci dans les termes mêmes de l’économie,
comme il le dit d’ailleurs expressément.
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#38 on: 23. October 2006 at 15:37 »
Ju :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#39 on: 23. October 2006 at 16:28 »
le sinologue nietzschéen botte en touche.
Pour le plaisir de la connace mondaine :
http://www.editions-anonymes.fr/toto.htm
sans oublier notre priapiste gonflé au sébum :
http://www.lnalhooq.net/Texticules/Nemo_0/000_Sommaire.html
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#40 on: 23. October 2006 at 19:32 »
Hé
Bartleby
C’est
pas toi qui disait au plus fort des émeutes l’an dernier que quelque chose
avait radicalement changé et que plus rien ne serait comme avant ?
Efface-toi,
comme tes posts...
Omar Wisyam :
il senso della dialettica
« Reply
#41 on: 24. October 2006 at 13:15 »
è strano ma è vero : è Bartleby a
distruggere Debord.
Le
chiacchere amabili di Bartleby annullano Debord,
la
critica invidiosa, rancorosa, velenosa di Voyer lo rivitalizza.
Il
nemico peggiore di Debord sono i suoi divulgatori professionisti, i suoi
seguaci che chiaccherano e non lavorano, i giornalisti e i
« saggisti » ai margini più miseri dello spettacolo, non i suoi
critici.
Auguri
Voyer !
Nemo :
Marx, c’est pas le mauvais cheval :
« Reply
#42 on: 24. October 2006 at 13:41 »
...
une histoire chinoise
Marx
en chinois se dit : makesi ; littérallement : cheval /
vaincre / ce — « ce qui peut se traduire, si l’on veut par “le cheval
peut penser”. » Il existe en Chine une plaisanterie à ce propos :
« Un vieil ouvrier agricole, fatigué des éternelles campagnes politique
et des discussions, s’exclame : “J’entends toujours parler du cheval qui
peut penser. Le cheval qui peut penser, à quoi ça sert ? Le cheval peut
penser, le bœuf peut penser aussi. Où est la différence ?” »
Je
dédie cette petite fable aux animaux de la petite ménagerie voyériste —
particulièrement au perroquet tOtO.
Kabouli :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #43 on: 24. October 2006 at
15:26 »
Quote:
....Kabouli me manque, l’entrain , la santé , la
bonne humeur, la réinvention du langage et la bonne humeur
Merci,
monsieur Bartleby c’est en effet moi... tout craché. La réinvention du
langage me va droit au cœur, il y a tellement de pisse-syntaxe sur ce forum...
Bartleby :
Panégyrique de K.
« Reply #44 on: 25. October 2006 at
00:38 »
Cher
Kabouli,
Je
vous ferais un signe personnel, bientôt, sur les ondes nationales ;
j’aurais voulu faire votre panégyrique, comme celui de Kalhydre d’ailleurs,
mais le temps passe et nous emporte. Mon seul désagrément, c’est qu’il n’y ait
pas (ou presque) de répondant pour vous pousser dans vos dégagements, là où
vous êtes le meilleur. Quand vos inventions, votre bon sens faussement
brouillon, vos jeux de mots, et (j’ose le dire) votre culture bien réelle,
deviennent le plus performant. Vous êtes sous employé ici. C’est misère. Bref,
personne à votre hauteur, à part l’ex-debord(élique) Kalhydre et bien sûr l’ami
Toto.
Personne
ici n’a réinventé le langage comme vous ; souvent drôle, narquois, alerte,
parfois volontairement lourd, pachydermique en apparence, mais en fait
délibérément léger et agile, et surtout très très loin des dépressifs éffondrés
qui nous font malheureusement fuir ces lieux. Toujours en « grande
santé », votre gaité détonne dans cet univers de vautours apeurés par leur
propre malheur. J’aurais bien aimé vous connaître.
Quand
à l’Omar, son naïf paradoxe enfantin se mord la queue, si je puis dire ;
si je détruis « malgré moi » quelqu’un que M. Voyer cherche à
détruire « sciemment », où est le raisonnement ? Voudrait-il
tirer un signe égal qu’il ne s’y prendrais pas autrement, le maladroit. Bah !! Après tout, laissons l’Omar à ses syllogismes
macaronesques, qu’il s’amuse, c’est le principal. Sympatico ! Je
passe bientôt en Italie, pour quelques conférences, il nous sortira bien un
bardolino pour l’occasion.
Nemo :
Babartleby, Roitelet du Situland...
« Reply #45 on: 25. October 2006 at
06:22 »
...
— le pays où la vie brûle d’un feu si intense qu’elle se consumme par les deux
bouts de la chandelle (dont l’un est un trou) — où il jouit sans entrave et où
il tapine sans temps mort, repasse au debordel pour faire entendre le son de sa
petite trompe et distribuer des (bon)bons points aux gentils qu’il aime bien et
des tapettes aux vilains qu’il aime pas bien ; avant de repartir fissa
pour de nouvelles aventures au Situland.
A
la prochaine, Babartleby , tu reviens nous voir quand tu veux.
Kalhydre :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #46 on: 25. October 2006 at
11:19 »
Cher
Barte,
C’est
avec grand plaisir que je vous retrouve. J’aimerais bien reprendre notre
discussion ou en inventer une nouvelle, avec vous, l’ami kabouli et d’autres
également, mais hélas ces derniers temps j’ai tant de choses à faire...
Le
debordel, c’est finalement un luxe en matière de dépense de temps. Un
potlatch ?
En
tout cas faites-moi savoir assez à l’avance quand et où vous ferez signe à
kabouli (et à moi-même ?), ce sera sûrement très rigolo je vous fais
confiance pour cela.
salutations
à tous
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #47 on: 25. October 2006 at
17:09 »
En
fait, ce qu’il faut lire, c’est ceci :
Personne
ici n’a réinventé le langage comme moi, Bartleby ; souvent drôle,
narquois, alerte, parfois volontairement lourd, pachydermique en apparence,
mais en fait délibérément léger et agile
Tellement
léger avec la langue allemande, essayant de lui faire dire ce qu’elle ne dit
pas, essayait de ne pas lui faire dire ce qu’elle dit, essayant de donner un
sens à sa pauvre et misérable vie de grande folle...
Pas
surprenant qu’un Toto l’ait proprement mis K.O. comme tous s’en souviennent et
s’en souviendront...
T’es
un tocard, petit barte...
Ju :
Re: Babartleby, Roitelet du Situland...
« Reply #48 on: 29. October 2006 at
02:25 »
En
fait, ce qu’il faut lire, c’est ceci :
au
debordel, [moi nemo], pour faire entendre le son de [ma] sa petite trompe et
distribuer [mes] des (bon)bons points aux gentils qu’il aime bien et des
tapettes aux vilains qu’il aime pas bien ; avant de repartir fissa pour de
nouvelles aventures au Situland.
Tellement
léger avec Debord ou Voyer, essayant de lui faire dire ce qu’elle ne dit pas,
essayait de ne pas lui faire dire ce qu’elle dit, essayant de donner un sens à
sa pauvre et misérable vie de grande folle.
ect.
Nemo :
Meanwhile back in Voyerland…
« Reply #49 on: 29. October 2006 at
06:51 »
...
…les animaux de la petite ménagerie s’inventent des pseudos qu’il s’échangent
faute de mieux : alors, toi aujourd’hui tu ferais le kabouli ; tOtO
le Toto, puisqu’il ne sait bien faire que ça ; et moi je ferais le ju —
pour le tOntOn, on ferait un roulement.
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#50 on: 29. October 2006 at 09:06 »
Nemo :
Et tOtO…
« Reply #51 on: 29. October 2006 at
17:04 »
...
… fatigué de recopier du texte, découpe compulsivement les mêmes petites images
(peiniblement modifiées) dans ses albums de Tintin ; pauvre tOtO —
et pauvre Tintin.
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#52 on: 30. October 2006 at 18:05 »
Nemo :
Ci-dessus : prortrait du perroquet tOtO...
« Reply #53 on: 31. October 2006 at
11:52 »
...
en jeune chien rentrant la queue basse chez son Maître parce qu’il en a plein
le cul.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #54 on: 01. November 2006 at 20:01 »
« De
même que Démocrite transposait les concepts d’“en haut” et
d’“en bas” à l’espace infini où ils n’ont plus de sens, de même
Marx projetait dans l’histoire universelle passée et à venir une image
de la société où les conquêtes, les tensions, les motivations, voire les
fictions spécifiques de l’ère libérale, étaient censées représenter les données
constitutives de toute vie en commun. Ainsi par exemple Marx décrivait les
classes en termes essentiellement économiques en présupposant que la
séparation, réclamée par les libéraux, de l’État et de l’économie se retrouvait
à la base de toutes les sociétés. Dans sa perspective, les classes se
forment spontanément, par la seule action du progrès technique et de la
division du travail, sur la base des rapports purement privés qui constituent
la société civile.
Chaque
fois une classe particulière monopolise la “direction générale du
travail” en réduisant les producteurs directs à l’état d’instruments
passifs de la production. Elle s’approprie les conditions matérielles de la
production et institue les rapports de propriété adéquats : propriété
étatique, propriété féodale, propriété bourgeoise, etc. À une étape ultérieure
du développement économique, sa domination devient incompatible avec
l’expansion économique. “Alors s’ouvre une ère de révolution
sociale…” Finalement, l’évolution économique permet à la classe exploitée
et opprimée de la période précédente d’accéder à la prépondérance et d’imposer
à la société le mode “nouveau et supérieur” de production dont elle
est le porteur. L’histoire est le récit de la lutte des classes et celle-ci
aboutit chaque fois “ou bien à la transformation révolutionnaire de la
société tout entière ou bien à l’effondrement simultané des classes en
conflit”.
Il
va de soi que pareille image de la société et de son devenir présuppose une
autonomie et une spontanéité parfaites de la société civile, autrement dit que
l’action de l’État sur le monde économique reste nulle ou secondaire. C’est
précisément ce qu’affirme la théorie de l’État
“superstructure”. »
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #55 on: 01. November 2006 at
20:55 »
on 24. October 2006 at 15:26, kabouli wrote:
Merci, monsieur Bartleby c’est en effet
moi... tout craché. La réinvention du langage me va droit au cœur, il
y a tellement de pisse-syntaxe sur ce forum...
C’est
si vré !
Et
Bartleby qui ne fait toujours pas de la différence entre le futur et le
conditionnel :
Quote:
Je vous ferais un signe personnel, bientôt, sur
les ondes nationales
Il
est assurément promis à un grand avenir dans son métier...
Nemo :
Quelques citations pour le perroquet…
« Reply #56 on: 03. November 2006 at
06:27 »
...
… qui est tout content de recopier celles qu’on lui fournit.
Peu
à peu, sous l’étiquette de Marx, on avait vu se dresser dans l’arène des
sciences sociales un modèle qui représentait la société comme une sorte de
gâteau fait de couches superposées et inégales, dont la plus dure
(l’infrastructure) soutenait les autres (les superstructures) ; celles-ci
perdaient de leur consistance à mesure que l’on s’approchait de la couche
supérieure, faite de toutes les idées et idéologies que les hommes ont dans la
tête, et qui reflétaient de façon partielle et déformée à la fois l’intérieur
et l’extérieur de la société.
[...]
Mais
puisque la pensée n’est pas une instance séparée des rapports sociaux,
puisqu’une société n’a ni haut ni bas, qu’elle ne se compose pas de couches
superposées, il nous faut conclure que la distinction entre infrastructures et
superstructures, si elle garde un sens n’est pas une distinction de niveaux ou
d’instances, pas plus qu’elle n’est une distinction entre des institutions.
[...]
[…]
Elle est, dans son principe, une distinction de fonction. La notion de causalité
en dernière instance, de primats des infrastructures, renvoie à l’existence
d’une hiérarchie de fonctions et non à une hiérarchie d’institutions.
[...]
[Polanyi]
propose donc comme définition « substantive » de l’économie :
« … procès institutionnalisé d’interaction entre l’homme et son
environnement qui se traduit par la fourniture continue des moyens matériels
permettant la satisfaction des besoins ». On notera sans peine que cette
définition concorde avec la notion spontanée que le sens commun se fait de
l’économie, et avec les notions générales plus élaborées que les économistes
classiques plaçaient en tête de leurs ouvrages et que Marx avait reproduites et
analysées dans son « Introduction » à la Contribution à la
critique de l’économie politique. L’activité économique est un processus,
c’est-à-dire, comme le souligne Polanyi, un ensemble de
« mouvements » de production, de circulation et d’appropriation de
biens matériels. Mais ce procès n’a « d’unité et de stabilité » que
parce qu’il est « institutionnalisé », fonctionne à travers des
institutions, c’est-à-dire des rapports sociaux généraux des hommes entre eux
et au sein d’une société donnée. Nous sommes donc ici en présence de concepts
empiriques généraux, « abstraits » qui résument un certains nombres
de caractères communs à un ensemble de réalités concrètes. Ces concepts ne sont
ni vides ni inutiles. Ils constituent, pour reprendre les termes de Marx à
propos des termes de « production », de « consommation » et
même de « travail », des « abstraction rationnelles qui évitent
les répétitions inutiles ». Dans la réalité, chacun sait qu’« il
n’existe pas plus de production en générale que de production générale »
et les concepts abstraits « ne correspondent à aucun stade historique réel
de la production. » […] Marx ne tombe donc pas sous le reproche de
« myopie ethnocentrique et d’éclectisme aveugle » que Polanyi adresse
aux économistes libéraux. Non seulement il s’interdit lui aussi de projeter sur
toutes les sociétés les rapports capitalistes et les catégories qui les
expriment, bien ou mal, mais il recommande les plus extrêmes précautions dans
l’usages des concepts les plus généraux, en apparences pas neutres
idéologiquement, tel le concept de travail. Et il en va de même des catégories
de monnaie d’échange, de capital, etc.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #57 on: 03. November 2006 at 20:13 »
Oui,
et alors ? On se demande si Cap’tain Nullus s’en sort avec ses guillemets
qui se baladent un peu partout et ses petits points entre crochets où il
excelle généralement dans l’art du charcutage. Qui est qui ? et parle de
quoi ? That is the question ? La
citation que je me suis aimablement fourni moi-même est d’un seul tenant :
Kostas Papaioannou, De Marx et du Marxisme, pp. 376-377. Mais peut-être
que Mister Nul considère maintenant, comme M. Bartléby, qu’il faut être un
esprit simple, sinon simplet, pour réduire Marx à de telles
« absurdités ». Quand on pense que Debord pouvait déjà lire de telles
lignes dans les années soixante ! Pas étonnant qu’il trouvait ce Kostas
bizarre.
Nemo :
Toto se taille encore un Kostas
« Reply #58 on: 04. November 2006 at
09:31 »
Le
tOtO recopie de préférence, c’est bien normal, des citations qui vont dans le
sens de la vulgate voyeriste qu’il essaie péniblement de diffuser et de
défendre. Les miennes ne vont pas exactement dans ce sens ; il en voit
donc d’autant moins l’intérêt que sa religion est faite — et que toute façon il
n’y comprend rien. « Oui, et alors ? » ; « Qui
est qui ? et parle de quoi ? That is the question ? »
Une
citation étant une citation, les guillemets sont les guillemets de la citation
et ils ne « se baladent [pas] un peu partout », ils
sont à la place où ils doivent être. Quand aux « petits points entre
crochets », ils permettent simplement de ne recopier que ce qu’on veut
recopier.
Les
citations, elles, sont tirées de L’idéel et le matériel de Maurice
Godelier, un horrible anthropologue « marxiste », qui plus est
fondateur d’une l’anthropologie économique — ce qui est rédhibitoire
pour un voyériste —, que le perroquet ne peut par conséquent pas lire — il est
donc inutile que je lui indique les pages. En bon voyériste aligné, le
perroquet préfère évidemment recopier Papaioannou — référence voyériste
absolue : pour la critique de Marx ? Voyez le bon Papa — les
citations qui l’arrangent. Cela dit le livre de Kostas est tout à fait
recommandable — et si Debord le trouvait « bizarre », c’est
sans doute parce que la critique que fait Papaioannou du jeune Marx
n’arrangeait pas Debord pour qui c’était une référence absolue.
Kalhydre :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #59 on: 04. November 2006 at
13:14 »
De
fait, la pensée économique en décadence n’a jamais réussi à réfuter - voire à
discuter sérieusement - le contenu de l’économie marxiste et la critique ne
porte jamais que sur des questions de formes et de plus en plus sur des
questions personnelles : elle préfère spéculer sur les intention
subjectives, plutôt que d’aborder la discussion des idées exprimées. Ainsi,
parlera-t-on à perte de vue sur le point de savoir si les Manuscrits parisiens de 1844 sont philosophiques ou
économiques, sont une oeuvre de jeunesse et donc ne sont pas une... oeuvre de
maturité, et pourquoi ces textes n’ont pas été rédigés pour l’impression, ce
qui leur enlèverait une grande partie de leur importance.
Roger
DANGEVILLE, in Présentation d’Un chapitre inédit du Capital, 10/18, p.
20-21.
Debord
n’était même pas bordiguiste.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #60 on: 04. November 2006 at
16:39 »
Debord
était une tartine de merde. Quand vous vous serez mis ça dans le crane vous
aurez avancé d’un millimètre, bandes de petits branleurs (et branleuses).
« Quand
aux “petits points entre crochets”, ils permettent simplement de ne
recopier que ce qu’on veut recopier. »
Évidemment
on l’a bien compris et on t’as déjà vu à l’œuvre. Pour ne recopier que ce que
tu veux bien recopier y’en a pas deux comme toi.
Godelier,
Polanyi, quel marathon pfff , pfff… Il va falloir étayer tes citations mon
gaillard. Si tu ne veux pas donner les numéros de pages ce n’est pas grave. Je
les trouverai moi-même pour voir ce qu’il y a entre les crochets. C’est souvent
plus intéressant de lire ce que tu charcutes que ce que tu cites. Donc Debord
trouvait Kostas « bizarre » parce que la critique que celui-ci fait
du jeune Marx ne l’arrangeait pas. Mais si j’en crois Kostas, la critique de
jeune Marx avait déjà été fait par Marx lui-même. C’est en homme
« dégrisé » que Marx aborde son œuvre de maturité. Et ce Marx de la maturité
ne trouve pas plus grâce aux yeux de Kostas que le précédent.
« “Transposer dans les siècles reculés toutes les idées du siècle où
l’on vit, c’est des sources de l’erreur celle qui est la plus
féconde” : cet avertissement de Montesquieu est resté pour Marx lettre
morte. Il a voulu “rendre moderne les siècles passés” : c’est
de cette illusion perspectiviste que découle l’idée exclusive qu’il s’est fait
du rôle de la division du travail dans la formation des classes. » (op. cit., p.248.)
Le deuxième paragraphe de la page 262 est
assez amusant aussi. Kostas nous explique les délires de Marx à propos des
prêtres de l’Égypte ancienne. Délire que l’on trouve dans K, I, p. 539,
œuvre de maturité s’il en est.
Nemo :
Le perroquet se pavane...
« Reply #61 on: 05. November 2006 at
07:32 »
...
dans un Kostas bien trop large pour lui.
Le
perroquet s’énerve et insulte bêtement meilleur que lui — ce n’est pas
difficile. Le petit fion voyériste qui se croit autorisé par les
« géniales » élucubrations de son Maître à faire la leçon à d’autres
— forcément meilleurs que lui — en recopiant bêtement des citations autorisées
qu’il n’a pas besoin de saisir avec ses petits ailes atrophiées, voudrait, lui
débile volatile, me faire « étayer » les miennes parce
qu’elles tombent précisément sur sa petite tête de piaf sans qu’il puisse rien
faire pour s’en protéger : il n’en est pas question ; qu’il se
démerde ! Je me réjouis d’avance en pensant à la tête qu’il va faire quand
il va devoir se taper in extenso Le réel et l’idéel pour retrouver les
citations — excellentes au demeurant — que j’y ai prélevées.
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#62 on: 05. November 2006 at 09:27 »
« Il
me semble que le problème est de savoir ce que Marx à vraiment
écrit : c’est-à-dire ce qu’il a pensé. » (Mister Nemo qui
croit toujours tout savoir mieux que les autres s’immisce dans une Discussion
de salon, le 2 décembre 2005. Austerlitz lui monte à la tête peut-être.)
http://www.editions-anonymes.fr/toto.htm
C’est
pourquoi M. Nemo, qui ne s’énerve jamais (plus zen tu meurs), en appelle
maintenant à Godelier, à Polanyi, à qui sais-je encore, dans un déluge de
citations charcutées et sans queue ni tête qui aident énormément à la
compréhension de ce que Marx a « vraiment » écrit, c’est-à-dire ce
qu’il a « pensé ». Mais pour savoir ce que Marx a
« vraiment » écrit, encore faut-il ne pas se laisser abuser par les
traductions françaises de nos éminents marxistes (fifille Laura en tête) qui
remplacent carrément le mot « économie » en allemand par le mot
« société » en français. Donnerwetter !
Nemo :
tOtO trOuducteur
« Reply #63 on: 06. November 2006 at
07:19 »
En
attendant que le tOtO achève sa traduction de Marx pour que l’on puisse enfin
savoir ce que « Marx à vraiment écrit », je me contente de le
lire dans la traduction de Rubel et (ou) Evrard — et bien sûr dans celle de
Papaioannou pour les Écrits de jeunesse — qui sont largement suffisante
pour l’« honnête homme » mais qui ne sauraient évidemment satisfaire
un perroquet. Je m’intéresse aussi, comme il se doit, à ce qu’écrivent les
autres — Papaioannou n’est pas le seul à être digne d’intérêt —
«critiques » de Marx. Ce dont le tOtO peut faire l’économie depuis que son
Maître en a « achevé » la critique en décrétant « l’inexistence
de l’économie » — ce qui lui permet de se consacrer à la tâche
exaltante — pour un perroquet — de répertorier toutes les occurrences du
mot : économie, pour voir si par hasard, ou malveillance, il
n’aurait pas été traduit par : société.
Keep on truckin’ tOtO.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #64 on: 06. November 2006 at
17:37 »
« So kam die bürgerliche Ökonomie erst zum
Verständnis der feudalen, antiken, orientalen, sobald die Selbstkritik der
bürgerlichen Gesellschaft begonnen. Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht
mythologisierend sich rein identifiziert mit den vergangnen, glich ihre Kritik
der frühern, namentlich der feudalen, mit der sie noch direkt zu kämpfen hatte,
der Kritik, die das Christentum am Heidentum, oder auch der Protestantismus am
Katholizismus ausübte. »
« De
même l’économie politique bourgeoise ne parvint à comprendre les sociétés
féodales, antiques, orientales que du jour où eut commencé l’autocritique de la
société bourgeoise. Pour autant que l’économie politique bourgeoise, créant une
nouvelle mythologie, ne s’est pas purement et simplement identifiée au passé,
sa critique des sociétés antérieures, en particulier de la société féodale,
contre laquelle elle avait encore à lutter directement, a ressemblé à la
critique du paganisme par le christianisme, ou encore à celle du catholicisme
par le protestantisme. » (Traduction stalinienne de Husson et Badia,
Éditions sociales, 1957)
M.
Nemo croit que tout est simple, surtout pour un esprit de sa trempe. S’il
suffisait de répertorier toutes les occurrences du mot Ökonomie dans les deux
phrases ci-dessus, on en aurait que deux et on passerait à côté de la féodale,
de l’antique, de l’orientale, des passées et des antérieures. Ce qui fait quand
même pas mal pour deux phrases de dix lignes. Je signalerai encore à ce
fainéant ignare qui se croit très au-dessus du commun des mortels qu’il y a
maintenant un petit problème supplémentaire et qui commence sérieusement à me
titiller. Outre le fait que tous les traducteurs français, dans ces deux
phrases, remplacent « économies féodale, antique, orientale, passées et
antérieures » par « sociétés féodale, antique, orientale, passées et
antérieures », on peut légitimement se demander pourquoi les staliniens
Husson et Badia se permettent de traduire « bürgerliche Ökonomie »
par « économie politique bourgeoise ». « Bürgerliche
Ökonomie » veut dire « économie bourgeoise », point à la ligne.
Et « économie politique » se dit « politische Ökonomie »,
point à la ligne. Et c’est bien comme ça que Marx l’emploie, dans le titre (Zur
Kritik der politischen Ökonomie) et dans le texte. Pourquoi faire dire à
Marx « économie politique » quand il dit « économie » tout
court. M. Rubel, dans cette Introduction à la critique de l’économie
politique traduit systématiquement « bürgerliche Ökonomie » par
« économie bourgeoise », sauf une fois où le contexte est criant.
C’est ce qu’il y a de plus juste, de plus près du texte et de moins interprété.
La fifille Laura, dans sa traduction de 1909, fait de même pour les deux
phrases en question mais se permet parfois de rajouter des
« politique » que son auguste papa n’y avait pas mis. (Deuxième
traduction française du texte, inédit, publié pour la première fois par Kautsky
en 1903 dans sa revue Neue Zeit.) Dangeville, pareillement, parsème son
texte d’« économie politique » là où il estime que c’est opportun, et
là où Marx ne met pas de « politische Ökonomie ». Dans les deux
phrases en question il met « économie politique bourgeoise » pour la
première et « économie bourgeoise » tout court pour la deuxième.
Bizarre, non ? Et en plus il vient d’emmener son secret dans la tombe.
Scheissdreck ! Le « regretté Molitor », lui, n’a pas eu le temps
de terminer la traduction de cette Introduction avant de casser sa pipe.
C’est donc Mme Serelman-Küchler qui a bien voulu le faire à sa place pour les Œuvres
complètes de Marx (1954, Paris, Alfred Costes, éditeur). Cette traduction
est tellement catastrophique qu’il est préférable de ne pas en parler. Vergiss
es, comme dirait l’autre.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #65 on: 06. November 2006 at 18:43 »
« Alors,
je repose la question : qu’à donc découvert Voyer qui soit véritablement
révolutionnaire ? Rien ; ou pas grand chose : presque rien, si
on fait abstraction de ce style péremptoire “à l’esbroufe et à l’épate”
qui plait tant à ses fidèles. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait
l’ivresse. Après en avoir fini avec l’économie, réduite à néant ; lessivé
Debord et son Spectacle auquel il réserve un traitement particulièrement
drastique, le voilà à présent* qui corrige d’autorité la grammaire fautive de
ce pauvre Marx — sur une traduction : il eut été plus judicieux de se
référer au texte allemand — qu’il avait déjà sérieusement éreinté pour cause
d’économisme et d’utilitarisme rédhibitoire. »
*
Cf. le knock-blot de M. Ripley qui s’amuse comme il peut.
(Captain
Nemo, Faut pas pousser la grammaire dans les orties «on: 30. March 2006 at
16:22 »)
Jamais
content ce crétin. Un océan de mauvaise fois. Quand Voyer dit que Marx ne
comprend pas la grammaire quand il écrit Le Capital (http://perso.orange.fr/leuven/notes_mai_2006.htm#erreur_marx
), Mister Nemo rétorque : « Oui mais Voyer dit ça à partir d’une
traduction, il aurait été plus judicieux de consulter le texte allemand. »
Et quand je consulte un texte allemand et que je m’aperçois qu’il y a des
erreurs de traduction graves en français, M. Nemo, jamais à court d’argument,
me balance : « je me contente de le lire [Marx] dans la traduction de
Rubel et (ou) Evrard — et bien sûr dans celle de Papaioannou pour les Ecrits
de jeunesse — qui sont largement suffisante pour l’“honnête homme ”
(…) » L’honnête homme, pffftt, pffftt !
Nemo :
Une bonne correction
« Reply #66 on: 07. November 2006 at
06:50 »
La
traduction de Marx par Rubel semble trouver grâce au regard d’aigle du
perroquet — celle du bon Papa aussi, je suppose. C’est déjà ça, en attendant la
sienne. Il n’empêche que Voyer corrigeait — pro domo, évidemment — Marx
en français ; alors qu’il loue — pro domo, toujours — Hegel dans le
texte. Quand il disposera de la trOuduction fidèle du tOtO, il pourra enfin corriger
Marx sur une traduction maison.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #67 on: 07. November 2006 at 11:04 »
« La
traduction de Marx par Rubel semble trouver grâce au regard d’aigle du
perroquet — celle du bon Papa aussi, je suppose. » (Cap’tain Nul)
Mister
Nullus vous êtes lourd. La traduction de « bürgerlische Ökonomie »
par « économie bourgeoise » chez Rubel trouve grâce à mes yeux. La
traduction de « économies féodale, antique, orientale, passées et
antérieures » par « sociétés féodale, antique, orientale, passées et
antérieures » est tout simplement insupportable pour un marxologue aussi
patenté. Quand à Kostas, quel dommage qu’il n’ait traduit que les œuvres de
jeunesse. J’aurais été bien curieux de voir s’il se serait permis de transformer
« économie » en « société » dans les deux phrases de l’Introduction.
Comme tous les traducteurs français le font systématiquement depuis la fifille
Laura en 1909. Que vive la précision de l’ajusteur-mécanicien !
Nemo :
TrOu(re)ducteur : petit fiOn
« Reply #68 on: 08. November 2006 at
06:32 »
« La
traduction de “bürgerlische Ökonomie” par “économie
bourgeoise” chez Rubel trouve grâce à mes yeux. La traduction de
“économies féodale, antique, orientale, passées et antérieures” par
“sociétés féodale, antique, orientale, passées et antérieures” est
tout simplement insupportable pour un marxologue aussi patenté. »
Il
faut alors se demander pourquoi « un marxologue aussi patenté »
se permet de traduire : économie, par : société. C’est une question
que se garde bien de poser le perroquet — il ne peut pas tout faire avec ses
petites ailes atrophiées. Si l’on écarte l’incompétence ; et puisqu’il n’y
a aucune raison que ce soit de la malveillance, ce ne peut être, de la part
d’un traducteur qui possède son sujet, que volonté — critiquable, peut-être, du
strict point de vue de la lettre — de bien traduire la pensée de Marx — ce qui
implique au minimum de ne pas la trahir.
J’ai
une réponse à la fois simple, logique et économe : parce le marxologue
patenté sait que pour Marx, il n’y véritablement d’économie que
bourgeoise ; même s’il applique les catégories de l’économie politique à
d’autres sociétés — ce qu’en toute rigueur il ne devrait pas faire — dans sa
démonstration, justement parce qu’il a voulu faire cette critique dans les
termes mêmes et selon les catégories de l’économie bourgeoise, pour la battre
sur son propre terrain, et montrer ce que cachent ces catégories — qui n’ont
rien de neutre.
Ce
sont des considérations qui échappent évidemment à un perroquet voyériste
habitué à réagir au stimulus dès qu’il voit écrit le mot : économie
(vilaine !). Et aussi : pourquoi quelqu’un qui croit de toute façon
que Marx réduit toute société à l’économie, vient t-il se plaindre du fait
qu’un marxologue patenté traduise : économie,
par : société ?
Nemo :
Marx / Rubel envers et contre…
« Reply #69 on: 08. November 2006 at
12:28 »
...
le perrOquet trOu(ré)ducteur.
Le
travail est apparemment une catégorie toute simple. De même, l’idée du travail
dans cette généralité — en tant que travail tout court — est vieille comme le
monde. Et pourtant, saisi dans cette simplicité du point de vue économique, le
« travail » est une catégorie tout aussi moderne que les rapports qui
font naître cette abstraction simple.
[…]
Cet
exemple du travail montre d’une façon frappante que les catégories les plus
abstraites elles-mêmes — malgré leur validité (à cause de leur abstraction)
pour toutes les époques n’en sont pas moins, dans cette détermination
abstraite, tout autant le produit de conditions historiques et n’ont leur
pleine validité que pour elles et dans leur limite. / La société bourgeoise est
l’organisation historique de la production la plus développé et la plus
différenciée qui soit. Les catégories qui expriment ses conditions et la
compréhension de sa structure permettent en même temps de comprendre la
structure et les rapports de production de tous les types de sociétés disparus
[…]. L’anatomie de l’homme est une clé pour l’anatomie du singe. […] Ainsi
l’économie bourgeoise fournit la clé de l’économie antique, etc. Mais nullement
à la manière des économistes qui effacent toutes les différences historiques et
voient dans toutes les formes de société la forme bourgeoise. On peut
comprendre le tribut, la dîme, etc., quand on connaît la rente foncière ;
mais il ne faut pas les identifier. En outre, comme la société bourgeoise
n’est elle-même qu’une forme contradictoire de l’évolution, certains facteurs
appartenant à des formations sociales antérieures ne se retrouveront en elle
que tout à fait étiolés ou même travestis. Par exemple la propriété communale.
Par conséquent, s’il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoises
possèdent une certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société,
cela ne doit être admis que cum grano salis. Elles peuvent les contenir
sous une forme développée, étiolée, caricaturée etc., mais la différence sera
toujours essentielle. La prétendue évolution historique repose en général sur
le fait que la dernière formation sociale considère les formes passées comme
autant d’étapes vers elle-même, et qu’elle les conçoit toujours d’un point de
vue partial.
[Introduction
générale à la Critique de l’économie politique (1857), p. 258 et suivantes,
Economie I, Pléiade]
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #70 on: 08. November 2006 at 18:33 »
« Il
faut alors se demander pourquoi “un marxologue aussi patenté” se
permet de traduire : économie, par : société. (…)ce ne peut être, de
la part d’un traducteur qui possède son sujet, que volonté — critiquable,
peut-être, du strict point de vue de la lettre — de bien traduire la pensée de
Marx — (…) »
(Cap’tain
Nul)
Volonté
de bien traduire la pensée de Marx, évidemment. C’est la même qui devait animer
la fifille à son papa en 1909. Volonté que tous les traducteurs qui ont suivi
ont copiée comme un seul homme. Pour être marxologue on n’en est pas moins
marxiste. Mais on peut se demander alors pourquoi cet honnête traducteur qui
possède si bien son sujet et qui traduit si bien la pensée de Marx, à savoir,
qu’il n’y a, « d’après Marx », d’économie que bourgeoise, nous donne
tout d’un coup : « Ainsi l’économie bourgeoise fournit la clé de l’économie
antique, etc. » N’aurait-t-il pas été plus juste de la part de ce
traducteur qui possède si bien son sujet et qui sait que pour Marx, il n’y
véritablement d’économie que bourgeoise, de dire : « Ainsi l’économie
bourgeoise fournit la clé de la société antique, etc. » Cela aurait
certes été critiquable du strict point de vue de la lettre, mais l’eut empêché
de trahir gravement la pensée de Marx. Rubel social-traître !
Mutato
nomine, de te fabula narratur.
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #71 on: 08. November 2006 at
19:32 »
on 08. November 2006 at 18:33, Toto wrote:
« Ainsi l’économie bourgeoise fournit la clé de l’économie antique, etc. »
Alors
qu’il fallait évidemment lire : « Ainsi la communication moderne
fournit la clé de la communication antique, etc. ».
(Révélations...)
Ce
qui est assurément plus rigoureux...
Kabouli :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #72 on: 08. November 2006 at
22:34 »
effectivement....
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #73 on: 10. November 2006 at
18:42 »
on 08. November 2006 at 22:34,
kabouli wrote:
[effective]ment....
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #74 on: 11. November 2006 at
10:59 »
« Die bürgerliche Ökonomie liefert so den Schlüssel
zur antiken etc. »
« Ainsi
l’économie bourgeoise nous donne la clef de l’antique etc. »
Tout
le reste n’est que littérature...
Nemo :
Cum grano salis...
« Reply #75 on: 11. November 2006 at 16:59 »
« [...]
s’il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoises possèdent une
certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société, cela ne doit
être admis que cum grano salis. »
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #76 on: 11. November 2006 at 20:34 »
M.
Nemo nous ramène maintenant son petit grain de sel. Je l’attendais celui-là, un
peu plus tôt il est vrai mais mieux vaut tard que jamais. En fait Mister Nul
nous fait une véritable fixation sur les « catégories » de l’économie
bourgeoise. Évidemment que ces « catégories » prêtent à discussion,
Marx ne s’en est pas privé, comme on le comprend. Ces catégories possèdent
cependant une « certaine vérité valable pour toutes les autres formes de
société ». Pour trouver cette vérité valable pour toutes les autres formes
de société Marx se propose de raisonner en dehors de l’économie bourgeoise, de
faire la critique de l’économie bourgeoise. Je vais vous dire maintenant ce
qu’est réellement l’économie pour Marx. Il suffit de se reporter à la Préface
de Zur Ktitik der politischen Ökonomie de 1859, préface que Marx a
finalement substitué à son Introduction de 1857.
« Dans
la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports
déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de
production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces
productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production forme la
structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle
s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes
déterminées de la conscience sociale. »
La
structure économique de la société, la base concrète. À ce que je sache,
d’après Marx, les hommes de l’Antiquité, comme ceux du Moyen Age et ceux de la
société moderne avaient une « production sociale de leur existence »,
ils entraient « en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de
leur volonté ». Il y a donc bien, pour Marx, une « structure
économique » de la société antique ou féodale. Il est légitime, pour Marx,
de parler d’économie féodale, antique et orientale, n’en déplaise à ses
traducteurs.
« (…)
Le changement dans les fondations économiques s’accompagne d’un
bouleversement plus ou moins rapide dans tout cet énorme édifice. Quand on
considère ces bouleversements, il faut toujours distinguer deux ordres de
choses. Il y a le bouleversement matériel des conditions de production
économique. On doit le constater dans l’esprit de rigueur des sciences
naturelles. Mais il y a aussi les formes juridiques, politiques,
religieuses, artistiques philosophiques, bref les formes idéologiques dans
lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le poussent jusqu’au
bout. »
L’esprit
de rigueur des sciences naturelles. Bigre !
« (…)
Réduits à leurs grandes lignes, les modes de production asiatique, antique,
féodal et bourgeois moderne apparaissent comme des époques progressives de
la formation économique de la société. Les rapports de production bourgeois
sont la dernière forme antagonique du processus social de la
production. »
La
dernière forme et non pas l’unique forme. L’économie bourgeoise nous donne la
clé de l’économie antique etc. Où c’est que Mister Nullus ne voit d’économie
« que bourgeoise » dans tout ça ? Je vous le demande un peu,
beaucoup.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #77 on: 12. November 2006 at 14:23 »
Cette
« Préface » à la Critique de l’économie politique, Rubel
l’appelle « Avant-propos » dans Karl Marx, Philosophie,
Gallimard, coll. Folio essais, 1996. Il se fend même d’une petite note pour
commenter le texte :
« On
trouve ici, condensée en deux pages, la théorie exposée dans l’Idéologie
allemande, dont Marx va parler plus loin, et qui est également formulée en
divers endroits de Misère de la philosophie. — Ce “fil
conducteur”, Engels le baptisera plus tard “matérialisme
historique” (avril 1892, “Introduction” à Socialism
Utopian and Scientific). » (Note1 de la page 490).
Voilà
ce qu’est le « matérialisme historique » dont l’expression n’est pas
de Marx mais qui est le condensé pur et simple de ce que Marx a voulu dire en
collaboration avec Engels.
Et
c’est en écrivant des niaiseries aussi purement marxistes que la thèse 40 de La
société du spectacle que l’écriture de Debord se serait portée « aux
avant-postes du dépassement du matérialisme historique » pour reprendre
les termes de la connasse Bartleby qui pontifie dans le Zinzin littéraire ?
Laissez-moi rire. La vérité c’est que Debord ne fait pas avancer les choses
d’un millimètre. Debord est un gauchiste un peu moins bête que les autres et
qui enrobe son épaisse stupidité marxiste d’un tour hégélien et surréaliste
destiné à en foutre plein la vue. Ça a marché, et ça marche encore apparemment.
Ça ne marchera pas toujours.
Kalhydre :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #78 on: 12. November 2006 at
15:28 »
on 12. November 2006 at 14:23, Toto wrote:
Et c’est en écrivant des niaiseries aussi
purement marxistes que la thèse 40 de La société du spectacle que
l’écriture de Debord se serait portée « aux avant-postes du
dépassement du matérialisme historique » pour reprendre les termes de
la connasse Bartleby qui pontifie dans le Zinzin littéraire ?
Laissez-moi rire. La vérité c’est que Debord ne fait pas avancer les choses
d’un millimètre. Debord est un gauchiste un peu moins bête que les autres
et qui enrobe son épaisse stupidité marxiste d’un tour hégélien et
surréaliste destiné à en foutre plein la vue. Ça a marché, et ça marche
encore apparemment. Ça ne marchera pas toujours.
C’est
« purement marxiste » mais il y a quand même « un tour hégélien
et surréaliste ».
Est-ce
que j’ai l’air purement marxiste, moi ?
Pure
ment, n’est-ce pas.
La
survie augmentée, il fallait trouver quand même. C’est purement marxiste mais
on a envie de dire que c’est du Marx concentré en une seule thèse. Si on a
compris la thèse 40 on a aussi l’impression de ne plus devoir comprendre grand
chose chez Marx. Il est là le tour — de force.
De
toute façon qui est-ce qui lit vraiment Debord, sans parler de Marx ? Et
qui a lu Voyer ?
Bon,
assez radoté pour aujourd’hui.
C’était
la minute polémique, en direct de l’inutile debordel.
El magnifico :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #79 on: 12. November 2006 at
15:59 »
Qu’est
que nous entendons par richesse ? comment est-elle produite, consommée, de
quelle manière est organisée, ou plutôt s’organise sa création et sa
distribution ? La richesse de la France d’aujourd’hui n’est pas comparable
avec celle du Moyen-age, car il n’y a pas de commune mesure. L’ouvrier chez
Renault n’a pas la même représentation et la même pratique de richesse que le
sujet d’une société féodale et dans les sociétés fondés sur le don, la richesse
est une notion rigoureusement antagoniste à celle de l’échange, comme c’est le
cas, par exemple, dans la société traditionnelle kanak. Une enquête sérieuse
montrerait d’ailleurs très vite que l’histoire du capitalisme n’a jamais été
celle de l’augmentation de la qualité de vie.
« La
richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste
s’annonce comme une immense accumulation de marchanises », disait Marx, et
désignait par là que cette richesse fait totalement abstraction du côté
sensitif de son usage. Elle est « travail mort », « temps
abstrait », elle se constate dans les comptabilités plus que dans la vie
empirique car représentée par son fétiche - la monnaie, elle est elle-même son
unique objectif. C’est la « survie augmentée » dont parlait Debord
qui « ne cesse de contenir la privation ». Et cette « richesse
du manque » dont l’usage des biens n’est qu’un effet secondaire de son
mouvement, peut être distribuée seulement selon sa propre logique.
Inutile
alors de revendiquer une répartition juste des richesses, car il s’agit de
transformer la richesse elle-même, d’après des critères directement liés à la
vie et non à la « survie augmentée ».
Johannes
Vogele, fragment d’une (auto)critique de la gauche politique, économique et
alternative.
http://www.krisis.org/j-vogele_critique.html
Nemo :
Le perrOquet trOu(ré)ducteur…
« Reply #80 on: 12. November 2006 at
16:29 »
...
ne comprend rien au sel de l’histoire.
Que :
« L’anatomie de l’homme est une clé pour l’anatomie du singe. »
est évidemment à prendre cum grano salis. Ce qui veut dire qu’il ne faut
pas prendre l’expression au pied de la lettre sans en saisir l’ironie — et
prendre le singe pour l’homme qu’il n’est pas, comme un vulgaire perroquet
voyériste peut le faire. Comme le dit Marx : « la différence sera
toujours essentielle ». Idem, lorsqu’on applique les catégories
de l’économie bourgeoise à d’autre types de société ; puisque les
catégories de l’économie bourgeoise sont et restent strictement les catégories
de la société du capital.
Nemo :
Encore un peu de sel…
« Reply #81 on: 13. November 2006 at
14:05 »
...
sur la queue du perroquet.
« La
prétendue évolution historique » pour laquelle « la dernière
formation sociale considère les formes passées comme autant d’étapes vers
elle-même » : la société du capital, est précisément déconsidérée
par la critique de Marx qui, en appliquant rigoureusement les catégories de
cette « dernière formation sociale » à toutes les autres
sociétés, aboutit — ironie de l’histoire — à la condamnation de celle-ci dont
il sape les fondements en en révélant la genèse.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #82 on: 13. November 2006 at 18:17 »
« “L’anatomie
de l’homme est une clé pour l’anatomie du singe.” est évidemment à
prendre cum grano salis. » (Mister Nul)
Et
l’ontogenèse résume la phylogénèse, c’est à prendre cum grano salis
peut-être ? Mister Nul confond le singe et l’homme avec leur anatomie. Et
prête à Marx de l’ironie mal placée. Le singe n’est pas l’homme, mais tous les
deux ont une anatomie dont l’une nous donne la clef de l’autre. La société
bourgeoise n’est pas la société antique, mais toutes les deux ont une économie
dont l’une nous donne la clef de l’autre. En quoi le fait que la différence
entre A et B soit essentielle empêche-t-il B d’exister ? Si B n’existe pas
comment pourrait-il y avoir une différence essentielle entre A et B ?
C’est
amusant cette obsession de Mister Nul à essayer de nous persuader que pour Marx
il n’y a pas de réalité économique avant le monde bourgeois. Qui l’eut
cru ?
« Par
conséquent, s’il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoises
possèdent une certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société,
cela ne doit être admis que cum grano salis. (…) La prétendue évolution
historique repose en général sur le fait que la dernière formation sociale
considère les formes passées comme autant d’étapes vers elle-même, et qu’elle
les conçoit toujours d’un point de vue partial. La dernière formation sociale
est rarement capable — et seulement dans des conditions bien déterminées — de
faire sa propre critique. (…) C’est ainsi que l’économie bourgeoise ne parvint
à l’intelligence de l’économie féodale, antique, orientale qu’au moment où la
société bourgeoise entreprit de se critiquer elle-même. Pour autant que
l’économie bourgeoise ne s’est pas purement et simplement identifiée aux
économies passées en se fabriquant des mythes, sa critique des économies
antérieures, surtout l’économie féodale contre laquelle elle avait encore à
lutter directement, fut semblable à la critique dirigée par le christianisme
contre le paganisme, ou encore à celle du protestantisme contre le
catholicisme. » (Mister Karl)
Il
va falloir corriger votre Rubel avec un gros crayon rouge, M. Nemo. Et
l’envoyer au piquet avec un bonnet d’âne.
« puisque
les catégories de l’économie bourgeoise sont et restent strictement les
catégories de la société du capital. » (Mister Nul)
Sur
ce deuxième point je vous répondrai un peu plus tard en appelant Aron à la
rescousse.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #83 on: 13. November 2006 at 18:40 »
L’économie
bourgeoise lutte encore directement avec l’économie féodale. Il s’agit
évidemment de la réalité économique bourgeoise luttant encore directement avec
la réalité économique féodale. Imagine-t-on l’économie politique bourgeoise
luttant encore directement avec l’économie politique féodale ? Ce sont
bien les nouveaux rapports de production bourgeois, consécutifs aux nouvelles
forces productives, qui luttent encore directement avec les anciens rapports de
production féodaux. Le moulin à vapeur remplace le moulin à voile.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #84 on: 13. November 2006 at 20:28 »
Raymond
Aron, Le marxisme de Marx, Éditions de Fallois, coll. Le Livre de Poche
Références, 2002, pp.266-267.
[BEGIN]
Une
épigraphe noue Le Capital
Je
cite encore un autre passage tiré de Misère de la philosophie. Texte
classique, essentiel, qui présente, en une formule sommaire, l’interprétation
matérialiste de l’histoire. Il a été très souvent cité. Il souligne, sous une
autre forme, la même idée, celle de la primauté des forces de production.
« Les
catégories économiques ne sont que les expressions théoriques, les abstractions
des rapports sociaux de la production. »
Il
faut être attentif à cette phrase qu’on pourrait mettre, en épigraphe du Capital.
Elle rappelle ce que j’ai expliqué plusieurs fois, à savoir que Marx prépare
simultanément la Critique de la réalité économique et la Critique de
la science économique. Ces deux critiques sont inséparables l’une de
l’autre, puisque la science économique n’est que l’expression théorique de la
réalité économique. Aussi continue-t-il avec son amabilité ordinaire :
« Monsieur
Proudhon, en vrai philosophe, prenant les choses à l’envers, ne voit dans les
rapports réels que les incarnations de ces principes, de ces catégories, qui
sommeillaient, nous dit encore Monsieur Proudhon le philosophe, au sein de la
“raison impersonnelle de l’humanité” ».
Si
nous laissons les gracieusetés, nous pouvons retenir le thème
fondamental : les catégories économiques sont l’expression théorique des
rapports réels.
Mais
qu’est-ce qu’est ce qui est essentiel dans les rapports de production ? Et
Marx propose une réponse :
« Les
rapports sociaux sont intimement liés aux force productives. En acquérant de nouvelles
forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en
changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent
tous leurs rapports sociaux. Le moulin à bras vous donnera la société avec le
suzerain, le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel ».
C’est
un passage que l’on a cité indéfiniment et qui s’offre certainement pas
l’expression la plus compréhensive du matérialisme historique, mais il s’agit
d’une des interprétations possibles : on part des catégories économiques
et on les ramène aux rapports de production, on analyse les rapports de
production et on les ramène aux forces productives et, finalement, on aboutit à
l’une des interprétations possibles, celle qui mettrait l’accent sur la primauté
quasi absolue des moyens techniques de production.
[END]
« La
science économique n’est que l’expression théorique de la réalité
économique. » « Les catégories économiques sont l’expression
théorique des rapports réels. » Quel con ce Aron ! Incapable d’atteindre
les hauteurs abyssales de notre Nullus de service.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #85 on: 14. November 2006 at 17:47 »
Une
petite note du Capital maintenant. Dans la célèbre Quatrième partie du
Chapitre premier de la Première section du Premier livre : « Le
caractère fétiche de la marchandise », note 39 de la page 75 de l’édition
in the Pocket, du Livre premier du Capital aux Éditions socialiniennes,
1977.
39.
« Les économistes ont une singulière manière de procéder. Il n’y a pour
eux que deux sortes d’institutions, celles de l’art et celles de la nature. Les
institutions de la féodalité sont des institutions artificielles, celles de la
bourgeoisie sont des institutions naturelles. Ils ressemblent en cela aux
théologiens, qui, eux aussi, établissent deux sortes de religions. Toute
religion qui n’est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur
propre religion est une émanation de Dieu... Ainsi il y a eu de l’histoire,
mais il n’y en a plus. » (Karl MARX, Misère de la philosophie. Réponse
à la Philosophie de la misère de M. Proudhon, 1847, p. 113.) Le plus drôle
est Bastiat, qui se figure que les Grecs et les Romains n’ont vécu que de
rapine. Mais quand on vit de rapine pendant plusieurs siècles, il faut pourtant
qu’il y ait toujours quelque chose à prendre ou que l’objet des rapines
continuelles se renouvelle constamment. Il faut donc croire que les Grecs et
les Romains avaient leur genre de production à eux, conséquemment une
économie, qui formait la base matérielle de leur société, tout comme l’économie
bourgeoise forme la base de la nôtre. [Es scheint daher, daß auch
Griechen und Römer einen Produktionsprozeß hatten, also eine Ökonomie,
welche ganz so die materielle Grundlage ihrer Welt bildete wie die bürgerliche
Ökonomie die der heutigen Welt.] Ou
bien Bastiat penserait-il qu’un mode de production fondé sur le travail des
esclaves est un système de vol ? Il se place alors sur un terrain
dangereux. Quand un géant de la pensée, tel qu’Aristote, a pu se tromper dans
son appréciation du travail esclave, pourquoi un nain comme Bastiat serait-il
infaillible dans son appréciation du travail salarié ? — Je saisis cette
occasion pour dire quelques mots d’une objection qui m’a été faite par un
journal allemand-américain à propos de mon ouvrage : Contribution à la
critique de l’économie politique, paru en 1859. Suivant lui, mon opinion
que le mode déterminé de production et les rapports sociaux qui en découlent,
en un mot que la structure économique de la société est la base réelle sur
laquelle s’élève ensuite l’édifice juridique et politique, de telle sorte que
le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement
de la vie sociale, politique et intellectuelle — suivant lui, cette opinion est
juste pour le monde moderne dominé par les intérêts matériels mais non
pour le Moyen Age où régnait le catholicisme, ni pour Athènes et Rome où
régnait la politique. Tout d’abord, il est étrange qu’il plaise à certaines
gens de supposer que quelqu’un ignore ces manières de parler vieillies et usées
sur le Moyen Age et l’Antiquité. Ce qui est clair, c’est que ni le premier ne
pouvait vivre du catholicisme, ni la seconde de la politique. Les conditions
économiques d’alors expliquent au contraire pourquoi là le catholicisme et ici
la politique jouaient le rôle principal. La moindre connaissance de l’histoire
de la République romaine, par exemple, fait voir que le secret de cette
histoire, c’est l’histoire de la propriété foncière. D’un autre côté, personne
n’ignore que déjà don Quichotte a eu à se repentir pour avoir cru que la
chevalerie errante était compatible avec toutes les formes économiques de la
société.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #86 on: 14. November 2006 at
18:29 »
« Ein Produktionsprozeß, also eine Ökonomie. » Heil !!!
Nemo :
Aron, Aron petit patapon
« Reply #87 on: 15. November 2006 at
05:50 »
C’est
curieux cette obsession du perroquet tOtO de vouloir réduire à tout prix Marx à
l’économie. Mais ça se comprend quand on sait qu’en réduisant Marx, c’est
Voyer, génial inventeur de « l’inexistence de l’économie »
qu’il veut grandir.
Marx
est certainement resté prisonnier des présupposées utilitaristes de son
temps ; mais cela n’en fait pas un « réaliste économique » pour
autant. Quand Marx utilise les catégories bourgeoises — qui ne sont que des
abstractions — en les appliquant à d’autres réalités sociales, il ne perd
jamais de vue leur lieu d’origine et de production ; ni le fait que c’est
en tant qu’abstractions qu’elles peuvent s’aplliquer à d’autres sociétés, bien
que celle à laquelle elle s’applique strictement est la société bourgeoise. Et
quand Marx critique l’economie bourgeoise, il ne critique pas la « réalité
économique » (n’en déplaise à Aron), il dénonce l’exploitation capitaliste.
Marx ne tombe cependant jamais dans l’erreur d’identifier les différents types
de société , même s’il n’evite pas la confusion qui peut résulter de l’usage
d’une terminologie identique.
Le
perroquet s’est tout de même aperçu que « le singe n’est pas l’homme » ;
c’est déjà ça. Mais, ce qui le dérange, c’est que Marx fasse de l’anatomie de
l’un la clé de celle de l’autre : c’est comme si il forcait une serrure
avec une fausse clé. C’est vrai que Marx force un peu ; il n’empêche qu’il
réussit avec sa clé bricolée à ouvrir une porte restée fermée jusque-là et à
montrer ce qu’il y a derrière. Ce n’est pas un petit fion voyériste qui prétend
lui faire la leçon qui réussira à la refermer ; on peut toujours y aller
voir avec profit, si l’on veut se renseigner sur la réalité du capitalisme —
dont l’économie n’est que l’expression intéressée.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #88 on: 15. November 2006 at 10:45 »
C’est
extrêmement curieux en effet. M. Nemo pense que Marx ne tombe pas dans
l’erreur, mais qu’il est confus dans sa formulation. Moi qui croyait que ce qui
se conçoit clairement s’énonce aisément. Mister Nullus voit de l’ironie chez
Marx là où elle n’a pas lieux d’être. Par contre il n’a pas vu la profonde
ironie de la note 39. En fait ce que Marx veut dire c’est que plus bête que Say
on a Bastiat. On pourrait penser qu’après ça, plus bête que Bastiat tu meurs.
Mais, en fait, cent fois plus con que Bastiat on a encore Nemo. Qui ne meurt
pas pour autant car il y a belle lurette que le ridicule ne tue plus.
C.
Knife :
La leçon du prophète
« Reply #89 on: 15. November 2006 at
11:17 »
Nemo
fait la leçon à Marx, pour la plus grande joie d’El Cretino :
« J’ai
une réponse à la fois simple, logique et économe: parce le marxologue patenté
sait que pour Marx, il n’y véritablement d’économie que bourgeoise ; même
s’il applique les catégories de l’économie politique à d’autres sociétés — ce
qu’en toute rigueur il ne devrait pas faire — dans sa démonstration, justement
parce qu’il a voulu faire cette critique dans les termes mêmes et selon les
catégories de l’économie bourgeoise, pour la battre sur son propre terrain, et
montrer ce que cachent ces catégories — qui n’ont rien de neutre. » (Nemo
Philippulus)
Marx
a manqué de rigueur pour notre Nemo Philippulus. Marx n’avait pas à appliquer
les catégories de l’économie politique à d’autre sociétés nous dit-il, frappant
violemment sur son gong. Nemo Philippulus sait que pour Marx « il n’y
véritablement d’économie que bourgeoise », pour rajouter plus loin :
« même s’il n’evite pas la confusion qui peut résulter de l’usage d’une
terminologie identique ».
Heureusement
que le gong de Nemo Philippulus est là pour nous sortir de notre torpeur. Marx
était confus et de plus, il manquait de rigueur, c’est Nemo Philippulus qui
nous l’affirme. Dong !
Il
y a quand même quelque chose qui force le respect chez notre prophète :
c’est sa faculté à enfiler des perles tout en frappant inlassablement son gong.
Et
c’est ainsi que Debord est grand et Nemo Philippulus son prophète.
Dong !
Toto :
Re: Foucault,
Veyne–Fragments
« Reply
#90 on: 15. November 2006 at 19:05 »
Ce
que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et
les mots pour le dire arrivent aisément.
Nemo :
Un perroquet sur Marx : …
« Reply #91 on: 16. November 2006 at
18:42 »
...
c’est plein de méchante économie partout !
Le
perroquet tOtO aime bien recopier Marx pour montrer quel affreux maniaque de
l’économie il était — depuis qu’il sait que : « l’économie
n’existe pas », il trouve ça très vilain. Mais il montre surtout qu’il
n’est qu’un petit fion voyériste tout émoustillé de faire la leçon à Marx —
dont il faut évidemment préférer la leçon à celle du petit fion merdeux.
Ainsi
de son dernier recopiage à charge. Que je décharge donc. Marx part du principe
que c’est ce que font les hommes qui détermine leur pensée. C’est donc le
capitalisme industriel et marchand qui détermine la pensée économique. Pour le
matérialiste Marx, ce n’est évidemment pas la pensée économique qui peut
constituer la « base matérielle » de cette société. Comme dans
toute société, c’est ce que font les hommes et la manière dont il le font qui
constitue cette « base matérielle », qui elle-même détermine
la pensée. Ainsi la pensée économique est la pensée de la société qui la
produit. Aussi, quand Marx parle d’« une économie qui formerait la base
matérielle », il commet au pire un abus de langage ; mais on n’en
comprend pas moins ce qu’il veut dire. A savoir, en l’occurrence : que
l’activité des Grecs et des Romains (leur production dans le langage de
l’économie) détermine leur pensée, comme l’activité des capitalistes —
c’est-à-dire des prolétaires qu’il faut faire travailler — détermine la pensée
économique. Cette « opinion », comme le dit Marx, n’est donc
pas seulement valable pour le monde moderne, mais aussi pour l’ancien :
Grecs, Romains, etc. Je ne vois pas ce qu’on peut trouver à y redire.
Il
faut ajouter que toute proposition vraie se caractérisant par le fait que
l’inverse l’est aussi, celle de Marx selon laquelle c’est ce que font les
hommes qui détermine leur pensée, est réversible ; c’est aussi bien la
pensée des hommes qui détermine ce qu’il font.
P.-S.
Je conseillerais au perroquet de ranger son second couteau sans lame qui
raisonne comme un manche de pioche, c’est un outil superfétatoire : un
scanner suffit.
Anonymous :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply
#92 on: 16. November 2006 at 21:23 »
on 15. November 2006 at 19:05, Toto wrote:
Ce que l’on conçoit
bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le
dire arrivent aisément.
Laissez-moi
deviner...
Un
adepte de Jean-Pierre Voyer à propos de la communication ?
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #93 on: 16. November 2006 at 22:55 »
Abus
de langage maintenant ! Pauvre Marx ! Qu’est-ce qu’il déguste !
« Mais on n’en comprend pas moins ce qu’il veut dire »… Mouais. En
fait c’est Nemo qui pratique une simplification abusive de ce que Marx dit.
Quelle platitude dans ce « ce que font les hommes » ! Il ne
s’agit pas, pour Marx, de dire simplement ce que les hommes « font »
mais il s’agit de la « production sociale de leur existence ». C’est
quand même un peu plus précis. Et un peu mieux écrit. Marx n’était pas un
écrivain à la manque.
« Dans
la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports
déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de
production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces
productives matérielles. L’ensemble de ces rapports forme la structure
économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un
édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de
la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en
général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce
n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au
contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » (Avant
propos de la Critique de l’économie politique, 1859.)
Ce
n’est donc pas simplement ce que « font les hommes » et « la
manière dont il le font » qui constitue la base matérielle, comme l’écrit
le stupide Nullus d’une manière très inélégante, mais la « production
sociale de leur existence » dans laquelle ils nouent des rapports déterminés,
nécessaires, indépendants, l’ensemble de ces rapports formant la structure
économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un
édifice juridique et politique.
Ce
que Marx conçoit bien, il l’énonce clairement et les bons mots pour le dire lui
arrivent aisément. La confusion dans laquelle Mister Nul baigne pour essayer de
se convaincre lui-même de ses sornettes fait qu’il écrit comme un gamin de CM2
peinant sur sa rédaction. Mutato nomine, de te fabula narratur.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #94 on: 16. November 2006 at 22:59 »
Je
n’ai même pas besoin d’un scanner, triste con. Un simple copier-coller dans
marxists.org et le tour est joué, en Français, en Allemand, en Anglais et même
en Hébreu. Aussi parano et aussi con qu’un téléo. Bravo !
Nemo :
Simone Toto critique de Marx
« Reply #95 on: 17. November 2006 at
07:42 »
[…]
Devenu révolutionnaire dans sa jeunesse par idéalisme et humanisme, Marx tenta
plus tard d’« élaborer une méthode pour l’étude des sociétés humaines »,
si bien que son apport à la pensée sociale est double : celui du jeune
chercheur qui aperçu une « formule nouvelle de l’idéal social » et
celui du savant mûr qui inventa la « formule neuve ou partiellement neuve
d’une méthode dans l’interprétation de l’histoire ». Cédant à un
raisonnement où l’on devine l’angoisse d’une expérience tragique, Simone Toto
formule une critique qui, à travers et au-delà de l’œuvre de Marx, va droit au
cœur du marxisme : « Par malheur répugnant, comme tous les caractères
forts, à laisser subsister en lui deux hommes, le révolutionnaire et le savant,
répugnant aussi à l’espèce d’hypocrisie qu’implique l’adhésion à à un idéal non
accompagné d’action, trop peu scrupuleux d’ailleurs à l’égard de sa propre
pensée, il a tenu à faire de sa méthode un instrument pour prédire un avenir
conforme à ses vœux. A cet effet, il lui a fallu donner un coup de pousse à la
méthode et à l’idéal, les déformer l’une et l’autre. Dans le relâchement de sa
pensée qui a permis de telles déformations, il s’est laissé aller, lui le
non-conformiste, à une conformité inconsciente avec les superstitions les moins
fondées de son époque, le culte de la production, le culte de la grande
industrie, la croyance aveugle au progrès. Il a porté ainsi un tort grave,
durable, peut-être irréparable, en tout cas difficile à réparer, à la fois à
l’esprit scientifique et à l’esprit révolutionnaire. » / Jamais critique
n’avait exprimé en un langage transparent et empreint de subjectivité
communicative le problème que tout lecteur sérieux, aux prise avec la société
de son époque, ne peut manquer d’affronter ; jamais, reconnaissons-le,
pareil jugement négatif sur l’ambiguïté d’une œuvre multiple n’a autant
condamné son auteur à ignorer la raison de cette ambiguïté. En vérité, Simone
Toto n’oppose à Marx rien qu’il n’ai lui-même aperçu ; car si les malheurs
du travail industriel, les contraintes de la société politique, les effets
corrupteurs de l’idéologie dominante sont réellement la condition de cette
révolution libératrice dont Marx à certes prédit la venue, cette condition
matérielle est subordonnée à une autre : le comportement moral et
intellectuel des victimes du capital et de l’Etat, en un mot, l’acceptation
consciente d’une « tâche historique ». […]
[Marx
critique du marxisme, Maximilien Rubel, p. 516, 517]
P.-S. :
Il ne faut évidemment pas lire : Simone Toto, dans le titre et dans le
texte ; mais bien Simone W***, auteur d’Oppression et Liberté (d’où
est tirée la citation de Rubel) ; victime, — c’est amusant en l’occurrence
— de la censure d’un logiciel « intelligent ».
le
public :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #96 on: 17. November 2006 at
07:59 »
on 16. November 2006 at 21:23, Anonymous wrote:
Laissez-moi deviner...
Un adepte de Jean-Pierre Voyer à propos de la
communication ?
n’est-ce
pas JP Voyer lui meme qui mis trente ans a formuler ce qu’il avait
comprit ?
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #97 on: 17. November 2006 at 08:59 »
Pour
faire du Rubel, il n’y a pas besoin de scanner non plus. Un simple
copier-coller des Éditions socialiniennes dans marxists.org, suivi d’une
correction des modifications mineures que fait M. Rubel, suffit amplement. Le
Marx de Rubel n’est pas différent du Marx de Bottigelli ou du Marx de Husson et
Badia. Là où Marx dit « économie » Rubel reprend
« société » comme si de rien n’était.
M.
Aron nous l’avait pourtant bien dit : « Bonne traduction [Celle de
Bottigelli]., faite avec grand soin, comportant une explication des termes employés,
et ayant adopté un vocabulaire bien défini et constant, ce qui est la
condition première d’une bonne traduction. » (…) « On peut, à mon
avis, formuler deux reproches à l’égard de cette traduction [Celle de Molitor].
[Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du
monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux.] Si Marx emploie
le même mot, le traducteur doit l’imiter parce que cette répétition ne signifie
pas que, lorsqu’un auteur emploie le même mot pour qualifier la conscience et
la réalité, le traducteur s’arroge le droit d’employer deux mots différents. La
répétition du mot est fondamentale et l’essentiel de la signification se perd
si on emploie deux termes distincts. (…) Or dans la discussion de Hegel et
Marx, si l’on ne commence pas par disposer d’un vocabulaire rigoureux et par
expliquer quels mots l’on choisit pour traduire tels mots allemands, personne
ne peut plus comprendre ce que signifie la discussion »
Il
est de bon ton dans les milieux snobs pro-situ de considérer la traduction de
Rubel comme étant supérieure aux traductions précédentes. « Suffisante
pour l’honnête homme » nous dit le Nullus dans le style pompeux et pompant
à la Debord. Il faudrait encore le justifier par des exemples précis au lieu de
l’annoncer à l’esbroufe et à l’épate-gauchiste. Mais a-t-on jamais vu un
debordien se croire obligé de justifier quoi que ce soit. Il est au-dessus de
ça. L’affirmation péremptoire est sa marque de fabrique. Il se prend pour un Übermensch.
Toto :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #98 on: 17. November 2006 at 09:07 »
Un
vocabulaire rigoureux, comme par exemple remplacer « la production sociale
de leur existence correspondant à un degré donné du développement de leurs
forces productives matérielles » par « ce que les hommes font et la
manière dont il le font ». Pauvre con.
SMEisenstein :
Re: Foucault, Veyne–Fragments
« Reply #99 on: 17. November 2006 at
10:45 »
on 17. November 2006 at 09:07, Toto wrote:
Un vocabulaire rigoureux, comme par exemple
remplacer « la production sociale de leur existence correspondant à un
degré donné du développement de leurs forces productives matérielles »
par « ce que les hommes font et la manière dont il le font ».
Pauvre con.
On
aimerait effectivement que tous les théoriciens fassent preuve de la rigueur
que vous exigez. Qu’ils ne remplacent pas communication par richesse puis par
principe du monde puis par division du travail puis...