Forum Debord(el) of ...

 

Les dialogues du forum ont été repris tels quels sans aucune correction grammaticale. Seules ont été effectuées des corrections typographiques et de mise en page afin d’en faciliter la lecture. (Karl von Nichts, 16 mai 2008)

 

C. Knife :

Foucault, Veyne–Fragments  

« on: 07. October 2006 at 16:20  »

 

Monsieur Cretino, questionneur impénitent, nous parle de ses lectures :

« je suis tombé sur sa leçon du 10/1/79 (M. Foucault, au Collège de France, pas Kalhydre) qui traite à la fois de l’inexistence de la folie, de l’économie (et de la raison d’État) et de René-Louis de Voyer, Marquis d’Argenson (1694-1757) »

 

En 1977, M. Osorio pose la question suivante à Foucault :

Osorio : — Vous avez dit que la folie n’était une folie jusqu’au moment où apparaît une société qui la crée…

Foucault : — Je ne veux pas dire que la folie n’existait pas. Je crois que la catégorie de maladie mentale recouvrant un nombre considérable d’individus et de conduites différentes est quelque chose de relativement nouveau…

(Foucault, p. 379, Dits et écrits II, 1976-1988, Gallimard.)

 

Le même Foucault, lors d’une conférence intitulée Les mailles du pouvoir, nous parle du pouvoir dans la monarchie : « dans cette mesure, il opérait toujours une soustraction économique et, par conséquent, loin de favoriser et de stimuler le flux économique, il était perpétuellement son obstacle et son frein. D’où cette seconde préoccupation, cette seconde nécessité : trouver un mécanisme de pouvoir tel que, en même temps qu’il contrôle les choses et les personnes jusqu’au moindre détail, il ne soit pas onéreux ni essentiellement prédateur pour la société, qu’il s’exerce dans le sens du processus économique lui-même. »

(Foucault, p. 1009, Dits et écrits II, 1976-1988,Gallimard.)

 

Avouons quand même que c’est un peu léger comme preuves de l’inexistence de la folie ou de l’économie. Ne connaissant pas le texte de la leçon du 10/1/79, je ne peux pas vraiment me faire une idée complète, mais je ne pense pas que cela va considérablement faire avancer l’affaire. Ce qui me surprend, c’est que l’on puisse parler de « forces d’arraisonnement évoquées par Nemo », je suis stupéfait, et le mot est faible.

Mais bon, passons. Nous allons en rester à Foucault. Paul Veyne a dit récemment que « Michel Foucault n’avait pas son pareil pour inventer des concepts, il est à ce titre le plus important des historiens de l’Antiquité ». Ce même Veyne est l’auteur de Foucault révolutionne l’histoire. On trouve un passage intéressant chez cet historien très influencé par Foucault, ces quelques lignes vont directement au cœur du sujet.

« Pline, donc, n’a pas méconnu le second plateau de la balance des échanges par inadvertance ou par ignorance ; ce n’est pas davantage par le progrès des lumières et de la science économique qu’en 1623 Misselden a publié The circle of commerce on the balance of Trade , où se trouve la première estimation jamais faite d’une balance nationale, grâce aux chiffres des recettes douanières du port de Londres. Il n’existe pas plus de Raison économique à travers l’histoire que d’objets économiques naturels. Loin d’être une étape dans la découverte progressive de l’objet de la science économique, l’idée de balance prouve seulement qu’au XVIIIeme siècle, quelques penseurs objectivaient le groupe national comme groupe commerçant, ce que Pline se refusait précisément à faire ; quel rapport y a-t-il entre ces différentes pensées et la pratique effective de leurs époques respectives ? C’est là de fait, à régler cas par cas, et il ne faut pas en faire une métaphysique ; il n’est pas vraie que la “pensée” reflète “la” pratique, ou l’inverse. »

(P. Veyne, La société romaine, Ch. 4, Mythe et réalité de l’autarcie à Rome , 1979.)

 

« Protection économique ou répression éthique ? Il est vain de les distinguer dans l’antiquité, Pline parle davantage en moraliste qu’en économiste : l’économie n’était pas de son temps une technique autonome comme on le verra »

(Idem, p.203)

 

Veyne laisse pourtant une petite place à l’économique dans L’empire greco-romain :

 

« Ajoutons-y une puissance militaire sans égale et une chance :  entre les diverses régions de l’empire, l’inégalité économique pouvait être comme d’un à deux, et non comme d’un à trente dans le monde actuel, rempli de frustration et de jalousie » (p. 48).

 

« Le civisme militant évoque moins un conflit social, une lutte des classes, qu’un enjeu de pouvoir (le clivage entre groupes étant largement économico-social, mais il se pensait lui même comme politique). » (p. 85).

 

Paul Veyne ne se défait pas si facilement de l’économie ou de l’économique, comme on voudra. Il note en 1979 que l’« autarcie économique et autarcie éthique sont la même chose » dans la Rome antique. la notion d’économie est mélangée à d’autres concepts, cela semble très emmêlé. Car d’un côté Veyne use des critères de l’économie politique classique pour qualifier une situation, l’égalité économique des différentes régions de l’empire et d’autre part le même fait preuve de relativisme.  La complexité, vous dis-je, la complexité… Je ne discuterai pas plus profondément de la pensée de Veyne, j’aime les histoires sur l’antiquité et je suis bon public. Mais là, en l’occurrence, on y trouve un peu les défauts que lui trouve Bouveresse dans Le philosophe chez les autophages.

Je souligne quand même pour monsieur Cretino, que Veyne pense qu’il n’existe pas d’objets économiques naturels, il n’a sûrement pas plagié cette formule chez Debord. Monsieur Cretino pourrait quand même nous citer la foule de penseurs qui ont mené des travaux sur l’inexistence de l’économie bien avant lui. Le raisonnement de monsieur Cretino est simple, puisqu’il y a selon lui une multitude de gens qui « s’appuyaient sur la même proposition » que Voyer, pourquoi celui-ci serait-il plus grand que les autres, c’est injuste. La question intéressante, serait selon moi : Voyer a-t-il raison ? Si oui, alors, d’emblée Debord a tort devant les « tant d’autres penseurs » de monsieur Cretino  qui soutiendraient la même proposition que Voyer. Je taquine monsieur Cretino avec Debord, aucun intérêt me diriez-vous, mais la simple pensée d’imaginer Cretino et Nemo trépignant du pied me remplit de joie. J’ai des joies simples.

 

Nemo :

Un (petit) coup de (second) couteau  

« Reply #1 on: 08. October 2006 at 06:18 »     

 

D’abord. Il est plaisant de voir le plaisir gourmand avec lequel le second couteau sans lame qui raisonne comme un manche a réagit au stimulus — la carotte foucaldienne que l’on a agité sous son nez dans le désert intellectuel où il erre avec tOtO, tOntOn et l’âne kabOuli.

Ensuite, et avant de laisser le second couteau à ses « joies simples », je ferais simplement remarqué qu’il est assez naturel que Veyne « pense qu’il n’existe pas d’objets économiques naturels » parce que Veyne sait comme Dumont que l’économie est une idéologie qui applique ses catégories à un monde qui effectivement n’a rien de naturel puisque aussi bien c’est « une seconde nature ».

Quand à la question de savoir si Voyer a raison ou tort, elle a été tranchée : le Monsieur a tort ; même s’il préfère, et on le comprend, faire comme si, et essayer de faire croire que la raison est de son côté — mais c’est raté.

 

C. Knife :

Veyne et la Raison économique  

« Reply #2 on: 08. October 2006 at 11:22 »

 

J’écrivais : « trépignant du pied », il est assez dur de trépigner de la tête, mais quand je lis Nemo, je me demande avec quoi il pense.

Pour lui Veyne sait : « que l’économie est une idéologie qui applique ses catégories à un monde qui effectivement n’a rien de naturel puisque aussi bien c’est “une seconde nature” ».

Je me demande d’où il a pêcher cette « seconde nature », pas chez Veyne en tout cas. Debord lui, parlait « d’une économie naturelle » (thèse 40 de la SdS) comme allant de soi, je suppose qu’il voulait parler des sociétés sans monnaie. Il n’aurait pas parler de « seconde nature » comme Nemo en parlant de son « monde de l’économie », mais d’une « pseudo nature ». Une « seconde nature » reste naturelle même si elle est seconde, c’est dans la définition de la « seconde nature ».

Maintenant ce qui m’a étonné chez Veyne, c’est que d’un côté il déclare qu’« il n’existe pas plus de Raison économique à travers l’histoire… » et d’un autre « [...] une chance :  entre les diverses régions de l’empire, l’inégalité économique pouvait être comme d’un à deux ». Si Veyne savait « que l’économie est une idéologie » comme nous l’affirme Nemo, alors on pourrait affirmer que l’inégalité idéologique entre les Sarmates et les Triboques  pouvaient être d’un à deux, ce qui est un peu tiré par les cheveux. Pour Veyne, la réussite de l’Empire romain tient pour une part à la chance d’avoir une « inégalité économique » réduite à travers son territoire, ce n’est peut être pas la « Raison économique » avec un grand « r » que Veyne met à contribution ici, mais  ça y ressemble fortement.

 

Nemo :

Y a pas de Raison…  

« Reply #3 on: 08. October 2006 at 13:02 »

 

La nature transformée par l’homme est une « seconde nature » — la nature d’un chose lorsque cette chose est transformée ne devient pas une pseudo-nature. L’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie — à cette « seconde nature », donc. Elle ne peut en aucun cas universaliser ces catégories — si ce n’est de façon abusive et intéressée. Mais en tout état de cause, l’application de ces catégories au monde marchand, pour légitime qu’il puisse être, n’a pas le pouvoir de « naturaliser » ce monde qui reste quoi qu’il arrive une « seconde nature » ; et la seule réalité économique que l’on puisse donc reconnaître dans ce monde est l’existence de ces catégories ad hoc.

Que Veyne parle à un moment de l’inexistence d’une « Raison économique à travers l’histoire » ; et qu’à un autre il trouve « une inégalité économique » entre « diverses régions de l’empire » montre simplement qu’il emploie économique dans deux contextes différents avec des sens différents. La présence de l’épithète économique  dans le premier exemple est appelée par le pastiche hégélien de la Raison dans l’histoire, à l’existence de laquelle Veyne ne doit pas croire non plus. Dans le second cas, il s’agit simplement du sens courant de richesses.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #4 on: 08. October 2006 at 17:31 »

 

Debord lui, parlait « d’une économie naturelle » (thèse 40 de la SdS) (C. Knife)

la nature d’un chose lorsque cette chose est transformée ne devient pas une pseudo-nature (Nemo)

Carrramba ! Je comprends que Mme Khalydre y perde son Latin. Mais sur le torche-cul Confrontation.free.fr où sévit notre Cretino questionneur on peut lire de belles notes de Debord sur la question des immigrés. « Tout est faux dans la “question des immigrés” exactement comme dans toute question ouvertement posée dans la société actuelle ; et pour les mêmes motifs : l’économie — c’est-à-dire l’illusion pseudo-économique — l’a apportée, et le spectacle l’a traitée. » Carrramba !… encore ouné fois trop à droite. L’économie naturelle, lorsqu’elle est transformée devient une illusion pseudo-économique. J’en pisse de rire.

 

C. Knife :

Les fraises blanches  

« Reply #5 on: 08. October 2006 at 20:22 »

 

Je viens de bêcher quelques mètres carrés à côté d’un massif de fraises blanches, qui paraît-il, sont plus goûteuses que les fraises bien rouges du supermarché. Je n’ai pas pu vérifier dans la mesure où la saison était finie. Toute la difficulté de la fraise blanche est de déterminer le moment de les cueillir ; à l’œil… c’est pas évident, on est obligé de les goûter.

« L’économie transforme le monde, mais le transforme seulement en monde de l’économie. La pseudo nature dans laquelle le travail humain s’est aliéné exige de poursuivre à l’infini son service, et ce service, n’étant jugé et absous que par lui-même, en fait obtient la totalité des efforts et des projets socialement licites, comme ses serviteurs. » (extrait de la thèse 40 de la SdS)

Je crois comprendre que quand Debord parle de pseudo nature, il en parle en identifiant cette « pseudo nature » au « monde de l’économie ». Je crois que c’est le sens à donner à la citation, sinon qu’est ce que cette « pseudo nature » chez Debord. Mais passons, les idées de Nemo ne sont pas celles de Debord.

Maintenant, je crois comprendre que Nemo pense que le monde transformé par l’homme est une « seconde nature », et c’est seulement à cette partie transformée du monde que pourrait s’appliquer les fameuses catégories de l’économie politique : « L’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie — à cette “seconde nature”, donc. »

Il existe donc d’après Nemo une partie du monde, celle transformée par ces féroces bourgeois qui viennent jusque dans nos bras… où l’idéologie bourgeoise (ou l’économie politique) peut appliquer ces catégories sur une « seconde nature » qui n’est pas naturelle. Reste à savoir si Nemo pense que la bourgeoisie transforme la nature réellement pour en faire une « seconde nature » irréelle afin d’y plaquer en toute rigueur ces catégories irréelles, mais qui prennent de la réalité sachant que le méchant bourgeois a tout transformé réellement selon ses plans.

Veyne encore…

Pour moi il est clair que lorsqu’on met en avant des faits concernant la distribution des richesses comme élément de réussite dans une nation ou dans un empire en utilisant le terme d’« économique », on induit une relation de cause à effet, on rentre parfaitement dans la sphère de l’économie politique. Pline ne parle pas en tant qu’économiste, mais Veyne le peut, ou plutôt se sert du discours de l’économie politique. Il dit en substance, cette empire dure, car il a la chance d’avoir telle situation économique. Heureusement qu’on a Nemo et qui nous dit qu’« il s’agit simplement du sens courant de richesses », merci Nemo, il a du manquer un épisode, comme d’habitude. Bref, Veyne juge la richesse des latins et autres ostrogoths en utilisant les mêmes critères que ceux qui sont censés mesurer notre richesse supposée, et comme dit, la raison économique n’est pas loin.

Pour mémoire : « Ajoutons-y une puissance militaire sans égale et une chance :  entre les diverses régions de l’empire, l’inégalité économique pouvait être comme d’un à deux, et non comme d’un à trente dans le monde actuel, rempli de frustration et de jalousie ». Paul Veyne, p. 48, L’Empire greco-romain.

 

Nemo :

De secunda natura rerum  

« Reply #6 on: 09. October 2006 at 06:06 »

 

« Debord lui parlait d’une “économie naturelle”. », piaille tOtO le double zéro ; le second couteau qui n’est jamais loin du manche, quant à lui « croit comprendre » ce qu’il ne peut pas comprendre puisque je ne l’ai pas dit, a noté que Debord parle de « pseudo nature » à propos du « monde de l’économie » là où je parle de « seconde nature » ; et ça emmerdent nos voyéristes parce qu’ils voudraient que je soit un debordien irréprochable.

Mais examinons ce que le second couteau « croit comprendre ». Il « croit comprendre » que je pense que « le monde transformé par l’homme est une “seconde nature”, et [que] c’est seulement à cette partie transformée du monde que pourrait s’appliquer les fameuses catégories de l’économie politique. » Et bien, il a tort de croire ce que je n’ai pas dit : à savoir que seule une partie du monde est transformé par la l’industrieuse bourgeoisie et que c’est à cette seule partie que s’applique les catégories de l’économie ; puisqu’il est patent que la bourgeoisie industrielle et marchande à révolutionné la totalité du monde et, que de ce fait, il n’existe plus rien de « naturel ». Cette « seconde nature » n’a évidemment rien d’« irréel », malheureusement, comme chacun peut le constater ; par contre les catégories qui s’y appliquent n’ont d’autre réalité que celle d’une idéologie destinée à justifier cette seconde nature réalisée, comme étant la nature éternelle des choses.

En ce qui concerne, Veyne, je laisse ce puissant exégète à son explication avec un texte qu’il essaie comme il peut de faire servir à la juste cause de « l’inexistence de l’économie » — mais si Veyne a vraiment voulu dire en se servant « du discours de l’économie politique » : « en substance, cette empire dure, car il a la chance d’avoir telle situation économique. », c’est vraiment un homme perdu que je me garderai bien d’aller rechercher.

 

C. Knife :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #7 on: 09. October 2006 at 12:39 »

 

L’argent s’échange contre la totalité du monde objectif du monde et de la nature, Marx dixit. Le monde s’est donc transformé, il est devenu autre, il a revêtu, une nature d’emprunt, étrangère à sa nature originelle, laquelle se trouve falsifiée et perdue. Dans un tel monde transformé, les relations de la vie, entendons des individus vivants deviennent des déterminations, des lois, des relations économiques. Voilà une définition qui se rapproche de la critique de Marx. Je prend l’expression « seconde nature » chez Nemo comme signifiant « pseudo nature » : une « seconde nature » qui n’est pas naturelle. Nemo est bien un debordien irréprochable, mais il pense qu’il a un gramme d’originalité par la nébulosité de ses pensées.

« L’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie — à cette “seconde nature”, donc », voilà du Nemo dans le texte.  Puisque la bourgeoisie a transformé la totalité du monde, pourquoi l’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie selon Nemo devrait se borner à appliquer uniquement ses catégories au monde transformé par la bourgeoisie ? Pour faire simple, puisque selon Nemo «la bourgeoisie industrielle et marchande à révolutionné la totalité du monde », l’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie peut en toute rigueur appliquer ses catégories à la totalité du monde, suivant les critères de Nemo.

Monsieur Nemo qui pense  que « l’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie — à cette “seconde nature”, donc ». Ce monsieur Nemo ne trouve rien à redire quand on compare la répartition des richesses à l’intérieur de l’Empire Romain à celle de notre monde. Et pourtant, L’Empire romain est antérieure à la transformation du monde par la bourgeoisie ou alors Nemo voit déjà la bourgeoisie à l’œuvre chez l’australopithèque ? « il s’agit simplement du sens courant de richesses », c’est bien connu, l’homme moderne est plus riche que le romain, qui lui même était plus riche que l’homme du néolithique, mais on croit rêver. D’un côté Nemo a une vision historiciste et de l’autre il a une notion toute simple de richesse qui s’emploie de toute éternité et qui s’applique à n’importe quelle époque et qui est la même qu’actuellement, d’ailleurs. Quand il s’agit de faire simple, Nemo met les pieds dans le plat.

Maintenant, j’aimerais bien savoir comment Nemo conçoit l’application des fameuses catégories de l’économie qu’il aime tant à citer. On peut comprendre cela comme une mise en pratique d’une théorie, car les conditions sont réunies, etc. Mais non, pas du tout : « par contre les catégories qui s’y appliquent n’ont d’autre réalité que celle d’une idéologie destinée à justifier cette seconde nature réalisée comme étant la nature éternelle des choses », nous dit Nemo. Une question devrait assaillir le lecteur qui a eu la patience de suivre jusqu’ici : mais pourquoi l’économie ne peut en « toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé » ? Qu’est-ce que la rigueur a à faire là-dedans.

L’autre question qui devrait assaillir le lecteur est : « qu’est ce que je fais devant mon écran ? »

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #8 on: 09. October 2006 at 19:33 »

 

Carrramba !... Je me suis encore pissé dessus !

 

Nemo :

Limite de conversation  

« Reply #9 on: 10. October 2006 at 06:48 »

 

Le second couteau sans lame auquel il manque le manche — donc plutôt inexistant jusque-là — s’est décidé à assumer le rôle de « théoricien » de la petite ménagerie voyériste. Ce n’est évidemment pas le perroquet aptère frappé d’aphasie — et à présent incontinent — qui pouvait se charger de cette tâche. Entre : « Mais putain ! L’économie n’existe pas. » ; et : « Enculé ! », son registre est forcément limité. Seulement, pour pouvoir jouer ce rôle de manière convaincante — mais ce n’est qu’un con vaincu —, il faudrait qu’il  affûte quelque peu sa « dialectique », ce qui est difficile pour un second couteau qui manque de tranchant et qui raisonne comme un manche.

Ce dialectichien (couché !) sans mordant ne peut que régurgiter une bouillie théorique mal digérée. Pourtant, cette notable quantité d’importance nulle l’étale sans vergogne ; mais plus il l’étale, plus il étale sa nescience. Qu’on en juge.

Pour commencer : la première phrase de sa dernière intervention, attribuée à Marx, ne veut rien dire. Passons. Puis : « Le monde s’est donc transformé […] » Non, le monde ne s’est pas transformé : le monde a été transformé, ce qui n’est pas la même chose ; la suite est un charabia incompréhensible et ne saurait en aucun cas se « rapproche[r] de la critique de Marx ».

Vient ensuite une citation de ce que j’ai dit et à laquelle je n’ai évidemment rien à redire. Ce qui n’est pas le cas du commentaire qui l’accompagne et qui marque encore une fois une totale incompréhension du critique critique. Que le monde ait été « totalement » bouleversé par l’action de la bourgeoisie industrielle et marchande est une évidence difficilement contestable ; cela n’implique en rien que les catégories ad hoc de l’économie aient une valeur universelle ; c’est-à-dire : puisse légitimement s’appliquer en tout temps et en tous lieux. Parce que ces catégories, comme la classe qui les énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification — en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps.

Le second couteau ne comprend pas non plus — mais il ne comprend rien — « comment Nemo conçoit l’application des fameuses catégories de l’économie ». Des catégories, quelles qu’elles soient, énoncent quelque chose du monde : nomment les choses du monde ; mais elles ne se contentent pas d’inscrire des noms : à travers ces noms, elles prescrivent une vison du monde ; et cette vision du monde quand elle domine induit une pratique du monde. La vision du monde induite par les catégories aristotéliciennes a été dominante pendant des siècles avant d’être battue en brèche. L’économie — et ses catégories — ne peut pas se flatter d’être aussi vénérable ; aussi bien ne peut-elle être assurée d’une telle pérennité.

Le lecteur bénévole saura désormais ce qu’il fait devant son écran : il assiste à la déconfiture (aujourd’hui !) de la petite secte voyériste, dans la personne d’un de ses adeptes les plus indigents.

 

Kalhydre :

Re: Limite de conversation  

« Reply #10 on: 10. October 2006 at 11:04 »

 

on 10. October 2006 at 06:48, nemo wrote:

Que le monde ait été « totalement » bouleversé par l’action de la bourgeoisie industrielle et marchande est une évidence difficilement contestable ; cela n’implique en rien que les catégories ad hoc de l’économie aient une valeur universelle ; c’est-à-dire : puisse légitimement s’appliquer en tout temps et en tous lieux. Parce que ces catégories, comme la classe qui les énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification — en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps.

Le second couteau ne comprend pas non plus — mais il ne comprend rien — « comment Nemo conçoit l’application des fameuses catégories de l’économie ». Des catégories, quelles qu’elles soient, énoncent quelque chose du monde : nomment les choses du monde ; mais elles ne se contentent pas d’inscrire des noms : à travers ces noms, elles prescrivent une vison du monde ; et cette vision du monde quand elle domine induit une pratique du monde. La vision du monde induite par les catégories aristotéliciennes a été dominante pendant des siècles avant d’être battue en brèche. L’économie — et ses catégories — ne peut pas se flatter d’être aussi vénérable ; aussi bien ne peut-elle être assurée d’une telle pérennité.

 

Une remarque sur la question des catégories bourgeoises appliquées au monde.

Tout dépend d’où on parle. Si on parle de l’intérieur de l’idéologie bourgeoise, il est évident que ces catégories ont valeur universelle. Si ce n’était pas le cas, nous ne serions pas devant une idéologie mais devant une simple hypothèse spéculative.

De même, on n’imagine pas un païen de l’Antiquité dire que ce qu’il croit est historiquement produit et que par conséquent la valeur de sa croyance, de ses rites, etc., bref que tout cela n’a que valeur relative.

Le problème me semble-t-il, est que l’on a tendance à sous-estimer la prégnance de l’idéologie (bourgeoisie, économique, ce que l’on voudra) sur notre façon de nous rapporter au monde. S’il s’agissait simplement de dire « ah ! tous des épiciers ! » on se doute que l’idéologie serait de tout temps battue en brêche et ne pourrait jamais devenir une structure inconsciente de l’intellection collective.

Précisément parce que ce n’est pas le cas, les catégories dominantes sont de fait également performatives. Ici je rejoins entièrement Nemo quand il dit que ces catégories font bien plus que nommer la réalité, car elles préscrivent une vision et surtout une pratique de cette réalité.

Cette pratique à mon avis se caractérise comme domination de la nature (l’homme y compris), et la vision du monde qui y préside s’origine dans une volonté de domination totale.

L’idéologie économique n’est alors que le reflet phénoménal, à la conscience historique des hommes, de l’effet de cette domination. En d’autres mots, la domination du monde se dit dans la langue de l’économie.

Heidegger disait que l’on passe commande du monde, c’est-à-dire qu’on lui prescrit un certain mode d’existence à travers la mobilisation technicienne.

De même, quand Heidegger disait que « seul un Dieu peut nous sauver », il voulait exprimer sans doute l’attente, ou la disponibilité à l’éclosion d’un autre rapport au monde qui ne soit pas un rapport de domination. Mais comment cela se produit-il historiquement ? Peut-être par un changement de mentalité. On voit bien, ici, à quel niveau il faut placer l’idéologie. Loin d’être la chose bancale des épiciers, elle est notre lot à tous. Tous les hommes de ce monde sont désormais confrontés au désert qui s’étend, et il semble douteux qu’aucun d’entre eux ait déjà trouvé le sentier qui mène ailleurs, vers un monde qui reposerait tranquillement en lui-même, enchanté par la magie des hommes.

 

Nemo :

Défaire l’économie  

« Reply #11 on: 11. October 2006 at 06:41 »

 

D’où parlez-vous ? Une question qui généralement n’a pas lieu d’être : on sait par le discours qui est tenu d’où celui qui le tien parle — par exemple, pour les voyéristes, le cul de basse-fosse du château beauceron où ils croupissent entre deux représentations de la petite ménagerie.

D’abord. En quoi le fait parler « de l’intérieur de l’idéologie bourgeoise » implique-t-il l’universalité de ses catégories ? Ensuite, si l’on n’a effectivement pas le choix de vivre dans un « autre monde » — qui certainement est possible — que celui qui a été transformé à son profit par la bourgeoisie industrielle et marchande, on n’est pas obligé — Dieu merci ! — de penser avec ses catégories ; on peut même penser en dehors et contre ces catégories, parce que ces catégories bien qu’elles prétendent à l’universalité et qu’elles aient intérêt à y faire croire, ne sont justement pas universelles. L’acte de résistance minimum est évidemment de penser contre ces catégories.

Je ne pense pas que l’on puisse « sous-estimer la prégnance de l’idéologie » dominante, parce que si elle domine la pensée par ses catégories, c’est qu’elle est l’instrument d’une classe qui domine effectivement le monde. Et le renversement de cette domination passe par le renversement de ses catégories : la dénonciation de leur prétention à l’universalité et leur réduction à des catégories ad hoc signifie déjà leur ruine — today your lies, tomorrow the world.

Si l’on peut dire que l’idéologie est « notre lot à tous », il ne nous appartient pas moins de refuser que le monde au nom de qui elle parle nous soit destiné. Cela commence par montrer (malgré un matraquage permanent qui lui est véritablement universel) que l’on peut penser en dehors et contre ces catégories et que, si l’on peut faire l’économie de ces catégories, le monde qui les à produites n’est peut-être pas aussi nécessaire que l’on veut bien nous le faire croire.

 

Anonymous :

Re: Défaire l’économie  

« Reply #12 on: 11. October 2006 at 10:06 »

 

on 11. October 2006 at 06:41, nemo wrote:

si l’on peut faire l’économie de ces catégories,

 

Celle qui n’existe pas... ou celle entendu comme idéologie au sens de Marx ?

 

C. Knife :

Nemo catégorique  

« Reply #13 on: 11. October 2006 at 10:34 »

 

Nemo a raison, on doit lire : l’argent s’échange contre la totalité du monde objectif de l’homme et de la nature et non « du monde objectif du monde ». Il est vrai que dans ces conditions, il est dur de comprendre quoi que se soit.

Après, j’essaye de démontrer que l’expression « seconde nature » chez Nemo peut se traduire par « pseudo nature ».  

J’essaye de prendre appui sur la théorie de Marx pour comprendre Nemo, et l’un dans l’autre, cela ne fait pas forcément un mélange heureux et il se peut que je ne comprenne aucun des deux. Que voulez-vous, je creuse comme je peux. « Non, le monde ne s’est pas transformé : le monde a été transformé, ce qui n’est pas la même chose » nous déclare Nemo Phillipulus, gong à la main. Pour lui la nuance est de taille, soit le monde s’est transformé sous l’action de la bourgeoisie ou soit il a été transformé par la bourgeoisie. Le monde est le monde de l’homme et accessoirement du pingouin, généralement c’est l’homme qui transforme son monde, les virus aussi, mais ce qui nous intéresse ici, ce sont les rapports des hommes entre eux. C’est dans ce cadre que l’avis de Nemo m’intéresse, car il semble avoir un avis sur la question.

Monsieur Nemo qui ne trouve rien à redire à sa citation en remet une couche : « parce que ces catégories, comme la classe qui les énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification — en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps. »

Donc d’après Nemo, la bourgeoisie a été historiquement produite, la bourgeoisie étant la classe dominante. Pour Marx, les classes ne sont que l’instrument dans lequel s’incarne l’action des forces productives. Je suppose que pour Nemo ce n’est pas le cas. On notera aussi que pour Nemo, les catégories de l’économie politique ont une « légalité » pendant un certain laps de temps, après elles seront arrêtées et mises en prison, non mais ! Production, consommation, distribution… au gniouf ! A limite ces catégories peuvent perdre leur légitimité scientifique, mais pour notre Nemo Phillipulus qui aime régir, elles perdent leur légalité. Dura lex, sed lex.

« Des catégories, quelles qu’elles soient, énoncent quelque chose du monde : nomment les choses du monde ; mais elles ne se contentent pas d’inscrire des noms : à travers ces noms, elles prescrivent une vision du monde ; et cette vision du monde quand elle domine induit une pratique du monde. La vision du monde induite par les catégories aristotéliciennes a été dominante pendant des siècles avant d’être battue en brèche. »

Alors nous avons notre petite distribution et notre grande consommation qui sont des catégories de l’économie politique qui prescrivent une vision du monde. Cela ne serait il pas plus logique de dire que se sont les économistes qui prescrivent une vision du monde avec les catégories qu’ils ont mis en place au sein de leur science ? Car si on commence à voir le trio «production », « distribution » et « consommation » qui prescrit une vision du monde, il faut changer de marque de bière.

Mais bon si madame Kalhydre est du même avis que Nemo : « Précisément parce que ce n’est pas le cas, les catégories dominantes sont de fait également performatives. Ici je rejoins entièrement Nemo quand il dit que ces catégories font bien plus que nommer la réalité, car elles préscrivent une vision et surtout une pratique de cette réalité ».

Les catégories de l’économie politique, non contentes de prescrire sont en plus performatives, vous m’en direz tant. On sait ce qu’est un énoncé performatif,  mais une catégorie dominante performative, là je sèche.

On peut concevoir quelle chose de prescrit par une loi. Par exemple, la loi de l’offre et de la demande est une maxime d’action, un précepte pratique déguisé plutôt qu’une « loi scientifique ». Les catégories servent à classer les phénomènes dit économiques, et c’est l’étude de ces phénomènes qui permettrait de dégager ce qu’on appelle des lois. Ce sont ces « lois » qui peuvent éventuellement prescrire une pratique.

 

Nemo :

Cultiver son jardin  

« Reply #14 on: 11. October 2006 at 12:17 »

 

« J’essaye de prendre appui sur la théorie de Marx pour comprendre Nemo ». Que le second couteau se contente d’appuyer sur sa bêche et qu’il s’occupe de ses fraises au lieu de la ramener hors de son domaine de compétence — il peut essayer aussi les patates qui sont d’un excellent rendement et ne devraient pas poser de problème à ce virtuose de la bêche qui raisonne comme un manche de pioche.

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #15 on: 11. October 2006 at 18:14 »

 

on 09. October 2006 at 19:33, Toto wrote:

Carrramba !... Je me suis encore pissé dessus !

 

Méfiez-vous monsieur Toto. Ca commence toujours par les urines, et puis c’est la bave, les propos incohérents, des lectures insensées, les délires inexistenciels... et puis il est déja trop tard...

 

Nemo :

Une dernière explication…  

« Reply #16 on: 11. October 2006 at 18:24 »

 

... de texte à l’usage de l’amateur de fraises.

 

« Que le monde ait été “totalement” bouleversé par l’action de la bourgeoisie industrielle et marchande est une évidence difficilement contestable ; cela n’implique en rien que les catégories ad hoc de l’économie aient une valeur universelle ; c’est-à-dire : puisse légitimement s’appliquer en tout temps et en tous lieux. Parce que ces catégories, comme la classe qui les énonce et les met au monde ont été historiquement produites ; et que leur légalité ne saurait excéder leur temps dont elles constituent la justification — en même temps qu’elle justifie la classe dominante de ce temps. »

 

Cela signifie — pour qui sait lire : mais tout le monde ne peut pas lire — que les catégories de l’économie, comme la classe qui les porte au monde, sont des produits de leur temps. Certes, chacun est fils de ses œuvres mais les œuvres ont leur temps ; et de la même manière que le monde n’a pas été transformé par l’opération du Saint Esprit, la bourgeoisie ne tient pas son pouvoir d’un mandat du Ciel. Le moment historique qui voit la bourgeoisie industrielle et marchande accéder à l’imperium sur le monde est aussi celui qui lui permet d’asseoir la suprématie de sa pensée : la pensée bourgeoise ne domine que parce que la bourgeoisie domine le monde. La légalité de cette pensée — comme d’ailleurs toute légalité — n’est que la conséquence d’une position de force ; et cette force qui domine, pour absolu que soit sa domination, n’a pas toujours été dominante et, un jour, ne le sera plus : sa légalité n’a qu’un temps qui passera — pour autant que l’histoire prenne un autre sens qu’il nous appartient de lui donner.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #17 on: 11. October 2006 at 18:42 »

 

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #18 on: 11. October 2006 at 23:28 »

 

Les catégories de la critique de l’économie politique  sont aussi pourris que les catégories de l’économie politique dominante. Elles constituent la garantie de la perpétuation de cette vision dominante par sa propre contestation radicale et non moins légale. Une critque du monde marchand, bourgeois, dominant qui se limite à la seule contestation forcément partielle des activités dites économiques, de ses catégories, est une démarche conservatrice qui refuse de questionner la totalité qui a produit ce moment historique étrange ou toutes les facultés de l’humain sont anéanties par une quête perpetuelle de gite et de nourriture. Sans plus. La contestation réve de gite et de nourriture pour tous. Sans plus. Prévoyant d’atteindre ainsi le Nirvana en supprimant la rareté et donc la quéte. Comme dans une immense étable...

 

Nemo :

Un anonymous passe  

« Reply #19 on: 12. October 2006 at 11:47 »

 

Le debord(el) qui est un endroit fort accueillant a vu passer de nombreux ânes dont l’« asinité négative » ne faisait aucun doute. Celui-ci doit faire partie du troupeau, selon toute apparence.

 

C. Knife :

Legalize It NOW  

« Reply #20 on: 12. October 2006 at 20:46 »

 

Voilà que monsieur Nemo semble tenter de m’expliquer un point de détail qui aurait échapper à ma compréhension. Je suppose que c’est une plaisanterie dont il a le secret, puisque d’après lui je ne comprend rien.

« […] Le moment historique qui voit la bourgeoisie industrielle et marchande accéder à l’imperium sur le monde est aussi celui qui lui permet d’asseoir la suprématie de sa pensée : la pensée bourgeoise ne domine que parce que la bourgeoisie domine le monde. La légalité de cette pensée — comme d’ailleurs toute légalité — n’est que la conséquence d’une position de force ; et cette force qui domine, pour absolu que soit sa domination, n’a pas toujours été dominante et, un jour, ne le sera plus : sa légalité n’a qu’un temps qui passera — pour autant que l’histoire prenne un autre sens qu’il nous appartient de lui donner. »

Personnellement, je réserve la notion de légalité au domaine purement juridique. Les catégories de l’économie politique n’ont pas à être légales, elles sont les « outils » des économistes afin d’analyser ce qu’ils considèrent comme des phénomènes économiques, et au premier chef, la création de richesse d’après leurs critères. Que ces richesses soient produite légalement ou illégalement n’est pas le problème, l’économiste analyse les données qu’il extrait de la réalité sociale, les interprète à travers sa grille de lecture, les catégories de l’économie politique par exemple. Catégories dont Marx disait qu’elles étaient à double fond.

Maintenant, il m’apparaît, mais je ne suis pas juriste, que la notion de légalité s’applique plutôt a des actes qu’a des pensées. A une certaine période, dans les républiques dites soviétiques, toute manifestation pratique identifiée comme issue de la « pensée bourgeoise » était sanctionnée. Il s’entend que ces manifestations pratiques pouvaient se borner à de simples paroles.

« […] sa légalité n’a qu’un temps qui passera… », dit comme ça, je ne peux m’empêcher de penser à un roman de Soljenitsyne. Vers le début du livre, on se retrouve dans un laboratoire d’acoustique dévolu à la traque des manifestations de la « pensée bourgeoise » dans les communications téléphoniques. Mais pour revenir à notre sujet, je n’ai aucune idée de la manière dont les sociétés qui auront le bonheur de se passer de notre bon vieux système capitaliste vont légiférer sur le sort de nos malheureuses catégories de l’économie politique, si jamais elles légifèrent sur le sujet.

Elles seront peut être oubliées dans un coin… ainsi que la pensée bourgeoise… à côté des œuvres complètes de Nemo Phillipulus.

 

Nemo :

Non, rien de rien  

« Reply #21 on: 13. October 2006 at 05:26 »

 

Explication de texte (suite)

Les catégories de l’économie sont sensées refléter des lois qui comme ces catégories prétendent à l’universalité. Mais ni ces catégories, ni ces lois ne sont universelles. La légalité — conformité à la loi — des catégories de l’économie, n’est que la légalité affirmée par ses « lois » ; et ces « lois » ne sont des lois que pour autant que la domination de la bourgeoisie industrielle et marchande les soutiennent. Cela ne durera pas toujours.

 

Anonymous :

CONSERVERIE MARXISTE  depuis 1843  

« Reply #22 on: 14. October 2006 at 03:06 »

 

Explication de texte (suite)

 

Les catégories de l’économie sont sensées refléter des lois qui comme ces catégories prétendent à l’universalité

 

Une loi est générale, abstraite, et obligatoire. Aucune loi ne prétend à l’universalité pour la simple raison qu’une loi universelle nécessite un législateur universel. Ce qui est une utopie... kantienne au demeurant. Une catégorie est une classification rationnelle d’un mode de pensée,un dispositif conceptuel, un instrument de raisonnement   sur un objet d’analyse précis. Évoquer son universalité ou non est un non sens.

 

Mais ni ces catégories, ni ces lois ne sont universelles.

 

Quand méme...

 

Code:

La légalité — conformité à la loi — des catégories de l’économie, n’est que la légalité affirmée par ses « lois »

 

Une transaction illégale n’en est pas moins une opération économique selon les catégories de l’économie politique dominante. Et méme plus elle constitue le nec plus ultra de l’activité économique de par sa pureté totale.

 

et ces « lois » ne sont des lois que pour autant que la domination de la bourgeoisie industrielle et marchande les soutiennent

 

Banalité marxiste.

 

Cela ne durera pas toujours.

 

Et le troupeau s’écria « Plutot l’abattoir que l’étable ».

 

*Les âneries marxistes illégales ou pas n’en sont pas moins des âneries universelles.

 

Nemo :

La logique de l’âne...  

« Reply #23 on: 14. October 2006 at 05:58 »

 

ou : L’âne alogique repasse.

 

Les catégories et les lois de l’économie prétendent à l’universalité nonobstant l’absence du « législateur universelle » (sic) qui, comme chacun sait, est mort.

Que les catégories et les lois de l’économie soient dépendantes de la classe qui les a portées au monde est sans doute « une banalité marxiste » ; c’est avant tout une est une évidence que l’ânonymous n’est manifestement pas en mesure de saisir avec ses gros sabots.

Qu’il rejoigne donc ses congénères (creusez, s’il vous plait) de la petite ménagerie pour retravailler son numéro.

 

Toto :

Banalités marxistes  

« Reply #24 on: 14. October 2006 at 15:17 »

 

M. Nemo apprécie les banalités marxistes, ce n’est pas étonnant. Voici un petit florilège :

 

« Pour éviter des malentendus possibles, encore un mot. Je n’ai pas peint en rose le capitaliste et le propriétaire foncier. Mais il ne s’agit ici des personnes, qu’autant qu’elles sont la personnification des catégories économiques, les supports d’intérêts et de rapports de classe déterminés. Mon point de vue, d’après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire, peut moins que tout autre rendre l’individu responsable de rapports dont il reste socialement la créature, quoiqu’il puisse faire pour s’en dégager. »

(Préface de la première édition allemande du Capital.)

 

« L’ordre économique capitaliste est sorti des entrailles de l’ordre économique féodal. La dissolution de l’un a dégagé les éléments constitutifs de l’autre. »

(Le Capital, Livre I.)

 

« En premier lieu, ces trois formes ne représentent pas des phases équivalentes de l’évolution. L’économie dite de crédit n’est elle-même qu’une forme de l’économie monétaire : les deux termes expriment des fonctions d’échange, ou modes d’échange, entre les producteurs eux-mêmes. Dans la production capitaliste développée, l’économie monétaire n’apparaît plus que comme base de l’économie de crédit. L’économie monétaire et l’économie de crédit correspondent donc simplement à des stades différents dans le développement de la production capitaliste ; mais elles ne sont nullement, en face de l’économie naturelle, des formes d’échange distinctes et indépendantes l’une de l’autre. Il serait tout aussi juste de mettre en face de ces deux types les formes très diverses de l’économie naturelle en les tenant pour équivalentes.

En deuxième lieu, dans les catégories économie monétaire et économie de crédit, ce n’est pas l’économie, c’est à dire le procès de production lui-même, que l’on souligne, que l’on détache comme trait distinctif : c’est le mode d’échange établi en fonction de l’économie entre les divers agents de la production, les divers producteurs ; il faudrait donc agir de même pour la première catégorie. Parler d’économie de troc au lieu d’économie naturelle. Une économie naturelle complètement fermée, par exemple l’État des Incas au Pérou, n’entrerait dans aucune de ces catégories. »

(Le Capital, Livre II.)

 

« Dans la mesure où le système esclavagiste, dans l’agriculture, dans les manufactures, la navigation, etc., est la forme dominante du travail productif (comme c’était le cas dans les États développés de la Grèce et à Rome), il conserve un élément de l’économie naturelle. »

(Le Capital, Livre II.)

 

« Bien que des vestiges de cette rente-produit pure puissent subsister dans des modes et des rapports de production plus développés, elle est toujours fondée sur l’économie naturelle. »

(Le Capital, Livre III.)

 

« La société bourgeoise est l’organisation historique de la production la plus développée et la plus variée qui soit. De ce fait, les catégories qui expriment les rapports de cette société et qui permettent d’en comprendre la structure permettent en même temps de se rendre compte de la structure et des rapports de production de toutes les formes de société disparues avec les débris et les éléments desquelles elle s’est édifiée, dont certains vestiges, partiellement non encore dépassés, continuent à subsister en elle, et dont certains simples signes, en se développant, ont pris toute leur signification, etc. L’anatomie de l’homme est la clef de l’anatomie du singe. Dans les espèces animales inférieures, on ne peut comprendre les signes annonciateurs d’une forme supérieure que lorsque la forme supérieure est elle-même déjà connue. Ainsi l’économie bourgeoise nous donne la clef de l’économie antique, etc. Mais nullement à la manière des économistes qui effacent toutes les différences historiques et voient dans toutes les formes de société celles de la société bourgeoise. On peut comprendre le tribut, la dîme, etc., quand on connaît la rente foncière. Mais il ne faut pas les identifier. Comme, de plus, la société bourgeoise n’est elle-même qu’une forme antithétique du développement historique, il est des rapports appartenant à des formes de société antérieures que l’on pourra ne rencontrer en elle que tout à fait étiolés, ou même travestis. Par exemple, la propriété communale. Si donc il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoise possèdent une certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société, cela ne peut être admis que cum grano, salis [avec un grain de sel]. Elles peuvent receler ces formes développées, étiolées, caricaturées, etc., mais toujours avec une différence essentielle. Ce que l’on appelle développement historique repose somme toute sur le fait que la dernière forme considère les formes passées comme des étapes menant à son propre degré de développement, et, comme elle est rarement capable, et ceci seulement dans des conditions bien déterminées, de faire sa propre critique - il n’est naturellement pas question ici des périodes historiques qui se considèrent elles-mêmes comme des époques de décadence - elle les conçoit toujours sous un aspect unilatéral. La religion chrétienne n’a été capable d’aider à comprendre objectivement les mythologies antérieures qu’après avoir achevé jusqu’à un certain degré, pour ainsi dire [...] [virtuellement], sa propre critique. De même l’économie politique bourgeoise ne parvint à comprendre les sociétés féodales, antiques, orientales que du jour où eut commencé l’autocritique de la société bourgeoise. Pour autant que l’économie politique bourgeoise, créant une nouvelle mythologie, ne s’est pas purement et simplement identifiée au passé, sa critique des sociétés antérieures, en particulier de la société féodale, contre laquelle elle avait encore à lutter directement, a ressemblé à la critique du paganisme par le christianisme, ou encore à celle du catholicisme par le protestantisme. »

(Karl Marx, Introduction à la critique de l’économie politique, 1857.)

(...)

 

Toto :

Banalités marxistes (suite et fin)  

« Reply #25 on: 14. October 2006 at 15:23 »

 

(...)

Économie naturelle, économie antique, économie bourgeoise, pour Marx et contrairement au marxiste Nemo il y a bien une économie (economy) avant l’économie bourgeoise. C’est son cher procès de production. Je signalerais d’ailleurs à ce crétin qui confond découverte scientifique et esbroufe à l’épate-gauchiste que la traduction de l’Introduction… par Husson et Badia aux éditions socialiniennes (1957), reproduite ci-dessus, contient une grossière erreur. MM Rubel chez Gallimard (1965) et Dangeville chez 10/18 (1968) font d’ailleurs exactement la même erreur. Ils ont du pomper les éditions sociales tout simplement.

Quand MM. Husson et Badia disent « De même l’économie politique bourgeoise ne parvint à comprendre les sociétés féodales, antiques, orientales que du jour où eut commencé l’autocritique de la société bourgeoise. » ils traduisent la phrase de Marx « So kam die bürgerliche Ökonomie erst zum Verständnis der feudalen, antiken, orientalen, sobald die Selbstkritik der bürgerlichen Gesellschaft begonnen. » Nulle part dans cette phrase en allemand il n’est question de « sociétés » féodales, antique, orientales, mais bien d’« économies » féodales, antique, orientales.

« C’est avec une fraîcheur juvénile, toujours intacte, qu’il continuait à confondre accusatif et datif. » dirait Karl Krauss. C’est bien « L’économie bourgeoise ne peut arriver à la compréhension des économies féodales, antiques, orientales que du jour où eut commencé l’autocritique de la société (Gesellschaft) bourgeoise. » qu’il faut lire. De même quand Marx dit : « Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend sich rein identifiziert mit dem Vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der Feudalen, mit der sie noch direkt zu kämpfen hatte, der Kritik die das Christentum am Heidentum, oder auch der Protestantismus am Katholizismus ausübte. », il n’est absolument pas question de « sociétés » antérieures mais bien d’« économies » antérieures. « Ihre Kritik der frühern » se rapporte bien à « bürgerliche Ökonomie » tout comme « der feudalen, antiken, orientalen » se rapporte également à « bürgerliche Ökonomie ».

Pour s’en convaincre il suffit de comparer avec la traduction anglaise. « Similarly, only when the self-criticism of bourgeois society had begun, was bourgeois political economy able to understand the feudal, ancient and oriental economies. » « In so far as bourgeois political economy did not simply identify itself with the past in a mythological manner, its criticism of earlier economies — especially of the feudal system against which it still had to wage a direct struggle — resembled the criticism that Christianity directed against heathenism, or which Protestantism directed against Catholicism. » Le traducteur anglais semble mieux maîtriser la syntaxe allemande que nos trouducs ès-traduc nationaux. Il s’agit bien de « feudal, ancient and oriental economies » et de « earlier economies ». Je ne ferai pas l’injure à M. Nemo de lui signaler que economies, en anglais, c’est le pluriel de economy. Il appréciera donc le political economy (=economics) et l’economy tout court à leur juste valeur et à leur juste place.

 

Anonymous :

Capit’ANE  nemo  

« Reply #26 on: 15. October 2006 at 00:34 »

 

Le législateur universel au sens kantien n’est pas mort puisqu’il n’a jamais vu le jour.

Une loi juridique ne saurait donner un caractère universel qu’elle ne possède pas à une catégorie qu’elle impose quand bien méme celle-ci prétendrait à l’universalité. C’est à dire à sa nécessité (présumé par elle) tout bêtement au sens du Capit’Ane. Ouf tout ça pour ça ! La conserverie c’est infect et fastidieux.

La confusion de loi au sens juridique et de « loi » économique  ou la première justifie la seconde qui s’exprime dans la première et inversement ne fait pas avancer l’épave. Le capit’Ane nemo a avalé sa boussole juste avant le naufrage.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #27 on: 15. October 2006 at 09:01 »

 

 

Nemo :

Marx Attack  

« Reply #28 on: 15. October 2006 at 13:53 »

 

Non seulement le perroquet aime bien répéter, puisque telle est sa nature ; mais le perrroquet tOtO adore aussi recopier ce qu’il est incapable de saisir avec ses petites ailes atrophiées et qui de toute façon ne rentre pas dans sa petite tête de piaf acéphale. Il a donc recopié bêtement des citations de Marx où son Maître lui a bien fait souligner en gras — en gras, hein ! tOtO, en gras ! — le vilain mot d’économie, qu’il ne faut pas, tu as bien compris tOtO, qu’il ne faut pas prononcer : c’est un très vilain mot. Et voilà cette petite fiente de perroquet voyériste qui, non content de recopier bêtement ce qu’on lui dit de recopier, se prend la grosse tête (de piaf) et se met lui aussi à faire la leçon à Marx comme un petit fion merdeux qu’il est. Mais le malheur du perroquet qui ne sait que répéter et recopier, c’est qu’il ne peut pas lire. Parce que s’il savait lire, il se serait déjà avisé qu’on ne peut pas reprocher à Marx de faire ce qu’il s’est précisément donné pour but de faire : à savoir une critique de l’économie politique. Marx écrit, dans l’Avant-propos à la Deuxième partie, Le monde aliéné, de sa Critique de l’économie politique : « Nous sommes partis des prémisses de l’économie politique. Nous avons admis son langage et ses lois. […] En partant de l’économie politique elle-même, en parlant son propre langage, nous avons montré que l’ouvrier est ravalé au rang de marchandise, et la marchandise la plus misérable [etc.] » On ne saurait être plus clair. Marx a voulu battre les économistes bourgeois sur leur propre terrain en parlant leur propre langage. Ce qui était évidemment périlleux, puisqu’il courait le risque d’être contaminé par ce langage — ce qui n’a pas manqué d’arriver. Mais, il a rempli son contrat en battant en brèche leur « science » dont il a montré les ressorts cachés.

Que des petits fions voyéristes, des nains de la pensée, des morpions, viennent lui chercher des poux dans la barbe et lui faire la leçon, en lui reprochant de s’être servi du langage et des catégories de l’économie, est tout simplement risible. On peut certainement lui reprocher beaucoup de choses : son utilitarisme, par exemple ; on peut même l’accuser d’avoir, en voulant battre les économistes bourgeois sur leur propre terrain, d’être devenu, d’une certaine manière, plus économistes que les économistes — mais ce faisant il les poussait dans leur derniers retranchements. Il n’en reste pas moins que sa Critique de l’économie politique, toute entachée d’économisme qu’elle puisse être, n’a en rien perdue de son actualité, ni de sa pertinence — n’en déplaise aux petits branleurs voyéristes. Et ce n’est certainement pas eux, en répétant bêtement que : « l’économie n’existe pas », qui risquent d’apporter quoi que ce soit à cette critique — ni à quoi que ce soit d’autre d’ailleurs.

 

P.-S.

Au risque de peiner l’ânonymous qui passe et qui repasse (en vain), je lui signale) que non seulement le « législateur universel kantien » a bien « vu le jour » (1724) ; mais qu’il est également mort (+ 1804).

 

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #29 on: 16. October 2006 at 21:27 »

 

« C’est le même Marx qui déclare : “on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent” qui part, lui, d’une idée, d’une représentation : l’économie, et veut en faire quelque chose d’absolument réel, le réel par excellence, “le processus de vie réel”. (…)

La bourgeoisie est une classe dominante honteuse, c’est une classe dominante qui prétend ne pas dominer. Marx saisit très bien la ruse. Il part en guerre pour montrer le caractère apologétique de l’économie. À quel résultat parvient-il ? Il éternise, en théorie, la bourgeoisie, mieux que la bourgeoisie n’avait jamais pu souhaiter le faire, au point que la théorie à laquelle il aboutit permet de concevoir un monde bourgeois sans bourgeoisie, un monde qui demeure bourgeois quoi qu’il arrive, un monde où l’économie est la réalité du monde. (…)

Marx fit donc une critique économique de l’économie, du type : “l’économie est bien la réalité du monde. Seulement la conception bourgeoise de l’économie est fausse.” Alors que l’économie n’est rien d’autre que la conception bourgeoise du monde. Si l’économie existe, c’est seulement comme conception bourgeoise du monde et comme domination bourgeoise du monde, donc aussi comme domination du monde par la conception bourgeoise du monde. Si l’économie est fausse comme pensée et comme action, c’est parce que la bourgeoisie est fausse et nullement parce que la conception bourgeoise de l’économie est fausse. L’économie qui est le mensonge de la bourgeoisie sur le monde et sur la domination du monde par la bourgeoisie ne saurait être vraie. L’économie ne constitue aucune catégorie réelle du monde. La marchandise, l’argent, la valeur, le capital si. L’économie est seulement le mensonge d’une classe particulière sur le monde. La marchandise, l’argent, la valeur, le capital sont les propres mensonges du monde sur lui-même. La marchandise, l’argent, la valeur, le capital ne sont pas des catégories économiques. (…)

Que prétend l’ennemi, que dit l’économie politique ? Elle prétend que le capital ne caractérise pas seulement l’époque moderne, mais a toujours existé. Elle a raison. Du moins l’existence du capital ne se distingue pas de l’existence de l’argent. Elle prétend que l’époque moderne est toujours caractérisée par le capital. Elle a tort, ou bien elle ne dit rien à force de généralité. Plutôt que le capital soit un mode particulier de l’argent (Marx) c’est le salariat qui est un mode particulier du capital. Que prétend Marx ? Que le capital est ce qui caractérise l’époque moderne. II a tort. Ce qui caractérise l’époque moderne est une nouvelle forme d’argent, qui contient en germe le déclin du capital. On comprend bien les motifs de Marx quand on comprend la ruse involontaire de l’ennemi. L’ennemi ne prétend pas seulement que le capital comme forme immédiate de l’argent a existé dès que l’argent a existé. I1 prétend que le capital est un mode de production et il prétend que ce mode de production a toujours existé. Or le capital ne saurait avoir toujours existé comme mode de production, car le capital n’est pas un mode de production. Le capital est un mode de publicité ou plutôt un mode d’absence de la publicité. Marx va où l’ennemi veut qu’il aille, il bataille une vie durant pour prouver que le capital n’a pas toujours existé comme mode de production, sans songer un seul instant que le capital n’est pas un mode de production et que l’analyse des modes de production, des gammes d’usinage, n’a aucune sorte d’importance pour ce qui est son propos réel et qui est aussi le nôtre. »

1976 ! et pas une ride...

 

Nemo :

Répète tOtO répète  

« Reply #30 on: 17. October 2006 at 05:41 »

 

Le perroquet tOtO répète la parole du Maître, le terroquet tOtO recopie la parole du Maître ; et voilà que le perroquet tOtO se met à découper des images dans les albums de Tintin qu’il lit par-dessus l’épaule du Maître, « perché sur le dossier de la chaise ». Quelle brave petite bête ce tOtO — dommage qu’elle ne soit pas propre et qu’il faille sans cesse nettoyer  ses déjections.

 

C. Knife :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #31 on: 17. October 2006 at 13:22 »

 

Même en écrivant comme un sagouin, j’ai l’impression que monsieur Nemo me comprend.

Pour Nemo, les catégories de l’économie politique ne seraient applicables qu’au monde de l’économie bourgeoise. Il tient absolument à ce que l’économie soit une réalité. Son insistance à se servir de ce qu’il appelle « les catégories » comme d’un cheval de Troie pour faire rentrer l’économie une réalité autre qu’idéologique est récurrente. C’est ce que l’on verra plus bas.

 

« Dans son Rapport Voyer propose de traiter l’économie (politique) comme une idéologie (au sens de Marx). Ce qui implique de nier la réalité économique. Je traduit : si l’économie est une idéologie, il n’y a pas de réalité économique et vice versa. Ce qui veut dire que quand l’économie (politique) applique ses catégories à la réalité tout ce qu’il y a d’économique dans cette réalité lui vient de ces catégories (Dumont). Or ces catégories sont le produit de la vision utilitariste du monde que se fait la bourgeoisie (et que partage dans une certaine mesure Marx) et ne peuvent s’appliquer, à la rigueur, qu’à ce monde. Ce ne sont pas des catégories du monde ; ce ne sont pas des catégories universelles ; ces catégories ne sont pas exportables comme toutes la camelote produite massivement par le système de la marchandise. Il est évident que le discours économique est un discours sur le seul monde que reconnaît l’économie politique, celui qu’à produit le capitalisme industriel et marchand ; parce que pour l’économie (politique) le système qu’elle défend et promeut est le meilleur système à l’exclusion de tous les autres : celui qui s’est imposé historiquement. Tout le reste n’est que littérature. »

(Debord(el) 2002 / Le nouveau Debord(el) est ici ! / Nemo: Les points sur les i — encore une fois on: 15.02.05 at 12:52:35)

 

Pour Nemo, les catégories de l’économie politique s’appliquent à la rigueur à ce monde. En quelques années, ce « à la rigueur » se transforme et devient « L’économie qui est l’idéologie de la bourgeoisie industrielle et marchande triomphante, ne peut en toute rigueur appliquer ses catégories qu’au monde qui a été transformé à son profit par la dite bourgeoisie à cette “seconde nature”, donc », voilà du Nemo dans le texte. On mesure le travail titanesque qui attend Nemo, celui qui consistera à donner un tantinet de réalité à l’économie, une réalité autre que purement idéologique. Pourquoi ressasse t-il sans cesse que les catégories de l’économie politique peuvent s’appliquer à ce monde ? Il nous prend pour des gongs ? En tant qu’idéologie, l’économie peut appliquer ses catégories où elles veut et quand elle veut, qui l’en empêche, qui m’empêche de dire n’importe quoi, à l’instar d’un Nemo Philippulus ? Maintenant, dire que les catégories de l’économie politique s’appliquent à ce monde peut être interprété de différentes manières, mais moi je n’en voit qu’une seule, comme on pourra le voir avec Kalhydre.

 

« L’économie existe parce que des hommes pensent le monde à travers ses catégories. »

(Debord(el) 2002 / Le nouveau Debord(el) est ici ! / Kalhydre: Re: Ultime communiqué  de la Sorbonne en exil on: 24.07.06 at 07:54:49)

 

Pour moi, si les catégories de l’économie politique s’appliquent à ce monde c’est qu’une réalité extérieure au discours idéologique existe, réalité qui correspond à ces fameuses catégories, hors de cette définition point de salut. voilà comment tout le monde comprend la formule de monsieur Nemo Philippulus. Kalhydre a très bien compris monsieur Nemo, l’inverse est moins évident.

 

Pour Nemo, « Debord définit effectivement le spectacle comme une vision du monde qui s’est objectivée. Qu’est-ce à dire ? Ceci : que la vision que l’on se fait du monde a le pouvoir de transformer le monde ; ou plus exactement : quand une vision du monde devient la vision (dominante), elle a les moyens de transformer le monde selon l’image qu’elle s’en fait. » (PLAY IT AGAIN, SAM — sur ses fameuses texticules).

 

Voilà, la messe est dite, Nemo Philippulus revient par la fenêtre avec « quand une vision du monde devient la vision (dominante), elle a les moyens de transformer le monde selon l’image qu’elle s’en fait », gong à la main. Mais il évite soigneusement de parler du spectacle, trop risqué, il nous revient pour parachever l’objectivation de la vision de la classe dominante avec les catégories. Gong ! « Et cette vision du monde quand elle domine induit une pratique du monde », Nemo Philippulus dixit ! Et comment nommer ce monde où une pratique est induite par une vision du monde, vision du monde elle même prescrite par les catégories de l’économie politique ? Bon sang, mais c’est bien sûr… ! C’est… ! C’est… El espectáculo ! Gong ! El espectáculo ! Gong ! El espectáculo…

Et c’est ainsi que Debord est grand et Nemo Philippulus son prophète.

Gong !

 

Nemo :

… non, rien du trou  

« Reply #32 on: 17. October 2006 at 19:28 »

 

Encore une explication de text(icul)e pour le (petit) trouduc

 

1. Je tiens d’autant moins « à ce que l’économie soit une réalité » que je pense que la seule réalité qui soit économique est celle de ses catégories.

2. Je ne vois pas où le second couteau sans lame qui raisonne comme un manche de pioche veut en venir avec les excellentes citations qu’il produit. Si c’est pour me faire dire que j’essaie de « donner un tantinet de réalité à l’économie », il se met le doigt dans le cul jusqu’à l’os à moelle. Je ne « ressasse » pas « que les catégories de l’économie politique peuvent s’appliquer à ce monde », je répète qu’elles ne doivent s’appliquer qu’à lui ; alors qu’elles prétendent pouvoir s’appliquer universellement — l’économie étant l’idéologie dominante se permet d’appliquer ses catégories où et quand elle veut : elle n’en a pas pour autant le droit.

3. Qu’une « réalité » existe, c’est une évidence ; qu’elle soit « extérieure », ne l’est pas : à quoi donc serait-elle extérieure ? Et ce n’est évidemment pas la « réalité » qui « correspond à ces fameuses catégories » ; ce sont ces catégories qui prétendent correspondre à la réalité.

4. Il me semble évident qu’une vision du monde techniquement équipée est en mesure de s’inscrire dans le monde autrement qu’en parole.

 

Ite pissa est — fuck off screw you.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #33 on: 21. October 2006 at 16:35 »

 

Cap’tain Nullus je vais de découverte en découverte !!! Je m’aperçois maintenant que la phrase en allemand extraite de l’Introduction à la critique de l’économie politique de 1857, et que j’avais tirée de MLWERKE , est bourrée de fautes de scanner mal relues et mal corrigées.

Une petite comparaison avec la mega originale édition MEGA (Berlin, Dietz Verlag, 1976) donne ceci :

 

Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend sich rein identifiziert mit dem Vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der Feudalen, mit der sie noch direkt zu kämpfen hatte, der Kritik die das Christentum am Heidentum, oder auch der Protestantismus am Katholizismus ausübte. (mlwerke en ligne)

Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend sich rein identifiziert mit den vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der feudalen, mit der sie noch direkt zu kämpfen hatte, der Kritik, die das Christentum am Heidentum, oder auch der Protestantismus am Katholizismus ausübte. (Édition papier)

 

Ça change tout ! Attention scanner en allemand danger grave !

 

Reprenons la magnifique traduction de MM. Husson et Badia aux Éditions staliniennes :

« Pour autant que l’économie politique bourgeoise, créant une nouvelle mythologie, ne s’est pas purement et simplement identifiée au passé, sa critique des sociétés antérieures, en particulier de la société féodale, contre laquelle elle avait encore à lutter directement, a ressemblé à la critique du paganisme par le christianisme, ou encore à celle du catholicisme par le protestantisme. »

Non seulement il n’est absolument pas question de sociétés antérieures dans cette phrase mais bien d’économies antérieures, mais il n’est absolument pas question de s’identifier au passé, mais bien de s’identifier aux économies passées. « Mit dem Vergangnen » en allemand ne veut absolument rien dire. Pour dire « avec le passé » en allemand il faut dire « mit der Vergangenheit ». Par contre « mit den vergangnen » devient lumineux. En allemand tous les substantifs, nom communs comme noms propres, prennent une majuscule. Avec « mit den vergangnen » (v minuscule) il s’agit d’un adjectif au datif pluriel. Il ne s’agit donc pas de s’identifier au passé mais de s’identifier aux passées (sous-entendu les économie passées). Pareillement le F majuscule n’a aucun sens dans la première phrase. Pour dire « les antérieures » (sous-entendu les économies antérieures) il faut utiliser l’adjectif « früher », évidemment avec une minuscule comme tous les adjectifs, et pour dire « particulièrement la féodale » il faut dire « namentlich der feudalen » évidemment avec une minuscule aussi.

Les Anglais avaient donné :

« In so far as bourgeois political economy did not simply identify itself with the past in a mythological manner, its criticism of earlier economies — especially of the feudal system against which it still had to wage a direct struggle — resembled the criticism that Christianity directed against heathenism, or which Protestantism directed against Catholicism. »

Ils avaient bien traduit, eux, les « économie antérieures » par « earlier économies ». Par contre ils se plantent également en disant « with the past » qui veut dire « avec le passé » alors qu’ils auraient du dire « with the past ones » qui veut dire « avec celles passées » (sous-entendu les économies).

 

Et voilà ! Encore un broc d’eau dans la tronche ! Voilà trente-cinq ans que vous lisez Marx en étant persuadé d’avoir tout compris, mais vous n’aviez jamais imaginé que les traductions en français comportaient des fautes graves qui changent du tout au tout le sens de ce que Marx dit. Traductions faites par d’éminents agrégés de l’Université qui plus est. Quel âne vous faites ! Évidemment ça ne vous empêchera pas de trouver à y redire et de penser que vous avez tout compris et que vous êtes le seul à avoir tout compris. Bien à vous. Saluez Bartléby de ma part si vous le rencontrez dans les couloirs de l’Université à Strasbourg.

 

Dernières corrections : 23/10/06  00:06

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #34 on: 21. October 2006 at 16:37 »

 

 

Toto

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #35 on: 21. October 2006 at 17:01 »

 

Évidemment il ne faut pas confondre non plus früher (avec une minuscule) et notre Führer qui lui prend une majuscule.

 

Bartleby :

Soyons futils.... n’ayons l’air de rien  

« Reply #36 on: 22. October 2006 at 13:07 »

 

Cher Toto,

Ce serait plutôt dans les couloirs de la Sorbonne que vous auriez une chance de me croiser :

 

http://209.85.135.104/search ?q=cache:iXWRCsSOMHcJ:www.crlc.paris4.sorbonne.fr/pages/Ev%258Enements%2520pass%258Es/Programme%2520G.%2520Debord.pdf+Sorbonne+paris+IV+Debord+Bartleby&hl=fr&gl=fr&ct=clnk&cd=2

 

Je ne manque, quand même pas, de vous saluer amicalement, en espérant vous voir à Strasbourg ; ce sera en février 2007. Je vous prépare aussi quelque chose pour novembre, sur une chaîne nationale, une belle surprise. Mes chers amis : Kalhydre et Kabouli me manquent, l’entrain, la santé, la bonne humeur, la réinvention du langage et l’humour de Kabouli... la rage concentrée, l’idéalisme méthodique jusqu’au lyrisme souverainiste de Kalhydre... et vous mon cher Toto, véritable talmudiste du marxisme sous scanneur.... Mais je n’ai que peu de temps, en ce moment... ne travaillez jamais... un travail à plein temps. See you soon.

 

Nemo :

Comment dit-on …  

« Reply #37 on: 23. October 2006 at 13:30 »

 

... économie en chinois ?

 

Le perroquet aptère est dans tous ses états : il vole « de découverte en découverte ». Il avait déjà découvert qu’une traduction peut être fautive — celle de Marx, ce qui l’arrangeait en l’occurrence. Et voilà qu’il découvre — à ses dépends — qu’un scanner peut faire des fautes d’orthographe — du coup il est emmerdé pour la traduction ; mais heureusement le Maître est là qui veille — et le tOtO, malgré ses petites ailes atrophiées, est capable de recopier aussi en allemand.

Cela dit, il ne nous apprend rien de plus que ce qu’il répète de façon compulsive chaque fois qu’il ouvre le bec sur le sujet ; à savoir : que Marx n’est qu’un vilain économiste marxiste. Aussi, après la mise à l’épreuve de la traduction française de Marx par l’original allemand, je suggérerais au perroquet savant de confronter le texte allemand à sa traduction chinoise. En effet, le chinois offre l’avantage d’être une langue très concrète, jusque dans les notions abstraites (de plus son écriture la rend moins susceptible de corruption). Par exemple, économie se traduit en chinois  par : jingji (guomín jingji, économie nationale), littéralement si l’on décompose : jing, livre (canonique) et : ji, 1. secourir, 2. traverser la rivière. Il n’est pas étonnant que dans la langue chinoise, qui est une langue de lettrés, l’économie se résume à un livre de recettes pour « traverser la rivière » de la vie, qui est souvent difficile ; ou à un recueil des ressources disponibles pour « secourir » des populations souvent dans le besoin. Il ne viendrait pas à l’idée d’un chinois de chercher de l’économie ailleurs que dans un livre ; ou de croire à une nature économique des choses.

Marx qui n’était pourtant pas chinois, n’est pas tombé non plus dans ce travers, n’en déplaise au perroquet — on peut certainement lui reprocher d’avoir abusé des catégories de l’économie politique dans sa Critique ; mais aussi, tenait-il  à faire celle-ci dans les termes mêmes de l’économie, comme il le dit d’ailleurs expressément.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #38 on: 23. October 2006 at 15:37 »

 

 

Ju :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #39 on: 23. October 2006 at 16:28 »

 

le sinologue nietzschéen botte en touche.

 

Pour le plaisir de la connace mondaine :

http://www.editions-anonymes.fr/toto.htm

 

sans oublier notre priapiste gonflé au sébum :

http://www.lnalhooq.net/Texticules/Nemo_0/000_Sommaire.html

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #40 on: 23. October 2006 at 19:32 »

 

Hé Bartleby

C’est pas toi qui disait au plus fort des émeutes l’an dernier que quelque chose avait radicalement changé et que plus rien ne serait comme avant ?

Efface-toi, comme tes posts...

 

Omar Wisyam :

il senso della dialettica  

« Reply #41 on: 24. October 2006 at 13:15 »

 

è strano ma è vero : è Bartleby a distruggere Debord.

Le chiacchere amabili di Bartleby annullano Debord,

la critica invidiosa, rancorosa, velenosa di Voyer lo rivitalizza.

Il nemico peggiore di Debord sono i suoi divulgatori professionisti, i suoi seguaci che chiaccherano e non lavorano, i giornalisti e i « saggisti » ai margini più miseri dello spettacolo, non i suoi critici.

Auguri Voyer !

 

Nemo :

Marx, c’est pas le mauvais cheval :  

« Reply #42 on: 24. October 2006 at 13:41 »

 

... une histoire chinoise

 

Marx en chinois se dit : makesi ; littérallement : cheval / vaincre / ce — « ce qui peut se traduire, si l’on veut par “le cheval peut penser”. » Il existe en Chine une plaisanterie à ce propos : « Un vieil ouvrier agricole, fatigué des éternelles campagnes politique et des discussions, s’exclame : “J’entends toujours parler du cheval qui peut penser. Le cheval qui peut penser, à quoi ça sert ? Le cheval peut penser, le bœuf peut penser aussi. Où est la différence ?” »

 

Je dédie cette petite fable aux animaux de la petite ménagerie voyériste — particulièrement au perroquet tOtO.

 

Kabouli :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #43 on: 24. October 2006 at 15:26 »

 

Quote:

....Kabouli me manque, l’entrain , la santé , la bonne humeur, la réinvention du langage et la bonne humeur

 

Merci, monsieur Bartleby c’est en effet  moi... tout craché. La réinvention du langage me va droit au cœur, il y a tellement de pisse-syntaxe sur ce forum...

 

Bartleby :

Panégyrique de K.  

« Reply #44 on: 25. October 2006 at 00:38 »

 

Cher Kabouli,

Je vous ferais un signe personnel, bientôt, sur les ondes nationales ; j’aurais voulu faire votre panégyrique, comme celui de Kalhydre d’ailleurs, mais le temps passe et nous emporte. Mon seul désagrément, c’est qu’il n’y ait pas (ou presque) de répondant pour vous pousser dans vos dégagements, là où vous êtes le meilleur. Quand vos inventions, votre bon sens faussement brouillon, vos jeux de mots, et (j’ose le dire) votre culture bien réelle, deviennent le plus performant. Vous êtes sous employé ici. C’est misère. Bref, personne à votre hauteur, à part l’ex-debord(élique) Kalhydre et bien sûr l’ami Toto.

Personne ici n’a réinventé le langage comme vous ; souvent drôle, narquois, alerte, parfois volontairement lourd, pachydermique en apparence, mais en fait délibérément léger et agile, et surtout très très loin des dépressifs éffondrés qui nous font malheureusement fuir ces lieux. Toujours en « grande santé », votre gaité détonne dans cet univers de vautours apeurés par leur propre malheur.  J’aurais bien aimé vous connaître.

Quand à l’Omar, son naïf paradoxe enfantin se mord la queue, si je puis dire ; si je détruis « malgré moi » quelqu’un que M. Voyer cherche à détruire « sciemment », où est le raisonnement ? Voudrait-il tirer un signe égal qu’il ne s’y prendrais pas autrement, le maladroit. Bah !! Après tout, laissons l’Omar à ses syllogismes macaronesques, qu’il s’amuse, c’est le principal. Sympatico !  Je passe bientôt en Italie, pour quelques conférences, il nous sortira bien un bardolino pour l’occasion.

 

Nemo :

Babartleby, Roitelet du Situland...  

« Reply #45 on: 25. October 2006 at 06:22 »

 

... — le pays où la vie brûle d’un feu si intense qu’elle se consumme par les deux bouts de la chandelle (dont l’un est un trou) — où il jouit sans entrave et où il tapine sans temps mort, repasse au debordel pour faire entendre le son de sa petite trompe et distribuer des (bon)bons points aux gentils qu’il aime bien et des tapettes aux vilains qu’il aime pas bien ; avant de repartir fissa pour de nouvelles aventures au Situland.

A la prochaine, Babartleby , tu reviens nous voir quand tu veux.

 

Kalhydre :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #46 on: 25. October 2006 at 11:19 »

 

Cher Barte,

C’est avec grand plaisir que je vous retrouve. J’aimerais bien reprendre notre discussion ou en inventer une nouvelle, avec vous, l’ami kabouli et d’autres également, mais hélas ces derniers temps j’ai tant de choses à faire...

Le debordel, c’est finalement un luxe en matière de dépense de temps. Un potlatch ?

En tout cas faites-moi savoir assez à l’avance quand et où vous ferez signe à kabouli (et à moi-même ?), ce sera sûrement très rigolo je vous fais confiance pour cela.

salutations à tous

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #47 on: 25. October 2006 at 17:09 »

 

En fait, ce qu’il faut lire, c’est ceci :

Personne ici n’a réinventé le langage comme moi, Bartleby ; souvent drôle, narquois, alerte, parfois volontairement lourd, pachydermique en apparence, mais en fait délibérément léger et agile

Tellement léger avec la langue allemande, essayant de lui faire dire ce qu’elle ne dit pas, essayait de ne pas lui faire dire ce qu’elle dit, essayant de donner un sens à sa pauvre et misérable vie de grande folle...

Pas surprenant qu’un Toto l’ait proprement mis K.O. comme tous s’en souviennent et s’en souviendront...

T’es un tocard, petit barte...

 

Ju :

Re: Babartleby, Roitelet du Situland...  

« Reply #48 on: 29. October 2006 at 02:25 »

 

En fait, ce qu’il faut lire, c’est ceci :

au debordel, [moi nemo], pour faire entendre le son de [ma] sa petite trompe et distribuer [mes] des (bon)bons points aux gentils qu’il aime bien et des tapettes aux vilains qu’il aime pas bien ; avant de repartir fissa pour de nouvelles aventures au Situland.

Tellement léger avec Debord ou Voyer, essayant de lui faire dire ce qu’elle ne dit pas, essayait de ne pas lui faire dire ce qu’elle dit, essayant de donner un sens à sa pauvre et misérable vie de grande folle.

ect.

 

Nemo :

Meanwhile back in Voyerland…  

« Reply #49 on: 29. October 2006 at 06:51 »

 

... …les animaux de la petite ménagerie s’inventent des pseudos qu’il s’échangent faute de mieux : alors, toi aujourd’hui tu ferais le kabouli ; tOtO le Toto, puisqu’il ne sait bien faire que ça ; et moi je ferais le ju — pour le tOntOn, on ferait un roulement.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #50 on: 29. October 2006 at 09:06 »

 

 

Nemo :

Et tOtO…  

« Reply #51 on: 29. October 2006 at 17:04 »

 

... … fatigué de recopier du texte, découpe compulsivement les mêmes petites images (peiniblement modifiées) dans ses albums de Tintin ; pauvre tOtO — et pauvre Tintin.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #52 on: 30. October 2006 at 18:05 »

 

 

Nemo :

Ci-dessus : prortrait du perroquet tOtO...  

« Reply #53 on: 31. October 2006 at 11:52 »

 

... en jeune chien rentrant la queue basse chez son Maître parce qu’il en a plein le cul.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #54 on: 01. November 2006 at 20:01 »

 

« De même que Démocrite transposait les concepts d’“en haut” et d’“en bas” à l’espace infini où ils n’ont plus de sens, de même Marx projetait dans l’histoire universelle passée et à venir une image de la société où les conquêtes, les tensions, les motivations, voire les fictions spécifiques de l’ère libérale, étaient censées représenter les données constitutives de toute vie en commun. Ainsi par exemple Marx décrivait les classes en termes essentiellement économiques en présupposant que la séparation, réclamée par les libéraux, de l’État et de l’économie se retrouvait à la base de toutes les sociétés. Dans sa perspective, les classes se forment spontanément, par la seule action du progrès technique et de la division du travail, sur la base des rapports purement privés qui constituent la société civile.

Chaque fois une classe particulière monopolise la “direction générale du travail” en réduisant les producteurs directs à l’état d’instruments passifs de la production. Elle s’approprie les conditions matérielles de la production et institue les rapports de propriété adéquats : propriété étatique, propriété féodale, propriété bourgeoise, etc. À une étape ultérieure du développement économique, sa domination devient incompatible avec l’expansion économique. “Alors s’ouvre une ère de révolution sociale…” Finalement, l’évolution économique permet à la classe exploitée et opprimée de la période précédente d’accéder à la prépondérance et d’imposer à la société le mode “nouveau et supérieur” de production dont elle est le porteur. L’histoire est le récit de la lutte des classes et celle-ci aboutit chaque fois “ou bien à la transformation révolutionnaire de la société tout entière ou bien à l’effondrement simultané des classes en conflit”.

Il va de soi que pareille image de la société et de son devenir présuppose une autonomie et une spontanéité parfaites de la société civile, autrement dit que l’action de l’État sur le monde économique reste nulle ou secondaire. C’est précisément ce qu’affirme la théorie de l’État “superstructure”. »

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #55 on: 01. November 2006 at 20:55 »

 

on 24. October 2006 at 15:26, kabouli wrote:

Merci, monsieur Bartleby c’est en effet  moi... tout craché. La réinvention du langage me va droit au cœur, il y a tellement de pisse-syntaxe sur ce forum...

 

C’est si vré !

Et Bartleby qui ne fait toujours pas de la différence entre le futur et le conditionnel :

 

Quote:

Je vous ferais un signe personnel, bientôt, sur les ondes nationales

 

Il est assurément promis à un grand avenir dans son métier...

 

Nemo :

Quelques citations pour le perroquet…  

« Reply #56 on: 03. November 2006 at 06:27 »

 

... … qui est tout content de recopier celles qu’on lui fournit.

 

Peu à peu, sous l’étiquette de Marx, on avait vu se dresser dans l’arène des sciences sociales un modèle qui représentait la société comme une sorte de gâteau fait de couches superposées et inégales, dont la plus dure (l’infrastructure) soutenait les autres (les superstructures) ; celles-ci perdaient de leur consistance à mesure que l’on s’approchait de la couche supérieure, faite de toutes les idées et idéologies que les hommes ont dans la tête, et qui reflétaient de façon partielle et déformée à la fois l’intérieur et l’extérieur de la société.

[...]

Mais puisque la pensée n’est pas une instance séparée des rapports sociaux, puisqu’une société n’a ni haut ni bas, qu’elle ne se compose pas de couches superposées, il nous faut conclure que la distinction entre infrastructures et superstructures, si elle garde un sens n’est pas une distinction de niveaux ou d’instances, pas plus qu’elle n’est une distinction entre des institutions.

[...]

[…] Elle est, dans son principe, une distinction de fonction. La notion de causalité en dernière instance, de primats des infrastructures, renvoie à l’existence d’une hiérarchie de fonctions et non à une hiérarchie d’institutions.

[...]

[Polanyi] propose donc comme définition « substantive » de l’économie : « … procès institutionnalisé d’interaction entre l’homme et son environnement qui se traduit par la fourniture continue des moyens matériels permettant la satisfaction des besoins ». On notera sans peine que cette définition concorde avec la notion spontanée que le sens commun se fait de l’économie, et avec les notions générales plus élaborées que les économistes classiques plaçaient en tête de leurs ouvrages et que Marx avait reproduites et analysées dans son « Introduction » à la Contribution à la critique de l’économie politique. L’activité économique est un processus, c’est-à-dire, comme le souligne Polanyi, un ensemble de « mouvements » de production, de circulation et d’appropriation de biens matériels. Mais ce procès n’a « d’unité et de stabilité » que parce qu’il est « institutionnalisé », fonctionne à travers des institutions, c’est-à-dire des rapports sociaux généraux des hommes entre eux et au sein d’une société donnée. Nous sommes donc ici en présence de concepts empiriques généraux, « abstraits » qui résument un certains nombres de caractères communs à un ensemble de réalités concrètes. Ces concepts ne sont ni vides ni inutiles. Ils constituent, pour reprendre les termes de Marx à propos des termes de « production », de « consommation » et même de « travail », des « abstraction rationnelles qui évitent les répétitions inutiles ». Dans la réalité, chacun sait qu’« il n’existe pas plus de production en générale que de production générale » et les concepts abstraits « ne correspondent à aucun stade historique réel de la production. » […] Marx ne tombe donc pas sous le reproche de « myopie ethnocentrique et d’éclectisme aveugle » que Polanyi adresse aux économistes libéraux. Non seulement il s’interdit lui aussi de projeter sur toutes les sociétés les rapports capitalistes et les catégories qui les expriment, bien ou mal, mais il recommande les plus extrêmes précautions dans l’usages des concepts les plus généraux, en apparences pas neutres idéologiquement, tel le concept de travail. Et il en va de même des catégories de monnaie d’échange, de capital, etc.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #57 on: 03. November 2006 at 20:13 »

 

Oui, et alors ? On se demande si Cap’tain Nullus s’en sort avec ses guillemets qui se baladent un peu partout et ses petits points entre crochets où il excelle généralement dans l’art du charcutage. Qui est qui ? et parle de quoi ? That is the question ? La citation que je me suis aimablement fourni moi-même est d’un seul tenant : Kostas Papaioannou, De Marx et du Marxisme, pp. 376-377. Mais peut-être que Mister Nul considère maintenant, comme M. Bartléby, qu’il faut être un esprit simple, sinon simplet, pour réduire Marx à de telles « absurdités ». Quand on pense que Debord pouvait déjà lire de telles lignes dans les années soixante ! Pas étonnant qu’il trouvait ce Kostas bizarre.

 

Nemo :

Toto se taille encore un Kostas  

« Reply #58 on: 04. November 2006 at 09:31 »

 

Le tOtO recopie de préférence, c’est bien normal, des citations qui vont dans le sens de la vulgate voyeriste qu’il essaie péniblement de diffuser et de défendre. Les miennes ne vont pas exactement dans ce sens ; il en voit donc d’autant moins l’intérêt que sa religion est faite — et que toute façon il n’y comprend rien. « Oui, et alors ? » ; « Qui est qui ? et parle de quoi ? That is the question ? »

Une citation étant une citation, les guillemets sont les guillemets de la citation et ils ne « se baladent [pas] un peu partout », ils sont à la place où ils doivent être. Quand aux « petits points entre crochets », ils permettent simplement de ne recopier que ce qu’on veut recopier.

Les citations, elles, sont tirées de L’idéel et le matériel de Maurice Godelier, un horrible anthropologue « marxiste », qui plus est fondateur d’une l’anthropologie économique — ce qui est rédhibitoire pour un voyériste —, que le perroquet ne peut par conséquent pas lire — il est donc inutile que je lui indique les pages. En bon voyériste aligné, le perroquet préfère évidemment recopier Papaioannou — référence voyériste absolue : pour la critique de Marx ? Voyez le bon Papa — les citations qui l’arrangent.  Cela dit le livre de Kostas est tout à fait recommandable — et si Debord le trouvait « bizarre », c’est sans doute parce que la critique que fait Papaioannou du jeune Marx n’arrangeait pas Debord pour qui c’était une référence absolue.

 

Kalhydre :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #59 on: 04. November 2006 at 13:14 »

 

De fait, la pensée économique en décadence n’a jamais réussi à réfuter - voire à discuter sérieusement - le contenu de l’économie marxiste et la critique ne porte jamais que sur des questions de formes et de plus en plus sur des questions personnelles : elle préfère spéculer sur les intention subjectives, plutôt que d’aborder la discussion des idées exprimées. Ainsi, parlera-t-on à perte de vue sur le point de savoir si les Manuscrits parisiens de 1844 sont philosophiques ou économiques, sont une oeuvre de jeunesse et donc ne sont pas une... oeuvre de maturité, et pourquoi ces textes n’ont pas été rédigés pour l’impression, ce qui leur enlèverait une grande partie de leur importance.

Roger DANGEVILLE, in Présentation d’Un chapitre inédit du Capital, 10/18, p. 20-21.

 

Debord n’était même pas bordiguiste.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #60 on: 04. November 2006 at 16:39 »

 

Debord était une tartine de merde. Quand vous vous serez mis ça dans le crane vous aurez avancé d’un millimètre, bandes de petits branleurs (et branleuses).

« Quand aux “petits points entre crochets”, ils permettent simplement de ne recopier que ce qu’on veut recopier. »

Évidemment on l’a bien compris et on t’as déjà vu à l’œuvre. Pour ne recopier que ce que tu veux bien recopier y’en a pas deux comme toi.

Godelier, Polanyi, quel marathon pfff , pfff… Il va falloir étayer tes citations mon gaillard. Si tu ne veux pas donner les numéros de pages ce n’est pas grave. Je les trouverai moi-même pour voir ce qu’il y a entre les crochets. C’est souvent plus intéressant de lire ce que tu charcutes que ce que tu cites. Donc Debord trouvait Kostas « bizarre » parce que la critique que celui-ci fait du jeune Marx ne l’arrangeait pas. Mais si j’en crois Kostas, la critique de jeune Marx avait déjà été fait par Marx lui-même. C’est en homme « dégrisé » que Marx aborde son œuvre de maturité. Et ce Marx de la maturité ne trouve pas plus grâce aux yeux de Kostas que le précédent. « “Transposer dans les siècles reculés toutes les idées du siècle où l’on vit, c’est des sources de l’erreur celle qui est la plus féconde” : cet avertissement de Montesquieu est resté pour Marx lettre morte. Il a voulu “rendre moderne les siècles passés” : c’est de cette illusion perspectiviste que découle l’idée exclusive qu’il s’est fait du rôle de la division du travail dans la formation des classes. » (op. cit., p.248.) Le deuxième paragraphe de la page 262 est assez amusant aussi. Kostas nous explique les délires de Marx à propos des prêtres de l’Égypte ancienne. Délire que l’on trouve dans K, I, p. 539, œuvre de maturité s’il en est.

 

Nemo :

Le perroquet se pavane...  

« Reply #61 on: 05. November 2006 at 07:32 »

 

... dans un Kostas bien trop large pour lui.

 

Le perroquet s’énerve et insulte bêtement meilleur que lui — ce n’est pas difficile. Le petit fion voyériste qui se croit autorisé par les « géniales » élucubrations de son Maître à faire la leçon à d’autres — forcément meilleurs que lui — en recopiant bêtement des citations autorisées qu’il n’a pas besoin de saisir avec ses petits ailes atrophiées, voudrait, lui débile volatile, me faire « étayer » les miennes parce qu’elles tombent précisément sur sa petite tête de piaf sans qu’il puisse rien faire pour s’en protéger : il n’en est pas question ; qu’il se démerde ! Je me réjouis d’avance en pensant à la tête qu’il va faire quand il va devoir se taper in extenso Le réel et l’idéel pour retrouver les citations — excellentes au demeurant — que j’y ai prélevées.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #62 on: 05. November 2006 at 09:27 »

 

« Il me semble que le problème est de savoir ce que Marx à vraiment écrit : c’est-à-dire ce qu’il a pensé. » (Mister Nemo qui croit toujours tout savoir mieux que les autres s’immisce dans une Discussion de salon, le 2 décembre 2005. Austerlitz lui monte à la tête peut-être.)

 

http://www.editions-anonymes.fr/toto.htm

 

C’est pourquoi M. Nemo, qui ne s’énerve jamais (plus zen tu meurs), en appelle maintenant à Godelier, à Polanyi, à qui sais-je encore, dans un déluge de citations charcutées et sans queue ni tête qui aident énormément à la compréhension de ce que Marx a « vraiment » écrit, c’est-à-dire ce qu’il a « pensé ». Mais pour savoir ce que Marx a « vraiment » écrit, encore faut-il ne pas se laisser abuser par les traductions françaises de nos éminents marxistes (fifille Laura en tête) qui remplacent carrément le mot « économie » en allemand par le mot « société » en français. Donnerwetter !

 

Nemo :

tOtO trOuducteur  

« Reply #63 on: 06. November 2006 at 07:19 »

 

En attendant que le tOtO achève sa traduction de Marx pour que l’on puisse enfin savoir ce que « Marx à vraiment écrit », je me contente de le lire dans la traduction de Rubel et (ou) Evrard — et bien sûr dans celle de Papaioannou pour les Écrits de jeunesse — qui sont largement suffisante pour l’« honnête homme » mais qui ne sauraient évidemment satisfaire un perroquet. Je m’intéresse aussi, comme il se doit, à ce qu’écrivent les autres — Papaioannou n’est pas le seul à être digne d’intérêt — «critiques » de Marx. Ce dont le tOtO peut faire l’économie depuis que son Maître en a « achevé » la critique en décrétant « l’inexistence de l’économie » — ce qui lui permet de se consacrer à la tâche exaltante — pour un perroquet —  de répertorier toutes les occurrences du mot : économie, pour voir si par hasard, ou malveillance, il n’aurait pas été traduit par : société.

 

Keep on truckin’ tOtO.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #64 on: 06. November 2006 at 17:37 »

 

« So kam die bürgerliche Ökonomie erst zum Verständnis der feudalen, antiken, orientalen, sobald die Selbstkritik der bürgerlichen Gesellschaft begonnen. Soweit die bürgerliche Ökonomie nicht mythologisierend sich rein identifiziert mit den vergangnen, glich ihre Kritik der frühern, namentlich der feudalen, mit der sie noch direkt zu kämpfen hatte, der Kritik, die das Christentum am Heidentum, oder auch der Protestantismus am Katholizismus ausübte. »

« De même l’économie politique bourgeoise ne parvint à comprendre les sociétés féodales, antiques, orientales que du jour où eut commencé l’autocritique de la société bourgeoise. Pour autant que l’économie politique bourgeoise, créant une nouvelle mythologie, ne s’est pas purement et simplement identifiée au passé, sa critique des sociétés antérieures, en particulier de la société féodale, contre laquelle elle avait encore à lutter directement, a ressemblé à la critique du paganisme par le christianisme, ou encore à celle du catholicisme par le protestantisme. » (Traduction stalinienne de Husson et Badia, Éditions sociales, 1957)

M. Nemo croit que tout est simple, surtout pour un esprit de sa trempe. S’il suffisait de répertorier toutes les occurrences du mot Ökonomie dans les deux phrases ci-dessus, on en aurait que deux et on passerait à côté de la féodale, de l’antique, de l’orientale, des passées et des antérieures. Ce qui fait quand même pas mal pour deux phrases de dix lignes. Je signalerai encore à ce fainéant ignare qui se croit très au-dessus du commun des mortels qu’il y a maintenant un petit problème supplémentaire et qui commence sérieusement à me titiller. Outre le fait que tous les traducteurs français, dans ces deux phrases, remplacent « économies féodale, antique, orientale, passées et antérieures » par « sociétés féodale, antique, orientale, passées et antérieures », on peut légitimement se demander pourquoi les staliniens Husson et Badia se permettent de traduire « bürgerliche Ökonomie » par « économie politique bourgeoise ». « Bürgerliche Ökonomie » veut dire « économie bourgeoise », point à la ligne. Et « économie politique » se dit « politische Ökonomie », point à la ligne. Et c’est bien comme ça que Marx l’emploie, dans le titre (Zur Kritik der politischen Ökonomie) et dans le texte. Pourquoi faire dire à Marx « économie politique » quand il dit « économie » tout court. M. Rubel, dans cette Introduction à la critique de l’économie politique traduit systématiquement « bürgerliche Ökonomie » par « économie bourgeoise », sauf une fois où le contexte est criant. C’est ce qu’il y a de plus juste, de plus près du texte et de moins interprété. La fifille Laura, dans sa traduction de 1909, fait de même pour les deux phrases en question mais se permet parfois de rajouter des « politique » que son auguste papa n’y avait pas mis. (Deuxième traduction française du texte, inédit, publié pour la première fois par Kautsky en 1903 dans sa revue Neue Zeit.) Dangeville, pareillement, parsème son texte d’« économie politique » là où il estime que c’est opportun, et là où Marx ne met pas de « politische Ökonomie ». Dans les deux phrases en question il met « économie politique bourgeoise » pour la première et « économie bourgeoise » tout court pour la deuxième. Bizarre, non ? Et en plus il vient d’emmener son secret dans la tombe. Scheissdreck ! Le « regretté Molitor », lui, n’a pas eu le temps de terminer la traduction de cette Introduction avant de casser sa pipe. C’est donc Mme Serelman-Küchler qui a bien voulu le faire à sa place pour les Œuvres complètes de Marx (1954, Paris, Alfred Costes, éditeur). Cette traduction est tellement catastrophique qu’il est préférable de ne pas en parler. Vergiss es, comme dirait l’autre.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #65 on: 06. November 2006 at 18:43 »

 

« Alors, je repose la question : qu’à donc découvert Voyer qui soit véritablement révolutionnaire ? Rien ; ou pas grand chose : presque rien, si on fait abstraction de ce style péremptoire “à l’esbroufe et à l’épate” qui plait tant à ses fidèles. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Après en avoir fini avec l’économie, réduite à néant ; lessivé Debord et son Spectacle auquel il réserve un traitement particulièrement drastique, le voilà à présent* qui corrige d’autorité la grammaire fautive de ce pauvre Marx — sur une traduction : il eut été plus judicieux de se référer au texte allemand — qu’il avait déjà sérieusement éreinté pour cause d’économisme et d’utilitarisme rédhibitoire. »

* Cf. le knock-blot de M. Ripley qui s’amuse comme il peut.

(Captain Nemo, Faut pas pousser la grammaire dans les orties «on: 30. March 2006 at 16:22 »)

 

http://www.xsorbit1.com/users/franckeinstein/index.cgi ?board=Debordelboard&action=display&num=1143714144&start=0

 

Jamais content ce crétin. Un océan de mauvaise fois. Quand Voyer dit que Marx ne comprend pas la grammaire quand il écrit Le Capital (http://perso.orange.fr/leuven/notes_mai_2006.htm#erreur_marx ), Mister Nemo rétorque : « Oui mais Voyer dit ça à partir d’une traduction, il aurait été plus judicieux de consulter le texte allemand. » Et quand je consulte un texte allemand et que je m’aperçois qu’il y a des erreurs de traduction graves en français, M. Nemo, jamais à court d’argument, me balance : « je me contente de le lire [Marx] dans la traduction de Rubel et (ou) Evrard — et bien sûr dans celle de Papaioannou pour les Ecrits de jeunesse — qui sont largement suffisante pour l’“honnête homme ” (…) » L’honnête homme, pffftt, pffftt !

 

Nemo :

Une bonne correction  

« Reply #66 on: 07. November 2006 at 06:50 »

 

La traduction de Marx par Rubel semble trouver grâce au regard d’aigle du perroquet — celle du bon Papa aussi, je suppose. C’est déjà ça, en attendant la sienne. Il n’empêche que Voyer corrigeait — pro domo, évidemment — Marx en français ; alors qu’il loue — pro domo, toujours — Hegel dans le texte. Quand il disposera de la trOuduction fidèle du tOtO, il pourra enfin corriger Marx sur une traduction maison.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #67 on: 07. November 2006 at 11:04 »

 

« La traduction de Marx par Rubel semble trouver grâce au regard d’aigle du perroquet — celle du bon Papa aussi, je suppose. » (Cap’tain Nul)

 

Mister Nullus vous êtes lourd. La traduction de « bürgerlische Ökonomie » par « économie bourgeoise » chez Rubel trouve grâce à mes yeux. La traduction de « économies féodale, antique, orientale, passées et antérieures » par « sociétés féodale, antique, orientale, passées et antérieures » est tout simplement insupportable pour un marxologue aussi patenté. Quand à Kostas, quel dommage qu’il n’ait traduit que les œuvres de jeunesse. J’aurais été bien curieux de voir s’il se serait permis de transformer « économie » en « société » dans les deux phrases de l’Introduction. Comme tous les traducteurs français le font systématiquement depuis la fifille Laura en 1909. Que vive la précision de l’ajusteur-mécanicien !

 

Nemo :

TrOu(re)ducteur : petit fiOn  

« Reply #68 on: 08. November 2006 at 06:32 »

 

« La traduction de “bürgerlische Ökonomie” par “économie bourgeoise” chez Rubel trouve grâce à mes yeux. La traduction de “économies féodale, antique, orientale, passées et antérieures” par “sociétés féodale, antique, orientale, passées et antérieures” est tout simplement insupportable pour un marxologue aussi patenté. »

 

Il faut alors se demander pourquoi « un marxologue aussi patenté » se permet de traduire : économie, par : société. C’est une question que se garde bien de poser le perroquet — il ne peut pas tout faire avec ses petites ailes atrophiées. Si l’on écarte l’incompétence ; et puisqu’il n’y a aucune raison que ce soit de la malveillance, ce ne peut être, de la part d’un traducteur qui possède son sujet, que volonté — critiquable, peut-être, du strict point de vue de la lettre — de bien traduire la pensée de Marx — ce qui implique au minimum de ne pas la trahir.

J’ai une réponse à la fois simple, logique et économe : parce le marxologue patenté sait que pour Marx, il n’y véritablement d’économie que bourgeoise ; même s’il applique les catégories de l’économie politique à d’autres sociétés — ce qu’en toute rigueur il ne devrait pas faire — dans sa démonstration, justement parce qu’il a voulu faire cette critique dans les termes mêmes et selon les catégories de l’économie bourgeoise, pour la battre sur son propre terrain, et montrer ce que cachent ces catégories — qui n’ont rien de neutre.

Ce sont des considérations qui échappent évidemment à un perroquet voyériste habitué à réagir au stimulus dès qu’il voit écrit le mot : économie (vilaine !). Et aussi : pourquoi quelqu’un qui croit de toute façon que Marx réduit toute société à l’économie, vient t-il se plaindre du fait qu’un marxologue patenté traduise : économie, par : société ?

 

Nemo :

Marx / Rubel envers et contre…  

« Reply #69 on: 08. November 2006 at 12:28 »

 

... le perrOquet trOu(ré)ducteur.

 

Le travail est apparemment une catégorie toute simple. De même, l’idée du travail dans cette généralité — en tant que travail tout court — est vieille comme le monde. Et pourtant, saisi dans cette simplicité du point de vue économique, le « travail » est une catégorie tout aussi moderne que les rapports qui font naître cette abstraction simple.

[…]

Cet exemple du travail montre d’une façon frappante que les catégories les plus abstraites elles-mêmes — malgré leur validité (à cause de leur abstraction) pour toutes les époques n’en sont pas moins, dans cette détermination abstraite, tout autant le produit de conditions historiques et n’ont leur pleine validité que pour elles et dans leur limite. / La société bourgeoise est l’organisation historique de la production la plus développé et la plus différenciée qui soit. Les catégories qui expriment ses conditions et la compréhension de sa structure permettent en même temps de comprendre la structure et les rapports de production de tous les types de sociétés disparus […]. L’anatomie de l’homme est une clé pour l’anatomie du singe. […] Ainsi l’économie bourgeoise fournit la clé de l’économie antique, etc. Mais nullement à la manière des économistes qui effacent toutes les différences historiques et voient dans toutes les formes de société la forme bourgeoise. On peut comprendre le tribut, la dîme, etc., quand on connaît la rente foncière ;  mais il ne faut pas les identifier. En outre, comme la société bourgeoise n’est elle-même qu’une forme contradictoire de l’évolution, certains facteurs appartenant à des formations sociales antérieures ne se retrouveront en elle que tout à fait étiolés ou même travestis. Par exemple la propriété communale. Par conséquent, s’il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoises possèdent une certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société, cela ne doit être admis que cum grano salis. Elles peuvent les contenir sous une forme développée, étiolée, caricaturée etc., mais la différence sera toujours essentielle. La prétendue évolution historique repose en général sur le fait que la dernière formation sociale considère les formes passées comme autant d’étapes vers elle-même, et qu’elle les conçoit toujours d’un point de vue partial.

[Introduction générale à la Critique de l’économie politique (1857), p. 258 et suivantes, Economie I, Pléiade]

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #70 on: 08. November 2006 at 18:33 »

 

« Il faut alors se demander pourquoi “un marxologue aussi patenté” se permet de traduire : économie, par : société. (…)ce ne peut être, de la part d’un traducteur qui possède son sujet, que volonté — critiquable, peut-être, du strict point de vue de la lettre — de bien traduire la pensée de Marx — (…) »

(Cap’tain Nul)

 

Volonté de bien traduire la pensée de Marx, évidemment. C’est la même qui devait animer la fifille à son papa en 1909. Volonté que tous les traducteurs qui ont suivi ont copiée comme un seul homme. Pour être marxologue on n’en est pas moins marxiste. Mais on peut se demander alors pourquoi cet honnête traducteur qui possède si bien son sujet et qui traduit si bien la pensée de Marx, à savoir, qu’il n’y a, « d’après Marx », d’économie que bourgeoise, nous donne tout d’un coup : « Ainsi l’économie bourgeoise fournit la clé de l’économie antique, etc. » N’aurait-t-il pas été plus juste de la part de ce traducteur qui possède si bien son sujet et qui sait que pour Marx, il n’y véritablement d’économie que bourgeoise, de dire : « Ainsi l’économie bourgeoise fournit la clé de la société antique, etc. » Cela aurait certes été critiquable du strict point de vue de la lettre, mais l’eut empêché de trahir gravement la pensée de Marx. Rubel social-traître !

 

Mutato nomine, de te fabula narratur.

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #71 on: 08. November 2006 at 19:32 »

 

on 08. November 2006 at 18:33, Toto wrote:

« Ainsi l’économie bourgeoise fournit la clé de l’économie antique, etc. »

 

Alors qu’il fallait évidemment lire : « Ainsi la communication moderne fournit la clé de la communication antique, etc. ». (Révélations...)

Ce qui est assurément plus rigoureux...

 

Kabouli :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #72 on: 08. November 2006 at 22:34 »

 

effectivement....

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #73 on: 10. November 2006 at 18:42 »

 

on 08. November 2006 at 22:34, kabouli wrote:

[effective]ment....

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #74 on: 11. November 2006 at 10:59 »

 

« Die bürgerliche Ökonomie liefert so den Schlüssel zur antiken etc. »

« Ainsi l’économie bourgeoise nous donne la clef de l’antique etc. »

 

Tout le reste n’est que littérature...

 

Nemo :

Cum grano salis...  

« Reply #75 on: 11. November 2006 at 16:59 »

 

« [...] s’il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoises possèdent une certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société, cela ne doit être admis que cum grano salis. »

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #76 on: 11. November 2006 at 20:34 »

 

M. Nemo nous ramène maintenant son petit grain de sel. Je l’attendais celui-là, un peu plus tôt il est vrai mais mieux vaut tard que jamais. En fait Mister Nul nous fait une véritable fixation sur les « catégories » de l’économie bourgeoise. Évidemment que ces « catégories » prêtent à discussion, Marx ne s’en est pas privé, comme on le comprend. Ces catégories possèdent cependant une « certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société ». Pour trouver cette vérité valable pour toutes les autres formes de société Marx se propose de raisonner en dehors de l’économie bourgeoise, de faire la critique de l’économie bourgeoise. Je vais vous dire maintenant ce qu’est réellement l’économie pour Marx. Il suffit de se reporter à la Préface de Zur Ktitik der politischen Ökonomie de 1859, préface que Marx a finalement substitué à son Introduction de 1857.

« Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. »

 

La structure économique de la société, la base concrète. À ce que je sache, d’après Marx, les hommes de l’Antiquité, comme ceux du Moyen Age et ceux de la société moderne avaient une « production sociale de leur existence », ils entraient « en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ». Il y a donc bien, pour Marx, une « structure économique » de la société antique ou féodale. Il est légitime, pour Marx, de parler d’économie féodale, antique et orientale, n’en déplaise à ses traducteurs.

 

« (…) Le changement dans les fondations économiques s’accompagne d’un bouleversement plus ou moins rapide dans tout cet énorme édifice. Quand on considère ces bouleversements, il faut toujours distinguer deux ordres de choses. Il y a le bouleversement matériel des conditions de production économique. On doit le constater dans l’esprit de rigueur des sciences naturelles. Mais il y a aussi les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques philosophiques, bref les formes idéologiques dans lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le poussent jusqu’au bout. »

 

L’esprit de rigueur des sciences naturelles. Bigre !

 

« (…) Réduits à leurs grandes lignes, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne apparaissent comme des époques progressives de la formation économique de la société. Les rapports de production bourgeois sont la dernière forme antagonique du processus social de la production. »

 

La dernière forme et non pas l’unique forme. L’économie bourgeoise nous donne la clé de l’économie antique etc. Où c’est que Mister Nullus ne voit d’économie « que bourgeoise » dans tout ça ? Je vous le demande un peu, beaucoup.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #77 on: 12. November 2006 at 14:23 »

 

Cette « Préface » à la Critique de l’économie politique, Rubel l’appelle « Avant-propos » dans Karl Marx, Philosophie, Gallimard, coll. Folio essais, 1996. Il se fend même d’une petite note pour commenter le texte :

 

« On trouve ici, condensée en deux pages, la théorie exposée dans l’Idéologie allemande, dont Marx va parler plus loin, et qui est également formulée en divers endroits de Misère de la philosophie. — Ce “fil conducteur”, Engels le baptisera plus tard “matérialisme historique” (avril 1892, “Introduction” à Socialism Utopian and Scientific). » (Note1 de la page 490).

 

Voilà ce qu’est le « matérialisme historique » dont l’expression n’est pas de Marx mais qui est le condensé pur et simple de ce que Marx a voulu dire en collaboration avec Engels.

 

Et c’est en écrivant des niaiseries aussi purement marxistes que la thèse 40 de La société du spectacle que l’écriture de Debord se serait portée « aux avant-postes du dépassement du matérialisme historique » pour reprendre les termes de la connasse Bartleby qui pontifie dans le Zinzin littéraire ? Laissez-moi rire. La vérité c’est que Debord ne fait pas avancer les choses d’un millimètre. Debord est un gauchiste un peu moins bête que les autres et qui enrobe son épaisse stupidité marxiste d’un tour hégélien et surréaliste destiné à en foutre plein la vue. Ça a marché, et ça marche encore apparemment. Ça ne marchera pas toujours.

 

Kalhydre :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #78 on: 12. November 2006 at 15:28 »

 

on 12. November 2006 at 14:23, Toto wrote:

Et c’est en écrivant des niaiseries aussi purement marxistes que la thèse 40 de La société du spectacle que l’écriture de Debord se serait portée « aux avant-postes du dépassement du matérialisme historique » pour reprendre les termes de la connasse Bartleby qui pontifie dans le Zinzin littéraire ? Laissez-moi rire. La vérité c’est que Debord ne fait pas avancer les choses d’un millimètre. Debord est un gauchiste un peu moins bête que les autres et qui enrobe son épaisse stupidité marxiste d’un tour hégélien et surréaliste destiné à en foutre plein la vue. Ça a marché, et ça marche encore apparemment. Ça ne marchera pas toujours.

 

C’est « purement marxiste » mais il y a quand même « un tour hégélien et surréaliste ».

Est-ce que j’ai l’air purement marxiste, moi ?

Pure ment, n’est-ce pas.

La survie augmentée, il fallait trouver quand même. C’est purement marxiste mais on a envie de dire que c’est du Marx concentré en une seule thèse. Si on a compris la thèse 40 on a aussi l’impression de ne plus devoir comprendre grand chose chez Marx. Il est là le tour — de force.

De toute façon qui est-ce qui lit vraiment Debord, sans parler de Marx ? Et qui a lu Voyer ?

Bon, assez radoté pour aujourd’hui.

C’était la minute polémique, en direct de l’inutile debordel.

 

El magnifico :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #79 on: 12. November 2006 at 15:59 »

 

Qu’est que nous entendons par richesse ? comment est-elle produite, consommée, de quelle manière est organisée, ou plutôt s’organise sa création et sa distribution ? La richesse de la France d’aujourd’hui n’est pas comparable avec celle du Moyen-age, car il n’y a pas de commune mesure. L’ouvrier chez Renault n’a pas la même représentation et la même pratique de richesse que le sujet d’une société féodale et dans les sociétés fondés sur le don, la richesse est une notion rigoureusement antagoniste à celle de l’échange, comme c’est le cas, par exemple, dans la société traditionnelle kanak. Une enquête sérieuse montrerait d’ailleurs très vite que l’histoire du capitalisme n’a jamais été celle de l’augmentation de la qualité de vie.

« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchanises », disait Marx, et désignait par là que cette richesse fait totalement abstraction du côté sensitif de son usage. Elle est « travail mort », « temps abstrait », elle se constate dans les comptabilités plus que dans la vie empirique car représentée par son fétiche - la monnaie, elle est elle-même son unique objectif. C’est la « survie augmentée » dont parlait Debord qui « ne cesse de contenir la privation ». Et cette « richesse du manque » dont l’usage des biens n’est qu’un effet secondaire de son mouvement, peut être distribuée seulement selon sa propre logique.

Inutile alors de revendiquer une répartition juste des richesses, car il s’agit de transformer la richesse elle-même, d’après des critères directement liés à la vie et non à la « survie augmentée ».

Johannes Vogele, fragment d’une (auto)critique de la gauche politique, économique et alternative.

 

http://www.krisis.org/j-vogele_critique.html

 

Nemo :

Le perrOquet trOu(ré)ducteur…  

« Reply #80 on: 12. November 2006 at 16:29 »

 

... ne comprend rien au sel de l’histoire.

 

Que : « L’anatomie de l’homme est une clé pour l’anatomie du singe. » est évidemment à prendre cum grano salis. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas prendre l’expression au pied de la lettre sans en saisir l’ironie — et prendre le singe pour l’homme qu’il n’est pas, comme un vulgaire perroquet voyériste peut le faire. Comme le dit Marx : « la différence sera toujours essentielle ». Idem, lorsqu’on applique les catégories de l’économie bourgeoise à d’autre types de société ; puisque les catégories de l’économie bourgeoise sont et restent strictement les catégories de la société du capital.

 

Nemo :

Encore un peu de sel…  

« Reply #81 on: 13. November 2006 at 14:05 »

 

... sur la queue du perroquet.

 

« La prétendue évolution historique » pour laquelle « la dernière formation sociale considère les formes passées comme autant d’étapes vers elle-même » : la société du capital, est précisément déconsidérée par la critique de Marx qui, en appliquant rigoureusement les catégories de cette « dernière formation sociale » à toutes les autres sociétés, aboutit — ironie de l’histoire — à la condamnation de celle-ci dont il sape les fondements en en révélant la genèse.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #82 on: 13. November 2006 at 18:17 »

 

« “L’anatomie de l’homme est une clé pour l’anatomie du singe.” est évidemment à prendre cum grano salis. » (Mister Nul)

 

Et l’ontogenèse résume la phylogénèse, c’est à prendre cum grano salis peut-être ? Mister Nul confond le singe et l’homme avec leur anatomie. Et prête à Marx de l’ironie mal placée. Le singe n’est pas l’homme, mais tous les deux ont une anatomie dont l’une nous donne la clef de l’autre. La société bourgeoise n’est pas la société antique, mais toutes les deux ont une économie dont l’une nous donne la clef de l’autre. En quoi le fait que la différence entre A et B soit essentielle empêche-t-il B d’exister ? Si B n’existe pas comment pourrait-il y avoir une différence essentielle entre A et B ?

C’est amusant cette obsession de Mister Nul à essayer de nous persuader que pour Marx il n’y a pas de réalité économique avant le monde bourgeois. Qui l’eut cru ?

« Par conséquent, s’il est vrai que les catégories de l’économie bourgeoises possèdent une certaine vérité valable pour toutes les autres formes de société, cela ne doit être admis que cum grano salis. (…) La prétendue évolution historique repose en général sur le fait que la dernière formation sociale considère les formes passées comme autant d’étapes vers elle-même, et qu’elle les conçoit toujours d’un point de vue partial. La dernière formation sociale est rarement capable — et seulement dans des conditions bien déterminées — de faire sa propre critique. (…) C’est ainsi que l’économie bourgeoise ne parvint à l’intelligence de l’économie féodale, antique, orientale qu’au moment où la société bourgeoise entreprit de se critiquer elle-même. Pour autant que l’économie bourgeoise ne s’est pas purement et simplement identifiée aux économies passées en se fabriquant des mythes, sa critique des économies antérieures, surtout l’économie féodale contre laquelle elle avait encore à lutter directement, fut semblable à la critique dirigée par le christianisme contre le paganisme, ou encore à celle du protestantisme contre le catholicisme. » (Mister Karl)

Il va falloir corriger votre Rubel avec un gros crayon rouge, M. Nemo. Et l’envoyer au piquet avec un bonnet d’âne.

 

« puisque les catégories de l’économie bourgeoise sont et restent strictement les catégories de la société du capital. » (Mister Nul)

 

Sur ce deuxième point je vous répondrai un peu plus tard en appelant Aron à la rescousse.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #83 on: 13. November 2006 at 18:40 »

 

L’économie bourgeoise lutte encore directement avec l’économie féodale. Il s’agit évidemment de la réalité économique bourgeoise luttant encore directement avec la réalité économique féodale. Imagine-t-on l’économie politique bourgeoise luttant encore directement avec l’économie politique féodale ? Ce sont bien les nouveaux rapports de production bourgeois, consécutifs aux nouvelles forces productives, qui luttent encore directement avec les anciens rapports de production féodaux. Le moulin à vapeur remplace le moulin à voile.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #84 on: 13. November 2006 at 20:28 »

 

Raymond Aron, Le marxisme de Marx, Éditions de Fallois, coll. Le Livre de Poche Références, 2002, pp.266-267.

 

[BEGIN]

Une épigraphe noue Le Capital

Je cite encore un autre passage tiré de Misère de la philosophie. Texte classique, essentiel, qui présente, en une formule sommaire, l’interprétation matérialiste de l’histoire. Il a été très souvent cité. Il souligne, sous une autre forme, la même idée, celle de la primauté des forces de production.

« Les catégories économiques ne sont que les expressions théoriques, les abstractions des rapports sociaux de la production. »

Il faut être attentif à cette phrase qu’on pourrait mettre, en épigraphe du Capital. Elle rappelle ce que j’ai expliqué plusieurs fois, à savoir que Marx prépare simultanément la Critique de la réalité économique et la Critique de la science économique. Ces deux critiques sont inséparables l’une de l’autre, puisque la science économique n’est que l’expression théorique de la réalité économique. Aussi continue-t-il avec son amabilité ordinaire :

« Monsieur Proudhon, en vrai philosophe, prenant les choses à l’envers, ne voit dans les rapports réels que les incarnations de ces principes, de ces catégories, qui sommeillaient, nous dit encore Monsieur Proudhon le philosophe, au sein de la “raison impersonnelle de l’humanité” ».

Si nous laissons les gracieusetés, nous pouvons retenir le thème fondamental : les catégories économiques sont l’expression théorique des rapports réels.

Mais qu’est-ce qu’est ce qui est essentiel dans les rapports de production ? Et Marx propose une réponse :

« Les rapports sociaux sont intimement liés aux force productives. En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux. Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain, le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel ».

C’est un passage que l’on a cité indéfiniment et qui s’offre certainement pas l’expression la plus compréhensive du matérialisme historique, mais il s’agit d’une des interprétations possibles : on part des catégories économiques et on les ramène aux rapports de production, on analyse les rapports de production et on les ramène aux forces productives et, finalement, on aboutit à l’une des interprétations possibles, celle qui mettrait l’accent sur la primauté quasi absolue des moyens techniques de production.

[END]

 

« La science économique n’est que l’expression théorique de la réalité économique. » « Les catégories économiques sont l’expression théorique des rapports réels. » Quel con ce Aron ! Incapable d’atteindre les hauteurs abyssales de notre Nullus de service.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #85 on: 14. November 2006 at 17:47 »

 

Une petite note du Capital maintenant. Dans la célèbre Quatrième partie du Chapitre premier de la Première section du Premier livre : « Le caractère fétiche de la marchandise », note 39 de la page 75 de l’édition in the Pocket, du Livre premier du Capital aux Éditions socialiniennes, 1977.

 

39. « Les économistes ont une singulière manière de procéder. Il n’y a pour eux que deux sortes d’institutions, celles de l’art et celles de la nature. Les institutions de la féodalité sont des institutions artificielles, celles de la bourgeoisie sont des institutions naturelles. Ils ressemblent en cela aux théologiens, qui, eux aussi, établissent deux sortes de religions. Toute religion qui n’est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une émanation de Dieu... Ainsi il y a eu de l’histoire, mais il n’y en a plus. » (Karl MARX, Misère de la philosophie. Réponse à la Philosophie de la misère de M. Proudhon, 1847, p. 113.) Le plus drôle est Bastiat, qui se figure que les Grecs et les Romains n’ont vécu que de rapine. Mais quand on vit de rapine pendant plusieurs siècles, il faut pourtant qu’il y ait toujours quelque chose à prendre ou que l’objet des rapines continuelles se renouvelle constamment. Il faut donc croire que les Grecs et les Romains avaient leur genre de production à eux, conséquemment une économie, qui formait la base matérielle de leur société, tout comme l’économie bourgeoise forme la base de la nôtre. [Es scheint daher, daß auch Griechen und Römer einen Produktionsprozeß hatten, also eine Ökonomie, welche ganz so die materielle Grundlage ihrer Welt bildete wie die bürgerliche Ökonomie die der heutigen Welt.] Ou bien Bastiat penserait-il qu’un mode de production fondé sur le travail des esclaves est un système de vol ? Il se place alors sur un terrain dangereux. Quand un géant de la pensée, tel qu’Aristote, a pu se tromper dans son appréciation du travail esclave, pourquoi un nain comme Bastiat serait-il infaillible dans son appréciation du travail salarié ? — Je saisis cette occasion pour dire quelques mots d’une objection qui m’a été faite par un journal allemand-américain à propos de mon ouvrage : Contribution à la critique de l’économie politique, paru en 1859. Suivant lui, mon opinion que le mode déterminé de production et les rapports sociaux qui en découlent, en un mot que la structure économique de la société est la base réelle sur laquelle s’élève ensuite l’édifice juridique et politique, de telle sorte que le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle — suivant lui, cette opinion est juste pour le monde moderne dominé par les intérêts matériels mais non pour le Moyen Age où régnait le catholicisme, ni pour Athènes et Rome où régnait la politique. Tout d’abord, il est étrange qu’il plaise à certaines gens de supposer que quelqu’un ignore ces manières de parler vieillies et usées sur le Moyen Age et l’Antiquité. Ce qui est clair, c’est que ni le premier ne pouvait vivre du catholicisme, ni la seconde de la politique. Les conditions économiques d’alors expliquent au contraire pourquoi là le catholicisme et ici la politique jouaient le rôle principal. La moindre connaissance de l’histoire de la République romaine, par exemple, fait voir que le secret de cette histoire, c’est l’histoire de la propriété foncière. D’un autre côté, personne n’ignore que déjà don Quichotte a eu à se repentir pour avoir cru que la chevalerie errante était compatible avec toutes les formes économiques de la société.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #86 on: 14. November 2006 at 18:29 »

 

« Ein Produktionsprozeß, also eine Ökonomie. » Heil !!!

 

Nemo :

Aron, Aron petit patapon  

« Reply #87 on: 15. November 2006 at 05:50 »

 

C’est curieux cette obsession du perroquet tOtO de vouloir réduire à tout prix Marx à l’économie. Mais ça se comprend quand on sait qu’en réduisant Marx, c’est Voyer, génial inventeur de « l’inexistence de l’économie » qu’il veut grandir.

Marx est certainement resté prisonnier des présupposées utilitaristes de son temps ; mais cela n’en fait pas un « réaliste économique » pour autant. Quand Marx utilise les catégories bourgeoises — qui ne sont que des abstractions — en les appliquant à d’autres réalités sociales, il ne perd jamais de vue leur lieu d’origine et de production ; ni le fait que c’est en tant qu’abstractions qu’elles peuvent s’aplliquer à d’autres sociétés, bien que celle à laquelle elle s’applique strictement est la société bourgeoise. Et quand Marx critique l’economie bourgeoise, il ne critique pas la « réalité économique » (n’en déplaise à Aron), il dénonce l’exploitation capitaliste. Marx ne tombe cependant jamais dans l’erreur d’identifier les différents types de société , même s’il n’evite pas la confusion qui peut résulter de l’usage d’une terminologie identique.

Le perroquet s’est tout de même aperçu que « le singe n’est pas l’homme » ; c’est déjà ça. Mais, ce qui le dérange, c’est que Marx fasse de l’anatomie de l’un la clé de celle de l’autre : c’est comme si il forcait une serrure avec une fausse clé. C’est vrai que Marx force un peu ; il n’empêche qu’il réussit avec sa clé bricolée à ouvrir une porte restée fermée jusque-là et à montrer ce qu’il y a derrière. Ce n’est pas un petit fion voyériste qui prétend lui faire la leçon qui réussira à la refermer ; on peut toujours y aller voir avec profit, si l’on veut se renseigner sur la réalité du capitalisme — dont l’économie n’est que l’expression intéressée.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #88 on: 15. November 2006 at 10:45 »

 

C’est extrêmement curieux en effet. M. Nemo pense que Marx ne tombe pas dans l’erreur, mais qu’il est confus dans sa formulation. Moi qui croyait que ce qui se conçoit clairement s’énonce aisément. Mister Nullus voit de l’ironie chez Marx là où elle n’a pas lieux d’être. Par contre il n’a pas vu la profonde ironie de la note 39. En fait ce que Marx veut dire c’est que plus bête que Say on a Bastiat. On pourrait penser qu’après ça, plus bête que Bastiat tu meurs. Mais, en fait, cent fois plus con que Bastiat on a encore Nemo. Qui ne meurt pas pour autant car il y a belle lurette que le ridicule ne tue plus.

 

C. Knife :

La leçon du prophète  

« Reply #89 on: 15. November 2006 at 11:17 »

 

Nemo fait la leçon à Marx, pour la plus grande joie d’El Cretino :

 

« J’ai une réponse à la fois simple, logique et économe: parce le marxologue patenté sait que pour Marx, il n’y véritablement d’économie que bourgeoise ; même s’il applique les catégories de l’économie politique à d’autres sociétés — ce qu’en toute rigueur il ne devrait pas faire — dans sa démonstration, justement parce qu’il a voulu faire cette critique dans les termes mêmes et selon les catégories de l’économie bourgeoise, pour la battre sur son propre terrain, et montrer ce que cachent ces catégories — qui n’ont rien de neutre. » (Nemo Philippulus)

 

Marx a manqué de rigueur pour notre Nemo Philippulus. Marx n’avait pas à appliquer les catégories de l’économie politique à d’autre sociétés nous dit-il, frappant violemment sur son gong. Nemo Philippulus sait que pour Marx « il n’y véritablement d’économie que bourgeoise », pour rajouter plus loin : « même s’il n’evite pas la confusion qui peut résulter de l’usage d’une terminologie identique ».

Heureusement que le gong de Nemo Philippulus est là pour nous sortir de notre torpeur. Marx était confus et de plus, il manquait de rigueur, c’est Nemo Philippulus qui nous l’affirme. Dong !

Il y a quand même quelque chose qui force le respect chez notre prophète : c’est sa faculté à enfiler des perles tout en frappant inlassablement son gong.

Et c’est ainsi que Debord est grand et Nemo Philippulus son prophète.

Dong !

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #90 on: 15. November 2006 at 19:05 »

 

 

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

 

Nemo :

Un perroquet sur Marx : …  

« Reply #91 on: 16. November 2006 at 18:42 »

 

... c’est plein de méchante économie partout !

 

Le perroquet tOtO aime bien recopier Marx pour montrer quel affreux maniaque de l’économie il était — depuis qu’il sait que : « l’économie n’existe pas », il trouve ça très vilain. Mais il montre surtout qu’il n’est qu’un petit fion voyériste tout émoustillé de faire la leçon à Marx — dont il faut évidemment préférer la leçon à celle du petit fion merdeux.

Ainsi de son dernier recopiage à charge. Que je décharge donc. Marx part du principe que c’est ce que font les hommes qui détermine leur pensée. C’est donc le capitalisme industriel et marchand qui détermine la pensée économique. Pour le matérialiste Marx, ce n’est évidemment pas la pensée économique qui peut constituer la « base matérielle » de cette société. Comme dans toute société, c’est ce que font les hommes et la manière dont il le font qui constitue cette « base matérielle », qui elle-même détermine la pensée. Ainsi la pensée économique est la pensée de la société qui la produit. Aussi, quand Marx parle d’« une économie qui formerait la base matérielle », il commet au pire un abus de langage ; mais on n’en comprend pas moins ce qu’il veut dire. A savoir, en l’occurrence : que l’activité des Grecs et des Romains (leur production dans le langage de l’économie) détermine leur pensée, comme l’activité des capitalistes — c’est-à-dire des prolétaires qu’il faut faire travailler — détermine la pensée économique. Cette « opinion », comme le dit Marx, n’est donc pas seulement valable pour le monde moderne, mais aussi pour l’ancien : Grecs, Romains, etc. Je ne vois pas ce qu’on peut trouver à y redire.

Il faut ajouter que toute proposition vraie se caractérisant par le fait que l’inverse l’est aussi, celle de Marx selon laquelle c’est ce que font les hommes qui détermine leur pensée, est réversible ; c’est aussi bien la pensée des hommes qui détermine ce qu’il font.

P.-S. Je conseillerais au perroquet de ranger son second couteau sans lame qui raisonne comme un manche de pioche, c’est un outil superfétatoire : un scanner suffit.

 

Anonymous :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #92 on: 16. November 2006 at 21:23 »

 

on 15. November 2006 at 19:05, Toto wrote:

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

 

Laissez-moi deviner...

Un adepte de Jean-Pierre Voyer à propos de la communication ?  

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #93 on: 16. November 2006 at 22:55 »

 

Abus de langage maintenant ! Pauvre Marx ! Qu’est-ce qu’il déguste ! « Mais on n’en comprend pas moins ce qu’il veut dire »… Mouais. En fait c’est Nemo qui pratique une simplification abusive de ce que Marx dit. Quelle platitude dans ce « ce que font les hommes » ! Il ne s’agit pas, pour Marx, de dire simplement ce que les hommes « font » mais il s’agit de la « production sociale de leur existence ». C’est quand même un peu plus précis. Et un peu mieux écrit. Marx n’était pas un écrivain à la manque.

« Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » (Avant propos de la Critique de l’économie politique, 1859.)

Ce n’est donc pas simplement ce que « font les hommes » et « la manière dont il le font » qui constitue la base matérielle, comme l’écrit le stupide Nullus d’une manière très inélégante, mais la « production sociale de leur existence » dans laquelle ils nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants, l’ensemble de ces rapports formant la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique.

Ce que Marx conçoit bien, il l’énonce clairement et les bons mots pour le dire lui arrivent aisément. La confusion dans laquelle Mister Nul baigne pour essayer de se convaincre lui-même de ses sornettes fait qu’il écrit comme un gamin de CM2 peinant sur sa rédaction. Mutato nomine, de te fabula narratur.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #94 on: 16. November 2006 at 22:59 »

 

Je n’ai même pas besoin d’un scanner, triste con. Un simple copier-coller dans marxists.org et le tour est joué, en Français, en Allemand, en Anglais et même en Hébreu. Aussi parano et aussi con qu’un téléo. Bravo !

 

Nemo :

Simone Toto critique de Marx  

« Reply #95 on: 17. November 2006 at 07:42 »

 

[…] Devenu révolutionnaire dans sa jeunesse par idéalisme et humanisme, Marx tenta plus tard d’« élaborer une méthode pour l’étude des sociétés humaines », si bien que son apport à la pensée sociale est double : celui du jeune chercheur qui aperçu une « formule nouvelle de l’idéal social » et celui du savant mûr qui inventa la « formule neuve ou partiellement neuve d’une méthode dans l’interprétation de l’histoire ». Cédant à un raisonnement où l’on devine l’angoisse d’une expérience tragique, Simone Toto formule une critique qui, à travers et au-delà de l’œuvre de Marx, va droit au cœur du marxisme : « Par malheur répugnant, comme tous les caractères forts, à laisser subsister en lui deux hommes, le révolutionnaire et le savant, répugnant aussi à l’espèce d’hypocrisie qu’implique l’adhésion à à un idéal non accompagné d’action, trop peu scrupuleux d’ailleurs à l’égard de sa propre pensée, il a tenu à faire de sa méthode un instrument pour prédire un avenir conforme à ses vœux. A cet effet, il lui a fallu donner un coup de pousse à la méthode et à l’idéal, les déformer l’une et l’autre. Dans le relâchement de sa pensée qui a permis de telles déformations, il s’est laissé aller, lui le non-conformiste, à une conformité inconsciente avec les superstitions les moins fondées de son époque, le culte de la production, le culte de la grande industrie, la croyance aveugle au progrès. Il a porté ainsi un tort grave, durable, peut-être irréparable, en tout cas difficile à réparer, à la fois à l’esprit scientifique et à l’esprit révolutionnaire. » / Jamais critique n’avait exprimé en un langage transparent et empreint de subjectivité communicative le problème que tout lecteur sérieux, aux prise avec la société de son époque, ne peut manquer d’affronter ; jamais, reconnaissons-le, pareil jugement négatif sur l’ambiguïté d’une œuvre multiple n’a autant condamné son auteur à ignorer la raison de cette ambiguïté. En vérité, Simone Toto n’oppose à Marx rien qu’il n’ai lui-même aperçu ; car si les malheurs du travail industriel, les contraintes de la société politique, les effets corrupteurs de l’idéologie dominante sont réellement la condition de cette révolution libératrice dont Marx à certes prédit la venue, cette condition matérielle est subordonnée à une autre : le comportement moral et intellectuel des victimes du capital et de l’Etat, en un mot, l’acceptation consciente d’une « tâche historique ». […]

[Marx critique du marxisme, Maximilien Rubel, p. 516, 517]

 

P.-S. : Il ne faut évidemment pas lire : Simone Toto, dans le titre et dans le texte ; mais bien Simone W***, auteur d’Oppression et Liberté (d’où est tirée la citation de Rubel) ; victime, — c’est amusant en l’occurrence — de la censure d’un logiciel « intelligent ».

 

le public :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #96 on: 17. November 2006 at 07:59 »

 

on 16. November 2006 at 21:23, Anonymous wrote:

Laissez-moi deviner...

Un adepte de Jean-Pierre Voyer à propos de la communication ?  

 

n’est-ce pas JP Voyer lui meme qui mis trente ans a formuler ce qu’il avait comprit ?

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #97 on: 17. November 2006 at 08:59 »

 

Pour faire du Rubel, il n’y a pas besoin de scanner non plus. Un simple copier-coller des Éditions socialiniennes dans marxists.org, suivi d’une correction des modifications mineures que fait M. Rubel, suffit amplement. Le Marx de Rubel n’est pas différent du Marx de Bottigelli ou du Marx de Husson et Badia. Là où Marx dit « économie » Rubel reprend « société » comme si de rien n’était.

M. Aron nous l’avait pourtant bien dit : « Bonne traduction [Celle de Bottigelli]., faite avec grand soin, comportant une explication des termes employés, et ayant adopté un vocabulaire bien défini et constant, ce qui est la condition première d’une bonne traduction. » (…) « On peut, à mon avis, formuler deux reproches à l’égard de cette traduction [Celle de Molitor]. [Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux.] Si Marx emploie le même mot, le traducteur doit l’imiter parce que cette répétition ne signifie pas que, lorsqu’un auteur emploie le même mot pour qualifier la conscience et la réalité, le traducteur s’arroge le droit d’employer deux mots différents. La répétition du mot est fondamentale et l’essentiel de la signification se perd si on emploie deux termes distincts. (…) Or dans la discussion de Hegel et Marx, si l’on ne commence pas par disposer d’un vocabulaire rigoureux et par expliquer quels mots l’on choisit pour traduire tels mots allemands, personne ne peut plus comprendre ce que signifie la discussion »

Il est de bon ton dans les milieux snobs pro-situ de considérer la traduction de Rubel comme étant supérieure aux traductions précédentes. « Suffisante pour l’honnête homme » nous dit le Nullus dans le style pompeux et pompant à la Debord. Il faudrait encore le justifier par des exemples précis au lieu de l’annoncer à l’esbroufe et à l’épate-gauchiste. Mais a-t-on jamais vu un debordien se croire obligé de justifier quoi que ce soit. Il est au-dessus de ça. L’affirmation péremptoire est sa marque de fabrique. Il se prend pour un Übermensch.

 

Toto :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #98 on: 17. November 2006 at 09:07 »

 

Un vocabulaire rigoureux, comme par exemple remplacer « la production sociale de leur existence correspondant à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles » par « ce que les hommes font et la manière dont il le font ». Pauvre con.

 

SMEisenstein :

Re: Foucault, Veyne–Fragments  

« Reply #99 on: 17. November 2006 at 10:45 »

 

on 17. November 2006 at 09:07, Toto wrote:

Un vocabulaire rigoureux, comme par exemple remplacer « la production sociale de leur existence correspondant à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles » par « ce que les hommes font et la manière dont il le font ». Pauvre con.

 

On aimerait effectivement que tous les théoriciens fassent preuve de la rigueur que vous exigez. Qu’ils ne remplacent pas communication par richesse puis par principe du monde puis par division du travail puis...