Table des matières

 

2. Parfaite opportunité du Tapin de Paris

 

 

 

La théorie n’a pas à concevoir un autre monde. Elle doit seulement exiger que celui-ci finisse et elle doit l’exiger théoriquement. Aucune époque n’a jamais commencé avec la théorie mais au contraire toutes finissent avec elle. Si toutes les époques finissent avec la théorie, ce n’est pas parce que la théorie aurait à elle seule le pouvoir de renverser un monde mais parce qu’elle exige ce renversement au nom d’un nouveau monde plus puissant que l’ancien. Et si aucune époque ne commence avec la théorie, c’est parce que celle-ci n’est en aucun cas théorie de la nouvelle époque mais seulement exigence de la fin de l’ancienne au nom de la nouvelle. Quand cette fin est accomplie, la tâche de la théorie est aussi accomplie. La théorie n’est pas un moment du vrai en ce qu’elle serait la théorie de ce vrai mais seulement en ce qu’elle est, au nom de ce vrai, l’exigence de la fin d’un monde faux. Le but de la théorie n’est donc pas de dire au monde ce qu’il doit faire. Toute théorie qui prétend cela est nécessairement une imposture du type social-démocrate ou léniniste. Le but de la théorie est beaucoup plus modestement de dire au monde ce qu’il fait. Cette modeste tâche publicitaire lui suffit. C’est seulement quand le monde sait ce qu’il fait qu’il peut cesser de le faire seulement comme il le fait. Aussi, plutôt que de dire au monde ce qu’il doit faire, la théorie, dans le meilleur des cas, donne au monde le moyen de cesser de faire ce qu’il fait. La théorie a pour but de donner une forme immédiatement critiquable à tout ce qui existe. Mais si la théorie a pour but de donner au monde une forme immédiatement critiquable, en aucun cas elle ne peut prétendre être elle-même cette forme, en aucun cas elle ne peut avoir l’impudence de prétendre être elle-même un monde. Mais si, bien que n’étant pas cette forme immédiatement critiquable du monde, la théorie contribue de manière déflagrante à la constitution de cette forme, c’est seulement parce que, dans un monde qui a pour base la communication bien que cette communication soit absolument aliénée, elle est, en tant que simple idée d’un monde et comme toutes les idées, immédiatement communicable. Si une théorie critique du monde est nécessairement une conscience du monde dans le monde, elle ne peut en aucun cas prétendre être la conscience de soi du monde. C’est au monde lui-même et à lui seul qu’il appartient de donner au monde une forme de monde conscient de soi. C’est au monde seul qu’il appartient de donner au monde une forme de monde et le monde seul est capable de prendre une forme de monde. Aucune pensée ne le peut. Le monde a pour but de devenir un monde immédiatement critiquable, un monde conscient de soi, un monde théoricien et non pas un monde théorique, une simple idée de monde et le monde d’une simple idée. Enfin, si la théorie critique dit au monde ce qu’il fait en critiquant un monde et la théorie dominante de ce monde, c’est seulement parce que le monde est en train de critiquer pratiquement lui-même ce monde, mais sous une forme non nécessairement communicable. Une théorie critique du monde ne peut pas prétendre être plus vraie que ne l’est le monde lui-même, plus vraie que ne l’est la partie la plus vraie de ce monde. Il faut être un petit prof de gauche ou un petit con d’étudiant gauchiste pour croire le contraire, on sait pourquoi. Tout ce que peut espérer la théorie critique du monde est d’être autant dans la pensée que ce qui est le plus vrai dans le monde est dans le monde. Aussi, la théorie n’a pas à être jugée sur sa capacité à concevoir un monde mais seulement sur sa capacité à donner une forme publiable à ce que conçoit un monde.

Aussi comme tout théoricien, et quoi qu’il veuille, Marx n’a pu dire, au mieux, au monde que ce que le monde faisait et non pas ce que le monde devait faire. Au mieux, donc, la théorie de Marx n’est pas plus fausse que ne le fut son époque. C’est seulement sur cela qu’il faut la juger. N’a-t-elle pas été plus fausse ou bien a-t-elle été plus fausse que son époque ? Mais en aucun cas elle ne saurait l’avoir été moins. Il faut être un petit prof de gauche ou un petit con d’étudiant gauchiste pour le croire, on sait pourquoi. Les faiblesses de la théorie de Marx, dans le cas où Marx a été autant que son époque, ne sont que les faiblesses du monde de Marx et, dans ce cas, Marx a autant de motif de se plaindre de son parti et de sa dure époque que ce parti et cette époque en ont de se plaindre de lui. Dans ce cas, ce parti et cette époque ont eu le Marx qu’ils méritaient. Le tort radical des masses vaincues est aussi bien, dans ce cas, le tort radical de la théorie de ces masses. Et précisément, puisque personne jamais n’a critiqué Marx, personne n’a dit le tort radical de la théorie de ces masses. La théorie de ces masses ne saurait avoir raison quand ces masses ont tort. Il faut être une salope social-démocrate ou léniniste pour prétendre le contraire, on sait pourquoi. Il se peut que le monde de Marx ait voulu plus que ne voulut Marx et l’ait toujours ignoré mais il ne se peut, en aucun cas, que Marx ait voulu plus et mieux que ne voulait son monde. Il se peut que le monde de Marx ait à en remontrer à Marx mais il ne se peut en aucun cas que Marx ait à en remontrer à son monde.

Ce sont seulement ceux qui prétendent que la théorie doit concevoir un nouveau monde, que la théorie doit dire au monde ce qu’il doit faire et être, on sait maintenant pourquoi, qui prétendent que Marx avait pour but de concevoir un monde et de l’imposer, qui osent demander des comptes à Marx sur cette conception d’un monde nouveau à laquelle Marx s’est toujours obstinément et violemment refusé. Marx a seulement voulu concevoir ce qui dans ce monde implique sa disparition. Nous n’avons nous-mêmes pas d’autre but. Et c’est seulement sur l’insuffisance de sa conception du négatif que nous entendons tenter de juger Marx.

Ce sont seulement ceux qui, on sait maintenant dans quels buts inavouables et pour satisfaire quelle basse ambition, ont tout fait pour que la pensée de Marx ne soit pas critiquée, ne s’épargnant pour cela aucun mensonge, aucune vilenie, aucune falsification, ce sont seulement ceux qui ont tout fait pour persuader le monde entier que dans un monde faux une pensée pouvait être absolument juste, que la théorie pouvait être plus que le monde, que la théorie pouvait avoir raison quand les masses avaient tort, que la révolution prolétarienne pouvait très bien consister le cas échéant à ouvrir le feu sur les prolétaires, ce sont ceux-là seulement qui peuvent imputer comme un crime le fait d’être fausse pour une pensée. Ce sont ceux-là seulement qui peuvent aussi reprocher à Marx d’avoir prétendu que dans un monde faux une pensée pouvait être absolument juste, que la théorie pouvait être plus que le monde, que la théorie pouvait avoir raison quand les masses avaient tort, que la révolution prolétarienne pouvait très bien consister le cas échéant à ouvrir le feu sur les prolétaires. Or, d’abord Marx n’a jamais prétendu ce genre de chose, ensuite, quand bien même l’eût-il prétendu, rien n’obligeait les putes intellectuelles et leurs maîtres à le croire, rien sinon les places honteuses qu’ils occupaient ou qu’ils convoitaient dans le monde. Nombreux sont les révolutionnaires qui se sont réclamés de Marx tout en s’opposant fermement à ceux qui prétendaient que dans un monde faux une pensée pouvait être absolument juste, que la théorie pouvait être plus que le monde, que la théorie pouvait avoir raison quand les masses avaient tort, que la révolution prolétarienne pouvait très bien consister le cas échéant à ouvrir le feu sur les prolétaires. Ce sont seulement ceux qui ont applaudi à tant de crimes commis au nom de Marx qui peuvent aujourd’hui reprocher à Marx d’être la cause de tous ces crimes. Le fait que les putes intellectuelles de gauche n’aient jamais critiqué la pensée de Marx et surtout aient pris tant de peine pour ne pas la critiquer et qu’elle ne soit pas critiquée ne prouve pas, comme l’affirment effrontément certaines d’entre elles, que Marx ait tout fait pour que sa pensée ne soit pas critiquée, que Marx ne voulait pas que sa pensée soit critiquée, que Marx ne destinait pas sa pensée à la critique, que Marx voulait tromper le monde ou même qu’il put le tromper sans le vouloir, mais prouve seulement que les putes intellectuelles de gauche étaient des putes intellectuelles, prouve seulement que tout ce que pouvaient faire et dire les putes intellectuelles de gauche était strictement déterminé par les places qu’elles occupaient dans le monde et par les places qu’elles convoitaient dans le monde. Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’une pensée qui ait été capable d’assurer elle-même sa non-critique, d’une pensée qui ait été capable d’établir elle-même une dictature dans la théorie sans le secours d’une police et sans le secours de putes intellectuelles. Même le roi de Prusse et sa police n’ont pu empêcher que la pensée de Hegel ne soit critiquée moins de dix ans après sa mort. Mais à l’époque il n’y avait pas encore de petits profs de gauche. La corporation n’en avait pas encore été inventée par le monde. Et ce n’est quand même pas Marx et sa terrible pensée qui ont inventé cette corporation dans laquelle se recrutent la plupart des putes intellectuelles de gauche. Il faut bien comprendre que lorsque les néo-putes intellectuelles parlent, en apparence, du « savoir » qui à leurs yeux porte tous les maux du monde, elles parlent en fait de la police. Elles désignent par « savoir » les ordres qu’elles prenaient auprès de leurs maîtres et tout le monde sait que le « savoir » de Staline ou le « savoir » de Mao ne pouvaient rien sans la police de Staline ou la police de Mao. C’est d’ailleurs pourquoi les petits cons gauchistes privés dans notre heureux pays du secours de ces polices, n’ont jamais été rien d’autre que ridicules et ignobles, des bureaucrates de papier. Les néo-analphabètes gauchistes, ces étudiants d’une université en décomposition, ne parlaient pas au nom d’un « savoir », comme ils aiment à le dire plaisamment, mais au nom des plus puissantes polices du monde. Maintenant, le fait que des putes intellectuelles et leurs maîtres se soient emparés de la pensée de Marx ne prouve pas, comme l’affirment avec une effronterie sans borne une partie de la racaille léniniste déçue dans ses espoirs léninistes, que la pensée de Marx était destinée à des dictateurs et à leurs putes intellectuelles, mais prouve simplement que les putes intellectuelles étaient des putes intellectuelles et qu’elles le sont toujours. De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, des putes intellectuelles ne font pas le jugement du monde. Déjà le fait que pendant le même temps, les situationnistes, entre autres révolutionnaires, aient quand même pu se saisir de la pensée de Marx pour faire exactement le contraire que les putes intellectuelles prouve suffisamment que cette pensée est une pensée révolutionnaire. Mais ceci n’est encore rien. De même que c’est la critique de Hegel encore plus que sa théorie qui montra à quel point la pensée de Hegel était révolutionnaire et dangereuse pour ce monde, la critique de Marx est seule capable de révéler tout le potentiel révolutionnaire de sa pensée. Si des putes intellectuelles et leurs maîtres ont pu s’emparer de la pensée de Marx c’est 1) que ceux que Marx avait expressément désignés comme seuls capables de critiquer sa pensée avaient été anéantis ou n’avaient pas su triompher, 2) que la pensée de Marx était effectivement la pensée de ceux-là, de ce parti, c’est-à-dire la pensée dont devaient précisément s’emparer ceux qui voulaient vaincre ce parti. C’est justement parce que la pensée de Marx était la pensée de son époque, pour le meilleur et pour le pire, qu’il fallait que l’ennemi se rendît maître de cette pensée-là et non d’une pensée de troisième ordre. C’est justement à cause du danger que représentait pour lui la critique de cette pensée qu’il était vital pour l’ennemi d’interdire coûte que coûte cette critique. Cette critique n’a toujours pas eu lieu. C’est toujours la tâche de ceux que Marx désignait expressément comme les seuls capables de le critiquer. Ce sont eux, et personne d’autre, qui feront cette critique, qui feront donc servir enfin la pensée de Marx à ce à quoi Marx l’avait destinée. Contrairement à ce que dit Kostas Papaioannou dans la préface de son excellente anthologie, Marx n’est pas devenu aussi méconnaissable que Glaucus le marin. En dépit de tous les efforts de la racaille de gauche les écrits restent, les salopes s’envolent.

Puisque la critique de Hegel se révéla plus nuisible pour ce monde que la théorie de Hegel elle-même, l’ennemi redoute à juste titre que la critique de la théorie de Marx ne se révèle encore plus nuisible pour lui que ne le fut la théorie elle-même. Toute la question est là : c’est seulement parce que l’ennemi sait parfaitement que ni Marx ni Hegel n’ont fini de nuire — et que d’autres ont à peine commencé — qu’il met tant de soin à empêcher leur critique. Et c’est bien évidemment seulement parce que cette critique n’est pas faite, ni même seulement commencée, que la question de son empêchement se pose encore pour l’ennemi. Aussi, si certains membres de notre parti sont tentés de penser qu’après tout la pseudo-critique putassière de Marx a du bon parce qu’elle est aussi la dénonciation par certaines putes intellectuelles de la putasserie de leurs collègues moins prompts au recyclement et qu’en quelque sorte ce monde a la critique qu’il mérite, il ne faut pas qu’ils arrêtent là leur raisonnement : d’une part la dénonciation spectaculaire d’une putasserie intellectuelle aujourd’hui bien démodée par l’histoire réelle du monde est la tentative d’installation d’une nouvelle putasserie intellectuelle plus adaptée aux nouvelles conditions et d’autre part c’est aussi le genre de critique qu’a su mériter notre parti puisque c’est seulement parce que personne de ce parti n’a jamais critiqué Marx que la contribution à l’empêchement de cette critique constitue encore un emploi possible pour les valets intellectuels. Après avoir vainement espéré, dans leur ancien emploi gauchiste et parce que Staline, Mao et leurs polices le leur garantissaient, que l’on pourrait parler toujours de Marx sans jamais devoir le critiquer, les salopes gauchistes pseudo-repenties espèrent aujourd’hui dans leur nouvel emploi, privées de l’appui de Staline et de Mao et face au relèvement de notre parti, que l’on va pouvoir cesser d’en parler sans devoir pour autant le critiquer réellement, qu’on pourra donc en finir avec Marx avant même d’avoir commencé sa critique. Elles montrent ainsi que la pensée de Marx leur importe peu, ce qu’on savait déjà, mais seulement sa non-critique qui justifie leur emploi et leur promotion. Elles confirment aussi par cet acharnement dans la falsification combien elles — leurs nouveaux maîtres plutôt — redoutent la critique de Marx, combien sa pensée est donc celle de notre parti. Les nouveaux maîtres des néo-putes intellectuelles n’ont cure de la critique de la « pensée » de Hitler, de Mussolini ou de Shri Aurobindo. Il est à remarquer en passant que les néo-putes ne redoutent rien du tout si ce n’est de ne plus avoir de places honteuses dans ce monde. Ce sont leurs maîtres qui redoutent et qui leur donnent ces places selon le talent qu’elles montrent à putasser sur la question du jour. La honteuse pantalonnade de la pseudo-critique de Marx par les putes intellectuelles gauchistes pseudo-repenties est une dernière tentative pour maintenir le mystère sur ce qui est réellement critiquable, sur ce qui est réellement en jeu dans la pensée de Marx, sur ce qui fait que cette pensée est la pensée de son époque, pour le meilleur et pour le pire. S’il est bon que la merde vidange la merde, s’il est bon que des putes intellectuelles vidangent d’autres putes intellectuelles moins promptement recyclées, il n’est pas bon que des putes intellectuelles puissent faire croire, dans un dernier coup de bluff, que leur fin ignominieuse d’admiratrices des plus puissantes polices du monde soit aussi la fin de Marx, c’est-à-dire la fin de la critique de Marx. Il n’est pas bon non plus qu’une infamie passée puisse ne rendre de compte qu’à une infamie présente, puisse donc ne rendre de compte qu’à elle-même, simple affaire de famille, simple question de savoir qui va remplacer, devant la menaçante pression de l’histoire réelle, les générations démodées dans l’infamie intellectuelle. En fait, c’est seulement la fin de leur falsification de Marx qui commence. C’est seulement la fin de leurs anciens protecteurs qui commence. L’ignominie mondialement révélée de ces protecteurs n’est pas la révélation de l’ignominie de Marx comme voudraient le faire croire, on sait maintenant pourquoi, les putes intellectuelles pseudo-repenties, mais seulement la révélation de l’ignominie des admirateurs de ces polices. Et leur pseudo-critique de Marx aujourd’hui est aussi peu une critique de Marx que leur gauchisme ne fut autrefois une critique de Staline. Et les raisons qui président aujourd’hui à leur pseudo-critique de Marx sont aussi honteuses et inavouables que celles qui présidaient à leur gauchisme autrefois. Et ce sont les places qu’elles occupent aujourd’hui, la facilité et la promptitude avec laquelle elles se sont consolées de leurs désillusions gauchistes avec un monde qu’elles affectaient de tant mépriser il y a peu, qui constituent la vérité de leurs poses révolutionnaires passées : voilà de bien gentils jeunes gens. De même que la marche se prouve en marchant, la seule manière de prouver cela est justement de commencer enfin avec la critique de Marx. Cette critique n’est d’ailleurs pas nécessaire pour simplement défendre Marx contre ses vils insulteurs. Il suffit pour cela, comme nous l’avons fait dans Le Tapin de Paris, de montrer qui insulte Marx et pourquoi. Mais la meilleure façon de défendre Marx contre ses insulteurs immondes est encore de le critiquer. Ceux-ci, incapables de déceler les carences réelles de la pensée de Marx, on sait aujourd’hui pourquoi, sont donc bien obligés de lui prêter leur propre vilenie d’intellectuels soumis. On réduit donc à néant leurs obscènes prétentions en montrant quelles sont les carences réelles de la pensée de Marx. Marx a fait suffisamment d’erreurs théoriques réelles pour qu’il ne soit pas nécessaire de lui en inventer de mélodramatiques, sauf si on est une pute intellectuelle. Le recyclage précipité des putes intellectuelles gauchistes est aussi la fin de l’ère honteuse des putes intellectuelles de gauche en général car, tandis que l’avènement de cette ère eut pour cause l’écrasement de notre parti, ce recyclage précipité a pour cause directe son relèvement. Il n’y a pas de fumée sans feu. Si les putes intellectuelles pseudo-repenties se soucient soudain de singer la critique de Marx c’est parce que ce monde est gros non seulement de cette critique mais de la critique du monde qui l’empêcha. La volaille qui sent venir l’orage caquète éperdument. Et le succès des putes intellectuelles gauchistes pseudo-repenties n’est pas dû, comme le proclament rageusement leurs concurrentes malheureuses, à une habile promotion des ventes. Les néo-putes intellectuelles sont les putes intellectuelles qui ont le plus de succès parce que ce sont les meilleures. Et elles sont les meilleures parce qu’elles s’attaquent, contrairement à leurs collègues attardées, à ce qui est mis en jeu par l’histoire elle-même. Les néo-putes intellectuelles sont les meilleures parce qu’elles répondent à un besoin réel du public. Pour le falsifier évidemment.

En désapprouvant Le Tapin de Paris, non pour les défauts réels que celui-ci ne saurait manquer de présenter, mais pour les motifs fallacieux qu’il expose dans sa lettre et que nous avons tous réfutés, notre correspondant ne fait que traduire en fait son propre désarmement sur la question que falsifient les néo-putes intellectuelles. Pour voir l’opportunité de la publication du Tapin de Paris, sous réserve de ses inévitables insuffisances, il faut voir l’opportunité de la critique réelle de Marx. Cette question de la critique de Marx est justement celle non résolue, pour différentes raisons, par le parti auquel nous nous honorons d’appartenir et sa non-résolution est justement ce qui à la fois rend nécessaire et permet à l’ennemi de s’aventurer avec tant d’insolence sur ce terrain. Il appert que c’est justement la question sur laquelle la confusion est totale dans notre parti comme en témoigne cet incident à propos de la publication du Tapin de Paris, que c’est cette confusion qu’entretient et qu’exploite l’ennemi, que c’est elle qui permet à une infamie comme le pseudo-repentir des putes intellectuelles gauchistes d’exister et qu’il n’y avait donc aucun risque que Le Tapin de Paris puisse ajouter quoi que ce soit à une confusion qui est déjà totale.

 

Chapitre 3